Culture

L’Œil du monde, de Pascal Dethurens (L'Atelier contemporain)

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 19 janvier 2019 à 12 h 30 min – Mis à jour le 19 janvier 2019 à 20 h 07 min

images de la fenêtre dans la littérature et la peinture occidentales (L’Atelier contemporain, 2018)

« Si les fenêtres de la perception étaient nettoyées, écrit William Blake, chaque chose apparaîtrait à l’homme – ainsi qu’elle est – infinie. » La fenêtre ‘ouverture sur le monde’ est un angle ni original, ni récent comme en témoigne la belle bibliographie sélective proposée par l’auteur à la fin de son ouvrage. Pascal Dethurens avec une érudition stimulante relève le défi en montrant qu’ écrivains et peintres ont été de tous temps stimulés pour transcender cette « forme-sens », métaphore de « l’œil du monde ».

La fenêtre fixe la croyance que le sens de la vie est ailleurs.

Le mérite de l’essai polyphonique est de croiser l’univers des mots et des images, de décloisonner les genres pour mieux souligner les liens et les correspondances, et les éclairer mutuellement. Ainsi près d’une centaine sont appelés : Leiris, Yourcenar, Shakespeare, Rilke côtoient Vermeer, Friedrich, Matisse, Hopper…

Le récit qui ne cherche pas l’exhaustivité mais le sens, se débarrasse de la chronologie historique. Il lui préfère des approches thématiques incisives : ‘Bonheurs de l’ouvert, ‘Le spectateur en abyme’ ou ‘Métaphysique polémiques’, …

Grâce à une érudition virevoltante et une langue très imagée, de brefs chapitres emportent le lecteur en rêveries et méditations « dans ce lieu magique on l’on peut goûter au bonheur au seuil de l’infini. »

Infini, le mot est lancé

La dynamique ne retombe jamais au fil de ses 150 pages judicieusement illustrées. « Face à la fenêtre l’oeil et la pensée ne se limitent pas à la contrainte arbitraire d’un cadre, ils prennent la forme même de l’interrogation humaine. Fenêtres de la vue. Fenêtre de la vie. » La lucarne est dotée de pouvoirs mi magiques, mi mystiques qui prennent de multiples assertions : « métaphore du regard de Dieu sur sa création, partie liée avec l’irreprésentable », un « espace absolu du dévoilement », qui « place l’homme à mi-chemin de ses devoirs terrestres et religieux . »

Le bonheur de l’ouvert

« La fenêtre est intéressante car elle permet de montrer certaines choses et d’en suggérer d’autres. » Pascal Dethurens lance une invitation à lire et à regarder un des symboles occidentaux « qui ne montre ni ne dévoile rien, mais ‘signifie’. »

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