Culture
Nous les arbres, à la Fondation Cartier
Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 27 juillet 2019 à 17 h 44 min – Mis à jour le 29 juillet 2019 à 13 h 36 min
Après leur succès de librairie, les arbres ont désormais leur exposition à la Fondation Cartier jusqu’au 10 novembre. Didactique et engagé, le parcours rassemble artistes, botanistes et philosophes qui mettent en lumière la beauté et la richesse biologique de ces grands protagonistes du monde vivant.
Rendre à l’arbre la place que l’anthropocentrisme lui avait soustraite
Plongée dans les 4000 mètres carrés du luxuriant jardin, créé en 1994, par l’artiste Lothar Baumgarten, l’exposition ‘Nous les arbres‘ assume une ambition pédagogique et militante. Pédagogique, elle invite selon ses commissaires dont l’anthropologue Bruce Albert « à réinventer notre regard sur ces géants énigmatiques et nous apprendre à les considérer enfin comme de grands personnages vivants de notre monde commun. » Les ensembles d’œuvres rapprochées (signées Luiz Zerbini, Fabrice Hyber, Giuseppe Penone…) visent à embrasser les multiples traces, évocations ou imaginaires actuels liés à ces « grands ancêtres tutélaires et protagonistes majeurs de la vie terrestre qui, pour cette raison, ont constitué une source d’inspiration esthétique et métaphysique majeure pour les sociétés humaines depuis l’aube des temps. »
Illustrer et accompagner la « révolution végétale »
Le parcours très riche – en dessins, peintures, photographies, films et installations d’artistes venus des quatre coins du monde – nous plonge dans une forêt « d’arbres-signes ». Trois fils narratifs sont tressés : celui de la connaissance des arbres – de la botanique linnéenne à la nouvelle biologie végétale – ; celui de leur esthétique – de la contemplation naturaliste à la transposition onirique, en passant par le travail de leur bois (outils, masques, ex-voto) – ; sans oublier, bien entendu, la saga dramatique de leur dévastation actuelle, du constat documentaire au témoignage peint ou dessiné.
L’arbre et la nature un atelier à ciel ouvert
Ses partis pris happeront le visiteur, souvent fasciné par le travail présenté : des tableaux monumentaux de Luiz Zerbini aux portraits d’amoureux d’arbre filmés par Raymond Depardon. Il constatera volontiers ce que résume la philosophe Emanuele Coccia dans le catalogue :« Aux côtés de la botanique, d’autres pratiques et disciplines ont permis de reconnaître à quel point les arbres, et plus généralement les végétaux, définissent une manière particulière de faire monde et de faire communauté. »
Mais cet engagement rendant à l’arbre « la place que l’anthropocentrisme lui aurait soustraite » est aussi sa limite : à trop privilégier un point de vue « proche » des arbres, il laisse de coté de multiples autres artistes actuels (Frans Krajcberg,Ugo Rondinone, Barthélémy Toguo, Bob Verschueren,…) qui confirment eux aussi -ce qu’ont illustré Martine Francillon, dans son Ecologie du regard et Zenon Mezinski dans « L’arbre dans la peinture’ – que « la nature et le paysage restent un atelier sans limite, un monde de possible toujours renouvelé. »
Pour prolonger vos lectures sur les arbres et l’art
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 boulevard Raspail 75014 Paris – Tél : 01 42 18 56 50
Du mercredi au dimanche et fêtes de 11h à 20h, mardi fêtes de 11h à 22h.
Tarif plein : 10.5 € – Conditions…
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 boulevard Raspail 75014 Paris – Tél : 01 42 18 56 50
Du mercredi au dimanche et fêtes de 11h à 20h, mardi fêtes de 11h à 22h.
Tarif plein : 10.5 € – Conditions tarif réduit : – 13 ans
Bibliographie
- Catalogue de l’exposition, Fondation Cartier, 500 ill., 376 p., 49 € : Textes de : Bruce Albert, Emanuele Coccia, Misha Gromov, Francis Hallé, Stefano Mancuso, Miroslav Radman, Ursula et Verena Regher, Abigail L. S. Swann
- L’Architecture des arbres, Cesare Leonardi et Franca Stagi, Fondation Cartier, 550 ill., 424 p., 95 € : Un livre de référence sur les arbres, résultat d’une étude botanique et architecturale légendaire.
- L’arbre dans la peinture, Zenon Mezinski, Citadelles Mazenod.
Partager