Culture

Le carnet de lecture de Serge Safran, éditeur et passionné de Venise

Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 7 mars 2023

Il faudrait écrire un livre sur les livres que Serge Safran a édité sur Venise. La parution de Quintet pour Venise ce mois-ci de Jean-Hugues Larché s’ajoute en effet à une longue liste d’ouvrages sur la Cité qui fascine toujours autant ceux qui y ont séjourné, tout en intriguant ceux qui voudraient s’y rendre. Patricia de Figueiredo a interrogé les motivations et la fascination de l’ éditeur indépendant, pour la Sérénissime. Et découvrir quelques-uns de ses auteurs qui savent si bien la faire vivre : d’Alain Buisine à Florence Vidal.

Serge Safran partage sa fascination pour la Sérénissime avec les auteurs et les livres qu’il édite. Photo DR

Ma découverte de Venise a d’abord été littéraire, plutôt même cinématographique tant j’ai été très profondément marqué par Mort à Venise de Luchino Visconti, un incontestable chef-d’œuvre à mes yeux.
Je n’ai lu que bien plus tard  le chef d’œuvre de Thomas Mann.
J’avais lu aussi bien sûr les pages que Proust lui a consacrées.

Serge Safran

Une passion nourrie d’auteurs, de livres et des déambulations

 » C’est la passion d’Alain Buisine pour cette ville, lui dont j’avais commencé par publier L’Orient voilé, qui m’a entraîné à la découvrir et à y faire de nombreux séjours. J’ai publié plusieurs livres de lui sur le sujet à part Les Ciels de Tiepolo chez Gallimard :  Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise (1998), Cènes et banquets de Venise (2000), Un Vénitien dit le Canaletto (2001), Les Nudités de Venise (2004), son dernier  » nous explique Serge Safran.

C’est cet engouement qui a fait venir chez l’éditeur indépendant les Nouvelles vénitiennes de Dominique Paravel et tous les autres titres qui s’inscrivent à son catalogue, dont certains, comme Alice, disparue, se déroule à Venise sans que cette dernière soit nommée dans le titre.  Singulars a publié tout le bien que j’en pensais, à sa parution : « Dominique Paravel, qui connaît bien la sérénissime pour y avoir vécu 20 ans, nous entraîne dans les venelles hors du temps et les Palais secrets, loin de la ville touristique. D’une écriture nostalgique et superbe, « nous éprouvons une joie mélancolique, une joie de l’accompli et du jamais plus » à lire ce roman sur la morsure du temps qui passe et des choix à jamais perdus. Mélancolique et réconfortant. »

Liliana Magrini, la vénitienne

Serge Safran reprend : « Après la publication de Casino Venier Venise, sous l’impulsion de Marie-Christine Jamet, ancienne directrice de l’Alliance française à Venise, depuis consule honoraire de France à Venise, j’ai eu le plaisir de découvrir et faire (re)découvrir Carnet vénitien de Liliana Magrini

Écrit en 1956 en français par une Vénitienne, publié à Paris sous l’égide d’Albert Camus – dont elle était la traductrice – Carnet vénitien est l’œuvre d’une écrivaine entre deux cultures. » La maison de Goldoni, les dentellières de Burano, le Fresco sur le Grand Canal, une marche presque sacrée dans une ville qu’elle a tant aimée prennent une dimension envoutante.

L’éditeur prévoit de publier l’unique roman de cette auteure, La Vestale, qui se déroule à Venise sous l’occupation nazie.

D’autres regards sur la Sérénissime

Parmi les autres publications, nous pouvons citer L’Affaire des miroirs de Venise de Florence Vidal : un récit historique digne d’un roman d’espionnage au cœur du XVIIe à Murano, là où se fabriquaient les miroirs destinés à un cercle restreint de personnes qui pouvaient se les offrir. Un ouvrage passionnant qui nous transporte à une époque où la transformation de ses bulles de pâte gardaient tout leur mystère.

Dernière Valse à Venise de Stéphane Héaume, un roman d’amour, de rédemption, où le chiffre 7 acquiert une importance, tel un personnage qui se glisse entre les protagonistes : Rodolpho Marchant, alcoolique et ruiné et l’ancienne danseuse Dorothy White.

Loin de Venise Vivaldi, Rosalba, Casanova, de Michèle Teysseyre, a déjà fait l’objet d’une réimpression tant captivent les fins de vie de ces trois célébrités vénitiennes…

Quintet pour Venise, de Jean-Huges Larché.

Une déambulation pour esthètes épris de la Sérénissime. L’auteur nous offre une promenade. Ce court texte est un petit bijou de culture et d’amour pour la ville. Multipliant les images, il nous donne envie de nous précipiter dans l’empreinte de ses pas : « D’où je suis, je ne peux pas distinguer Santa Maria Maggiore qui est juste en face. Je me dirige en direction de San Marco par les longues passerelles inclinées qui enjambent les escaliers. Je passe devant l’église de la Piéta et je me remémore, vingt ans plus tôt, un beau concert des doubles concertos de Vivaldi en compagnie d’une femme de qualité, sous le plafond du Couronnement de la Vierge de Tiepolo. »

Serge Safran n’a pas fini de nous étonner et de nous ravir.

D’autres ouvrages suivent dont Venise à l’heure du spritz de Jean-Pierre Poccioni, roman qui, à l’occasion d’une rupture amoureuse, nous offre une Venise à la fois envoutante, perverse et finalement d’une grande générosité.

#Patricia de Figueiredo

Les conseils et livres de Serge Safran

  • Alain Buisine, L’Orient voilé, Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise (1998), Cènes et banquets de Venise (2000), Un Vénitien dit le Canaletto (2001), Les Nudités de Venise (2004),
  • Stéphane Héaume , Dernière Valse à Venise,
  • Jean-Huges Larché, Quintet pour Venise,
  • Liliana Magrini, Carnet vénitien, Casino Venier Venise, La Vestale,
  • Dominique Paravel, Alice, disparue, Nouvelles vénitiennes,
  • Jean-Pierre Poccioni, L’heure du spritz,
  • Michèle Teysseyre, Loin de Venise Vivaldi, Rosalba, Casanova,
  • Florence Vidal, L’Affaire des miroirs de Venise.

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Pour suivre Serge Safran et la Sérénissime

 

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