Vins & spirits

De Margaux à Saint-Estèphe, par Saint-Julien et Pauillac, six domaines raisonnables en Médoc

Auteur : Mohamed Najim et Etienne Gingembre
Article publié le 3 décembre 2021

[Les pépites de la révolution viticole (6)] Du coté du Médoc, Margaux et Pauillac en tête, loin des vins « bling bling » Mohamed Najim & Etienne Gingembre dénichent les vignerons ‘révolutionnaires’ dont les domaines ont su rester raisonnables :  Château La Gurgue, Château Lacoste-Borie, La Rose Pauillac, Les Fiefs de Lagrange, Le Petit Ducru, Château Ségur de Cabanac.

Dans la langue des amateurs de Bordeaux, ce sont les « appellations communales » du Médoc.

Le chai du Chateau Lafite

Margaux et Pauillac en tête, ce sont surtout, on le sait aussi, les bouteilles les plus chères du monde. Parce que des premiers grands crus classés 1855 comme Château Latour, Château Margaux, Mouton Rothschild ou Lafite Rothschild sont rarement accessibles à moins de 800 euros l’unité !

Au point que cette flambée en cascade, parce qu’elle se répercute sur les autres étiquettes de ces appellations prestigieuses, est à l’origine du fameux Bordeaux bashing qui conduit depuis plusieurs années les consommateurs, comme les restaurants et les cavistes à bouder cette origine.

Pourtant, ce sont des vins merveilleux, produits aussi par des domaines qui ont su rester extrêmement raisonnables…

Le millésime Château Margaux 1986 se vend autour de 740€

Prenez Margaux : j’en rêvais avant même de venir vivre à Bordeaux. Lorsque je m’y installe en 1987, je m’offre une caisse de Château Margaux 1986  que je partagée avec un ami. Au tarif de l’époque, nous l’avions payée 45 euros la bouteille. Les margaux, comme les volnays en Bourgogne, sont des vins dits féminins parce que soyeux, d’une incomparable douceur…
Pour bien les apprécier, ils faut souvent qu’ils aient un peu de garde et qu’ils soient « carafés ». Moins féminins, peut-être, mais avec un caractère très marqué, les pauillacs n’en sont pas moins délectables.

Quant à Saint-Julien et Saint-Estèphe, on le sait, ce sont des appellations beaucoup plus accessibles…

Château La Gurgue

Sous la direction de Claire Villars Lurton, le Château La Gurgue développe son élégance

Il s’agit d’une propriété cultivée en bio, qui jouxte Château Margaux. Jacques Merlaut avait acheté cette propriété alors en décrépitude dont il avait deviné le potentiel.
C’est sa petite-fille, la talentueuse Claire Villars, qui la prise en main pour en faire une pépite. Si l’on en croit la maison Dubecq, l’un des plus grands marchands de Bordeaux, La Gurgue est l’un des meilleurs rapport qualité/prix/plaisir de Margaux, à environ 25 euros la bouteille.

Château Lacoste-Borie

Francois-Xavier et Marie-Helene Borie et leur fille Emeline Borie du Château Grand Puy-Lacoste produisent un grand Pauillac, Lacoste-Borie

A Pauillac, il faut souvent s’intéresser aux deuxièmes vins. Lacoste-Borie est celui du Château Grand Puy-Lacoste, cinquième cru classé 1855 de l’appellation.
Avec sa dominante cabernet sauvignon (70 %) et 25 % de merlot, ce grand pauillac est un vin soyeux, tendre, à la couleur profonde, avec cette caractéristique propre à l’AOC qui exprime une saveur subtile de crème de cassis.
On le trouve, selon les millésimes, autour de 25 euros la bouteille.

La Rose Pauillac

Le Chai de La Rose Pauillac

Il s’agit d’un vin de cave coopérative qui n’a pas à rougir de son origine. Cette cave d’une trentaine de coopérateurs cultive en tout 7 hectares de vignes dans le hameau de Bages, au sud de l’appellation.
Dirigée par Sylvie Rainaud, elle est parfaitement représentative des pauillacs. Son fruité est réjouissant, avec un côté croquant et frais, ses tannins se fondent, avec une belle longueur en bouche.
La Rose Pauillac est disponible sur les sites de vente en ligne autour de 20 euros selon les millésimes.

Le chai du Château Lagrange dont Les Fiefs sont le second vin

Les Fiefs de Lagrange

C’est le deuxième vin de Château Lagrange, cette fois en Saint-Julien. Le domaine lui réserve les cuvées issues des parcelles les plus jeunes, dont les vignes ont moins de trente ans.
C’est un vin souple quoique structuré, avec du fruit et pouvant se boire jeune, pour moins de 23 euros la bouteille.

Le Petit Ducru

Le Petit Ducru est produit au Chateau Ducru-Beaucaillou

A Saint-Julien et en dehors de Saint-Julien, tout le monde connait le Château Ducru-Beaucaillou.
Elevé avec les mêmes soins que son ainé, et cependant dix fois moins cher, tout aussi complexe, équilibré et élégant, ce Petit Ducru fait incontestablement partie de la famille. Cet assemblage cabernet-merlot, avec parfois, en fonction des millésimes, une pointe de petit verdot peut surtout se boire beaucoup plus jeune.
Le domaine le vend autour de 25 euros.

Château Ségur de Cabanac

Jean Delon veille sur les crus du Chateau Ségur de Cabanac

J’ai une affection toute particulière pour ce domaine qui m’a été conseillé en 1987 lorsque je suis arrivé à Bordeaux par Jeanne Descaves, une icône du monde du vin dont le souvenir est toujours présent. « Madame » ne s’était pas trompée et Ségur de Cabanac est toujours une belle réussite et ce, à moins de 20 euros.
Aussi classique qu’il soit, ce Saint-Estèphe peut se boire jeune.

Où trouver des vignerons raisonnables en Médoc

Lire : Quand le vin fait sa révolution, Etienne Gingembre et Mohamed Najim, Ed. du Cerf, 2021, 288 p., 20€, et sa « constellation de vins d’exception, de vins de gourmandise, de vins de saveurs, de vins d’émotion »

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