Daniel Mar sculpte ses rêves dans l’épaisseur de la feuille
Auteur : Olivier Olgan Article mis à jour le 10 novembre 2020
Dans un langage visuel épuré, Daniel Mar travaille le papier, pas seulement avec des objets contondants mais avec des mots délicatement ciselés. Après une brillante exposition au Musée du Papier d’Angoulême en 2019, il propose ses œuvres au sens pluriel à travers sa propre boutique Art Paper.
« Les idées n’ont qu’une valeur tactique » Francis Ponge
Si certains ont l’angoisse de la page blanche, Daniel Mar a, lui, trouvé dans l’épaisseur du papier un puits d’imagination. La poésie peut naître des images aussi bien que des mots, surtout chez un artiste qui, aimant écrire, a un sens très aigu du titrage et de son pouvoir de suggestion pour donner une pluralité de sens à ses œuvres. Comme souvent, nul besoin besoin d’en connaitre le titre d’un tableau pour en savourer la subtilité spirituelle, dans les deux sens du terme.
Chaque oeuvre joue au sens propre et figuré sur la confrontation – ou plutôt l’intime rapprochement – de ses deux moyens d’expression et de la vérité substantielle qui en surgit.
Il y a, dans les tableaux sculptés de Daniel Mar, au prix d’un immense travail, de la substance des plus grands poètes – la magie du collage cher à Jacques Prévert ou de l’association décalée chère au poète Francis Ponge. Difficile de les résumer tant ils captent l’air, la profondeur ou le fuite du temps. Ce temps qui tient comme suspendu dans ses découpages magistraux, inspirés des techniques et portés par des papiers venus du monde entier.
Chacun pourra – comme sur toute véritable ouvre d’art – y jeter des mots ou élever ses émotions. Mais la vérité se glisse parfois ailleurs – non pas entre les lignes – mais dans les fibres de cellulose.
Une poésie et une morale se dégagent de ce travail, avec une espèce, pardon plutôt un ‘espace’ d’évidence. Tableau et titre poursuivent ici le même but : dissocier les séquences de nos habitudes mentales (le papier n’est plus une surface balisée par des caractères en surface) mais un relief propice à toutes sortes de divagation, de l’évasion à l’enchantement.
Daniel Mar joue sur nos images pour les bousculer et corriger notre quotidien, donner aux lieux communs et aux bienséances le coup de pouce qui fait chavirer le décor, et nos murs.
Mais leur véritable sens se cache dans une enveloppe scellée au dos de chaque tableau concerné. Heureusement elles figurent aussi, en intégralité, dans son catalogue « Paper Art ». Daniel Mar n’a pas fini de surprendre votre premier regard.
Né en 1952 à Coulonges-sur-l’Autize (Deux-Sèvres, France), sa passion pour la photo ordonne très vite son orientation professionnelle , qu’il exerce pendant 18 ans, dans le service photo et communication d’une banque. A 36 ans, son statut de photographe auteur indépendant lui donne des ailes
20 ans plus tard. Lassé par la frénésie numérique, il décide de se ressourcer dans une autre conception de l’art non subordonnée au déploiement technologique.
De support pour des développements photographiques, et d’écritures, le papier devient un matériel de création, et d’installation, découpé, plié ou collé pour sculpter en creux ou en bosses selon ses propres termes « un monde fragile et improbable, poétique et métaphorique. »
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