Mécaniques
La Mach-E est bien une Ford Mustang
Auteur : Robert Mauss
Article publié le 28 août 2023
Ce premier et seul modèle intégralement électrique – pour l’instant sauf engins utilitaires – du géant américain arpente les routes européennes depuis plus de deux ans. Ford ayant décidé d’un rabais substantiel sur les tarifs de la Mustang Mach-E, Singular’s a été tenté de dompter ce poney sauvage. Et à la pratique, Robert Mauss a plutôt été séduit.
Loin des mythes, proche des besoins du moment
Evidemment, cette Mustang Mach-E ne ressemble ni vraiment à la mythique Shelby, la favorite des amoureux de la marque au poney sauvage, ni à la Bullit, le Mustang GT Fastback conduite par Steve McQueen ressuscitée avec l’esprit Grand Touring Mustang qui a permis de renouer avec le succès.
Un SUV et non une berline.
La Mustang Mach-E dispose de cinq portes contrairement aux modèles thermiques qui reprennent les lignes originelles du coupé. Le point commun se résume au logo affiché en gros à l’avant et plus modestement à l’arrière sous le haillon. Evidemment, les gouts et les couleurs ne souffrent pas le débat, mais les lignes tirées aux cordeaux des flancs et du hayon, les rondeurs de la face avant de cette Mach E sont franchement réussies. On apprécie aussi les ailes arrières bien relevées, les phares bridés et les triples feux arrière.
La preuve ? Plus d’une fois, notre Mustang Mach E a pu attirer l’attention des autres automobilistes au cours de nos journées d’essai. L’absence de poignées de portières est l’une des premières choses qui sautent aux yeux en faisant le tour de l’auto.
Pour ouvrir la voiture, on appuie sur un petit bouton positionné sur chacune des portières avant de les ouvrir normalement. Le hayon s’ouvre automatiquement soit avec la clé, soit par une touche.
A l’arrière, les passagers disposent de trois véritables places. Le coffre arrière de 400 litres est divisé en deux compartiments. Le premier pour les bagages est plutôt volumineux sans être exceptionnel. Il recouvre un deuxième niveau prévu pour ranger les câbles de chargement. Les utilisateurs de la Mach E profitent aussi d’un espace complémentaire de 100 litres situé sous le capot à l’avant.
Un équipement de haut niveau
Les premières sensations au volant sont positives. Les sièges sont confortables. Le volant profite d’une mousse agréable. Depuis le volant, le conducteur peut choisir sa radio et adapter le volume sonore. Il peut aussi profiter du limiteur de vitesse et de l’activation. Le conducteur et ses passagers profitent d’un équipement de très haut niveau. Les sièges avant et le volant sont par exemple, chauffants. Saluons aussi le toit panoramique qui filtre parfaitement la luminosité. Les matériaux, tissus et plastiques sont de bonne facture.
Ford n’a pas lésiné.
La sonorisation à 10 haut-parleurs signée Bang & Olufsen transforme l’intérieur en auditorium. La Mach E offre des rangements nombreux, comme un vide-poche placé sous l’accoudoir central, équipé d’une prise 12 volts. La voiture possède quatre ports USB ainsi qu’un chargeur de smartphone par induction.
La conduite intérieure est soutenue par deux écrans. Le premier (10,2 pouces) fait office de compteur. Plutôt lumineux, il indique la vitesse, l’autonomie, le kilométrage, la direction et les limitations de vitesse fournies par des capteurs électroniques. Point très positif, le conducteur profite de ces indications sans quitter la route des yeux. Le second écran, entre le conducteur et son passager avant frappe déjà par sa taille peu commune : 15,5’’, à peu près la taille standard d’un ordinateur portable. Les habitués d’Apple CarPlay ou Android Car peuvent profiter de leur interface préférée sans branchement.
Sinon, le système maison fait très bien l’affaire, surtout que les mises à jour s’effectuent automatiquement.
Comme toujours, il faut compter un bon moment avant de jongler avec les très nombreuses possibilités permises par l’informatique embarquée : conduite en mono pédale pour récupérer de l’énergie, climatiseur, frein moteur adapté, stationnement automatique, caméra arrière, GPS (2D et 3D) et planificateur d’itinéraire, contrôle du véhicule, etc.
A noter la présence d’un bouton ‘’manuel’’ pour mettre la radio et régler le volume à son goût. A l’ancienne, mais si simple et efficace. Les Européens ne peuvent pas encore profiter de l’option ‘’Blue Cruise’’ qui fait de la Mach E la première voiture de série à rouler les mains libres sur les autoroutes.
Par contre une panoplie de capteurs surveille attentivement le conducteur. Plus d’une fois sur notre trajet Paris-Provins-Nancy et retour, l’assistance nous a ainsi prévenu d’une éventuelle fatigue !
Une autonomie à améliorer
Ford équipe toujours ses clients avec un câble haute puissance, et un autre dédié au courant alternatif. A noter que nous n’avons pas réussi à charger l’auto en la branchant sur le secteur à domicile. Il faudra recourir à une box murale pour faire le plein à domicile. Ford commercialise deux types de batteries. Nous avons essayé la Mach E dite de base, dotée d’une batterie de 76 kW/h et propulsée par deux roues motrices grâce à 269 chevaux.
A plein, la jauge indique une autonomie de 420 kilomètres. Comme pour la plupart des voitures électriques, il faut soustraire une cinquantaine de kilomètres pour obtenir une vision réaliste (‘’la vraie vie’’ disent les constructeurs). La seconde batterie (99kW/h) affiche une autonomie supérieure à 500 kilomètres, une performance encore peu fréquente.
Dans tous les cas, les candidats au voyage devront soigneusement préparer leur trajet pour éviter la panne sèche. N’oublions pas qu’il est encore difficile de faire le plein avec une simple carte de crédit. Après avoir tourné dans tous les parkings de Nancy, le journaliste de Singular’s a du se rabattre sur une station Tesla à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale des ducs de Lorraine. Un comble !
Silence et confort au rendez-vous
Sur la route, les passagers profitent des agréments des véhicules électriques : le silence, l’accélération et les reprises sont bien au rendez-vous. Il faut dépasser les 120 km/h pour percevoir le bruit du vent. L’affaire est certes agréable, mais le conducteur souvent l’impression de se ‘’trainer’’. Il doit surveiller très attentivement son compteur pour éviter de violer les limitations de vitesse. L’affaire n’a rien de simple.
Un véhicule puissant et nerveux.
Malgré ses deux tonnes, l’engin passe de 0 à 100 km/h en moins de sept secondes, aussi bien qu’un V8 thermique ! Il suffit d’effleurer la pédale d’accélérateur pour profiter d’accélérations bien senties. Cette Mach E mérite de la famille Mustang. Du coup, le conducteur ne doit pas quitter la route des yeux pour chercher une fonction sur l’écran.
Pourquoi alors ne pas se servir du limiteur de vitesse ? Sur le trajet de notre essai (Paris, Provins, Nancy), la direction de l’Equipement et les collectivités s’en sont donnés à cœur joie pour torturer les automobilistes en changeant tous les trois kilomètres les limitations de vitesse, entre 30 et 110 km/h. Impossible (ou presque) d’exploiter le limiteur. La solution la plus simple consiste à profiter d’un remarquable frein moteur électronique qui réduit rapidement la vitesse du véhicule sans abuser de la pédale de frein, d’ailleurs assez brutale. Ce frein moteur se déclenche simplement en appuyant sur le bouton L placée sur la boite de vitesses. Notons que sur ce modèle, la vitesse maximum est bridée à 180 km/h.
La tenue de route de la Mach E est sans reproche si l’on adopte une conduite de père de famille. Les inconvénients de la propulsion notamment sur route mouillée sont gommées par un centre de gravité assez bas accentué par le poids de la batterie placée dans le plancher de la voiture. Les suspensions sont fermes comme on aime et les grosses roues de 18’’ (19 et plus pour les modèles supérieurs) absorbent les imperfections de la chaussée.
Nous avons apprécié les signaux lumineux des rétroviseurs extérieurs qui signalent un véhicule placé en angle mort. La voiture se comporte très bien en ville malgré son poids et ses dimensions. Elle profite d’une direction souple et d’un rayon de braquage de 11,60 m.
Pour conclure, la Mustang peut se piloter de trois manières différentes : Whisper (mode éco), Engage (normal) et Unbridled (sport). Sauf à vouloir perdre ses points de permis en deux coups de volant, et vider sa batterie en un clin d’œil, le premier mode convient parfaitement.
Reste la question du prix qui a justifié notre essai.
Ford a fait passer le tarif de ce modèle de 57 000 à 47 000 euros, sans parler des différents bonus écologiques qui peuvent totaliser jusqu’à 17 000 euros, pour un tarif final de 40 000 euros. Ces tarifs sont consentis sous condition de reprise d’un véhicule d’occasion. D’autres font mieux, mais à ce prix la Mustang Mach E devient un choix possible pour nombre de gens en quête d’un véhicule électrique de haut niveau.
En savoir plus sur Ford Mustang Mach-E
sur le site Ford Mustang Mach-E
Informations pratiques
- Longueur : 4,71 m
- Largeur rétros rabattus : 1,93 m
- Largeur rétros déployés : 2,09 m
- Hauteur : 1,62 m
- Empattement : 2,98 m
- Rayon de braquage : 11,6 m
- Poids : 2 tonnes
- Volume du coffre AR 402 litres
- Volume sièges AR rabattus (2/3, 1/3) : 1420 litres
- Volume du coffre AV : 81 litres
Informations techniques
- 269 en propulsion pour un couple de 430 Nm
- Vitesse : 180 km/h maximum,
- Passage de 0 à 100 km/h : 6.9 s
- Régulateur de vitesse adaptatif intelligent avec fonction Stop & Go…
- Sièges avant et volant chauffants
- Jantes alliage 18”
- Système d’aide au stationnement avec caméra à 360°
- Climatisation automatique bizone
- Écran central tactile 15,5”
- Tableau de bord 100 % numérique 10,2”
- Feux de route intelligents
- Phone as a key (clé intégrée au smartphone)
- Dispositif de reconnaissance des panneaux de signalisation
- Ouverture électrique des portes grâce à un bouton (E-Latch)
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