Culture
Hommage à Val Kilmer 1959-2025, comédien - 10 films moins connus
En disparaissant, Val Kilmer qui ne tournait plus suite à un cancer du larynx, laisse pour beaucoup le souvenir de ses rôles dans Top Gun, de Tony Scott, The Doors, d’Oliver Stone, Batman Forever, de Joel Schumacher ou encore Heat, de Michael Mann., Sa filmographie recèle pourtant pour Calisto Dobson, plusieurs autres films qui méritent d’être mis en lumière : Willow, de Ron Howard, Coeur de Tonnerre , de Michael Apted, Tombstone, de George Pan Cosmatos, L’Ombre et la Proie, de Stephen Hopkins, Salton Sea, de D. J. Caruso, Wonderland, de James Cox, Spartan, de David Mamet, Kiss Kiss Bang Bang, de Shane Black, Twixt, de Francis Ford Coppola, autant de facettes d’un talent trop tôt éclipsé.
Willow, de Ron Howard (1988) lance sa carrière
Si pour le grand public, Top Gun de Tony Scott (1986) est le film qui le fait connaître, son premier grand rôle il le décroche en 1988 avec Willow , de Ron Howard.
Archétype du film d’héroic fantasy dans la lignée de Kalidor, Richard Fleischer en 1985 avec Arnold Schwarzenegger (pas loin de son rôle iconique de Conan). Ce rôle de Madmartigan lui permet d’incarner un personnage proche de celui de Han Solo par son caractère d’aventurier vénal et sans scrupules, de voyou charmeur effronté qui finit par succomber au désintéressement par amour.
Près de 40 ans après, Willow reste bien plus que tout à fait regardable et peut faire encore passer un très bon moment en famille.
S’il enchaîne sur un film noir très recommandable, Kill Me Again du sous-estimé John Dahl (Red Rock West, Last Seduction), sa prestation habité en Jim Morrison dans le biopic controversé The Doors de Oliver Stone, marque indéniablement les esprits.
Coeur de Tonnerre (Thunderheart), de Michael Apted (1987)
C’est alors qu’il tourne un de ses films parmi les plus sous-estimés sous la direction de Michael Apted, qui signe certainement là une de ses œuvres la plus aboutie. Coeur de Tonnerre (Thunderheart) s’inspire des romans noirs de Tony Hillerman (Grand prix de littérature policière 1987 avec Là Où Dansent Les Morts), lui-même inspiré par les écrits de Arthur Upfield dont le personnage principal est un détective d’origine aborigène.
Coeur de Tonnerre met en scène un agent du FBI, sang mêlé sioux envoyé dans une réserve indienne afin d’y enquêter sur un assassinat. Peu de films, en tout cas à l’époque, radiographie de l’intérieur la situation au quotidien d’une communauté amérindienne assignée au tiers monde. Val Kilmer y incarne avec fougue Ray Levoi, métis qui en refoulant ses ascendances a choisi le mode de vie américain. Malgré lui il devra y faire face et en sortira réconcilier avec ses origines. La force d’évocation du film poussera Michael Apted à réaliser dans la foulée un documentaire, Incident à Oglala, sur la mort de deux agents du FBI dans la réserve indienne de Pine Ridge dans le Dakota du Sud.
Tombstone, de George Pan Cosmatos (1993)
Après un brillant caméo en Elvis Presley dans le True Romance de Tony Scott sur un scénario de Quentin Tarantino, dont une scène d’anthologie entre Dennis Hopper et Christopher Walken, Val Kilmer tourne Tombstone sous la houlette de George Pan Cosmatos (Rambo 2 : la Mission, Cobra), un western trop mésestimé.
Entouré entre autres de Kurt Russell dans le rôle de Wyatt Earp, il personnifie un Doc Holliday qui en remontre à d’illustres prédécesseurs tels que Victor Mature en 1946 dans La Poursuite infernale de John Ford ou Kirk Douglas en 1957 dans Règlement de comptes à O.K. Corral de John Sturges ou encore Jason Robards en 1967 dans Sept Secondes en enfer du même John Sturges. C’est dire si le costume pouvait être lourd à porter. Actuellement disponible en flux sur Disney plus cette version du fameux duel opposant les frères Earp aux frères Clanton mérite d’être réhabilitée de par sa mise en scène énergique et la force de son interprétation au casting relevé.
Avec Batman Forever de Joel Schumacher, il incarne la chauve-souris masquée dans l’un des plus mauvais épisodes de la série. Une engueulade homérique avec le réalisateur plus tard pour l’épisode suivant Batman et Robin (le plus tarte de tous les temps), il est remplacé par George Clooney qui le regrette encore.
Après Heat le chef-d’œuvre de Michael Mann (1995) dans lequel il est l’acolyte de Robert de Niro, il tourne un nouveau ratage, un remake de L’Île du docteur Moreau, de John Frankenheimer dont la production chaotique tournera au désastre artistique.
L’Ombre et la Proie (The Ghost and the Darkness), de Stephen Hopkins (1996)
En 1996 aux côtés de Michael Douglas, il est John Henry Patterson, ingénieur britannique chargé de la construction d’un pont en Afrique dans L’Ombre et la Proie (The Ghost and the Darkness) de Stephen Hopkins. Ce film d’aventures de bonne facture à l’ancienne, s’inspire de l’histoire vraie d’attaques de lions en 1898 au Kenya. Malgré son caractère apparemment anodin, il en ressort une tension dramatique indéniable.
Sans s’étendre il nous faut reconnaître que Le Saint de Philip Noyce, (adapté de l’attachante série télévisée des années 60 avec Roger Moore), dans lequel il reprend le personnage de Simon Templar, n’est pas une réussite, loin s’en faut. Même s’il nous faut tempérer notre manque d’enthousiasme pour cette adaptation comparée à celle qui massacre la merveilleuse série Chapeau melon et bottes de cuir.
Les années 2000 recèlent pour Val Kilmer quelques bobines qui sont passibles d’être rehaussées dans le fil de sa carrière.
Salton Sea , de D. J. Caruso (2002)
En 2002 , le méconnu Salton Sea première réalisation de D. J. Caruso le voit en trompettiste de jazz affligé par l’assassinat de sa femme. Sous l’identité d’un indic dealer d’amphétamines, il plonge dans la drogue et ressasse une vengeance, pris entre flics corrompus, un gros trafiquant et les problèmes de sa voisine. Ancré dans une noirceur mélancolique, Salton sea pourrait être un de ces morceaux de jazz aux harmonies meurtries dont seule cette musique détient le secret. En digne descendant des films noirs de l’âge d’or, il ramasse la mise par sa capacité à en survolter la noirceur et à en sublimer l’esthétique.
Wonderland , de James Cox (2003)
L’année suivante, Val Kilmer prend le risque de personnifier John C. Holmes, star du cinéma pornographique des années 70, surnommé Long John Holmes, de par la nature d’une partie de son anatomie. Wonderland réalisé par James Cox raconte un fait divers authentique, le meurtre de quatre fournisseurs de drogue dans lequel l’acteur porno a été impliqué puis acquitté. Cette affaire n’ayant jamais été clairement élucidée.
Dans le rôle, Val Kilmer excelle à incarner la pitoyable personnalité d’un homme ayant connu une gloire factice, poussé à de misérables extrémités pour nourrir son addiction à la cocaïne.
Film malade contaminé par l’avilissement de son personnage principal, Wonderland, contrairement à Boogie Nights de Paul Thomas Anderson (qui faisait œuvre de commisération pour le personnage de John C. Holmes), reste un de ces témoignages cuisants sur certains bas-fonds de l’Amérique.
Spartan, de David Mamet (2004)
Il faut considéré d’un œil avisé la réalisation de David Mamet (grand dramaturge et scénariste de talent), toujours digne d’intérêt : il s’agit là d’une tentative de parabole paranoïaque sur le pouvoir et sa capacité à employer n’importe quel moyen pour s’y maintenir. En espion qui n’a pas oublié que personne n’est digne de confiance, Val Kilmer réussit à investir son rôle à rebrousse-poil de celui d’un James Bond. Parfaite illustration d’une actualité qui n’a de cesse de nous rappeler à notre malheureux souvenir, Spartan sous-entend une méditation toujours nécessaire.
Kiss Kiss Bang Bang, de Shane Black (2005)
S’il retrouve Oliver Stone pour le très décrié Alexandre avec Colin Farrell peroxydé dans le rôle-titre, c’est auprès du génial scénariste Shane Black qui réalise son premier film qu’il se fait une seconde jeunesse. Kiss Kiss Bang Bang mérite à lui seul, tous les qualificatifs. Tarantino doit en être jaloux. Dans son rôle de détective privé hollywoodien gay, qui chaperonne Robert Downey Jr en cambrioleur raté apprenti acteur, Val Kilmer est irrésistible.
De bout en bout, le film voit sa narration virevolter, ses répliques fuser et ses scènes enchaîner des situations au burlesque élaboré. Voici le véritable film culte de la carrière de Val Kilmer.
Et s’il s’agit pour lui d’un second rôle, on ne s’en lasse pas, Gay Perry reste un de ces personnages qui innerve la toile de sa décontraction classieuse.
Twixt de Francis Ford Coppola (2011)
Pour finir Val Kilmer auprès de la divine Elle Fanning, habitera l’un des films les plus incompris de l’un des plus grands cinéastes de l’histoire. Twixt de Francis Ford Coppola reste un de ces mystérieux objets filmiques qui garde sous le coude une force de fascination inaltérable.
Après ça il tournera encore puis son cancer qui l’a privé de sa voix l’éloignera définitivement des plateaux. Jusqu’à ce que son ami Tom Cruise lui offre un dernier tour de piste forcément poignant dans le méga succès planétaire Top Gun : Maverick.
Auteur de l'article

Pour aller plus loin sur Val Kilmer
Val, documentaire de son fils Léo Scott, sur Amazon Prime Video. Pendant plus de 40 ans, Val Kilmer a filmé sa vie. Ses archives inédites dévoilent les coulisses d’Hollywood : tournages mythiques, séquences avec Marlon Brando, Sean Penn… Sans concession, ce documentaire dresse le portrait poignant d’un artiste libre et passionné.
Val Kilmer – Une vie entre “Top Gun” et “The Doors” de Leo Scott, 2021, sur Arte.tv jusqu’au 01/05/2025
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