Culture
Le carnet de lecture de Gabrielle Shonk, autrice compositrice, chanteuse canadienne
Auteur : Simon Dubois
Article publié le 20 février 2023
Pour la sortie de son second album Across the room (Arts and Crafts), la chanteuse Gabrielle Shonk, explore de nouveaux horizons entre le rock indé et le jazz. Sa voix, les harmonies aériennes et la finesse des arrangements sont autant de raisons pour attendre avec impatience le nouvel épisode d’une aventure musicale entamée en 2017 par l’autrice-compositrice canadienne, suite à son premier album paru chez Universal Canada. En 2023, celle qui s’accomplit en live est en tournée nord américaine. Singulars espère qu’elle franchira rapidement l’Atlantique pour nous émerveiller sur scène.
Une voix qui s’impose
Son premier disque révélait en 2017 une voix nuancée, un son folk et des influences très diverses. Across the room, fruit de 5 années de travail aborde, avec 11 chansons – dont 10 en anglais – des thèmes plus personnels : la rupture amoureuse, l’introspection. A la suite de la tournée à travers le Canada pour son album, Gabrielle Shonk se constitue un répertoire d’idées inachevées, avec l’énergie du live. Reste à trouver un moment de calme pour en finir l’écriture.
Across the room, comprenez ‘A l’autre bout de la pièce’. Ce titre évoque la relation entre la chanteuse, autrice, compositrice canadienne et ses chansons, comme si elles se manifestaient indépendamment physiquement dans sa chambre.
Comme beaucoup d’artistes, la pandémie m’a donné le silence dont j’avais besoin pour écrire. […] Revenir à la maison, et ne pas avoir le choix que de m’asseoir avec les chansons et de travailler sur l’album, il n’y avait rien d’autre de possible. Je me suis retrouvée avec moi-même, au bureau de mon appartement à Québec.
Gabrielle Shonk
La complicité créative de Jesse Caron
Une fois la période d’écriture achevée, l’artiste canadienne retrouve Jesse Caron, le guitariste du groupe Men I Trust : « On s’est rencontrés en 2008 à l’université en musique à Québec. Lui était étudiant en guitare jazz, moi en chant. On s’est liés d’amitié avec les concerts de jazz où l’on jouait ensemble ».
Jesse est le vis-à-vis parfait pour retravailler et faire évoluer les chansons, pour qu’elles prennent forme et gagnent en consistance. « C’est très précieux. J’arrive avec les chansons guitare-voix, puis on passe au studio où l’on réalise des versions démo, pour donner une direction, explorer les arrangements. Ensuite on présente la série à Jesse MacCormack. C’est l’album des deux Jessie *rires*, et de mon batteur Pierre-Emmanuel Baudouin. »
Une œuvre collective
Jesse MacCormack est un artiste solo mais également un réalisateur, qui aide la chanteuse canadienne à construire les pistes patiemment strate par strate : batterie, basse, guitare, piano, clavier. Le résultat, très organique et folk, ouvre une nouvelle lecture de la musique de Gabrielle Shonk, en comparaison du premier album réalisé quasiment live : « Tout le band jouait en même temps. J’avais envie qu’on sente que le groupe avait une vibe commune. Les prises étaient quasiment bouclées en une fois. Au besoin, on recommençait jusqu’à trouver la meilleure version. »
Ne pas se prendre la tête
Une ligne visuelle prégnante se dégage dans les clips de l’album, avec les accessoires qui ne manquent pas d’être remarqués : cheveux rouges et grand costume. A l’origine de cette recette loufoque, une expérience capillaire : « J’ai décidé de tenter de me teindre les cheveux en rouge, et ça m’a plu. »
Quelques épisodes de The Office plus tard, l’idée de porter un costume marron daté du personnage de Dwight germe dans sa tête et complète sa nouvelle identification.
Un peu comme si j’avais emprunté le veston à mon père.
En spectacle, je préfère avoir un costume qui me ressemble,
sans nécessairement me sentir déguisée.
La routine me prépare à la scène.
Gabrielle Shonk.
Une pâte résolument indé régit les images
L ’utilisation de formats anciens marqués dans les couleurs et le grain, comme la VHS ou le 16mm donne un ton volontairement décalé, un brin nostalgique : « J’ai fait appel à mon ami réalisateur Gerardo Alcaine qui a trippé sur l’album. Il était vraiment motivé, et on a les mêmes références. J’ai décidé de travailler avec lui pour tous les visuels du projet. J’ai lancé des idées et il a concrétisé tout ça »
Se livrer avec le live
Les mois à venir seront aussi marqués par la tournée nord-américaine (agenda), séparée en première et deuxième parties, et préparées par deux semaines de résidences. « Il y a deux versions de mon spectacle live – Celle qui représente vraiment l’album avec le groupe au complet, et une version plus réduite, condensée, en guitare-voix. »
Pour les premières parties de spectacles des Bar Brothers et de Charlie Winston, la chanteuse avoue avoir vraiment le trac : « Ça fait un an que je n’ai pas joué en live, et ce sont de nouvelles chansons, un nouvel album. »
J’adore le live, c’est vraiment une de mes parties préférées.
Pouvoir partager ma musique avec les gens, aller à leur rencontre.
Quand je vois que ces chansons-là vivent et existent chez les gens,
c’est vraiment le plus beau des cadeaux.
Espérons que la canadienne trouve l’occasion de traverser l’Atlantique pour nous enchanter sur scène, où elle sait donner le meilleur d’elle-même. Retenez son nom.
Le carnet de lecture de Gabrielle Shonk
Tracy Chapman, Tracy Chapman (1988, Elektra)
« Dans ce disque, il y a la première musique qui m’a vraiment marquée. L’album est sorti en 1988, l’année de ma naissance. Ça a forgé mon amour pour le folk et l’idée écrire des chansons. Plus encore qu’une track en particulier, c’est tout l’album qui résonne : Les thèmes sont très actuels, voire avant-gardistes à l’époque, comme la relation entre nous et l’environnement. »
Le chanteur américain Nick Hakim
« Mon coup de cœur musique du moment : Il fait du R&B, mélangé à beaucoup d’autres styles. Le son est soul mais ça sonne vraiment indie – sa voix est incroyable. Je ne suis jamais déçue de l’écouter. »
The Beatles : Get Back (Peter Jackson, documentaire/série 2021, Disney+)
Réalisé par Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), le documentaire s’échelonne en 8h de d’images d’archives inédites, montées en quelques épisodes : T’es avec eux en studio pendant qu’ils jam, pendant qu’ils écrivent l’album. Le documentaire est très peu monté, et il n’y pas vraiment d’histoire. Tu rentres vraiment dans leur processus créatif – Comme toi et moi, ils s’assoient avec leur bande d’amis et ils trippent. J’ai vraiment connecté avec ça. »
Normal People, de l’autrice irlandaise Sally Roomy (2018)
« Je ne suis pas quelqu’un qui lit beaucoup. Je m’obligeais à lire des choses plus instructifs, et j’avais décroché des romans. Je l’ai dévoré, j’ai trouvé ça tellement bon. Ça m’a aidé à retomber en amour pour la lecture. »