Vins & spirits

Le Domaine Mérieau, le Château de Chamilly et le Château Ricardelle font étinceler leurs cépages traditionnels

Auteur : Mohamed Najim et Etienne Gingembre
Article publié le 20 avril 2022

[Les pépites de la révolution viticole] A la suite d’une somptueuse dégustation au bistrot à vins Oh Vin Dieu sur invitation de leur ami Emmanuel Lechypre, journaliste économique de BFM, Etienne Gingembre et Mohamed Najim se sont fixés, sur la douzaine de domaines proposés, de mettre en avant trois domaines qui célèbrent avec brio le cépage dominant de leur région : Le Domaine Mérieau, le Château de Chamilly et le Château Ricardelle.

« Vous allez voir, les vins que vous allez déguster me semblent relever tout à fait de ce que vous appelez la révolution viticole » leur avait annoncé leur hôte Emmanuel Lechypre journaliste économique de BFM TV. La dégustation était organisée au Oh Vin Dieu, un bar à vins du 8e arrondissement (19 rue Treilhard) que Sébastien Mayol a ouvert récemment. Sa carte aligne déjà 150 références alléchantes, comme nous l’avons vérifié, à des tarifs tout ce qu’il y a de plus raisonnable.
Ce jour-là, Sébastien Mayol et son chef Ethan Goode avaient cuisiné les meilleures spécialités de leur cuisine de bistrot – le célèbre œuf mayo maison, leur non moins fameuse terrine et une splendeur de blanquette de veau aux petits légumes – qui se sont merveilleusement accordés aux domaines qui étaient proposés à la dégustation.
Pendant qu’Emmanuel Lechypre et son ami Laurent Neumann, chroniqueur politique au Point et à BFM TV, nous régalaient, un verre à la main, de leurs commentaires sur la campagne présidentielle, nous plongions notre nez et nos papilles dans des nectars blancs et des pépites rouges. Choisir, c’est renoncer, dit-on. C’est pourtant ce que nous avons dû faire entre douze domaines qui valaient tous que l’on en parle. Nous nous sommes fixés une doctrine : mettre en avant trois domaines qui célèbrent avec brio le cépage dominant de leur région.

Le Domaine Mérieau sublime les sauvignons de la Touraine

Jean-François Mérieau anime avec sa femme Emilie 35 hectares de vignes cultivées en bio sur les coteaux de la rive droite du Cher

Emilie Mérieau nous fait découvrir les cuvées du domaine familial. Avec son mari Jean-François, Emilie représente la quatrième génération d’une lignée de vignerons qui a fait ses premières vinifications à la Libération. Le Domaine Mérieau c’est 35 hectares de vignes cultivées en bio sur les coteaux de la rive droite du Cher. A Montrichard, dans le Loir-et-Cher, on est en appellation Touraine. Sans surprise, Emilie nous fait donc découvrir des sauvignons sur sols argilo-calcaire. Ce qui en revanche est surprenant, c’est la fraicheur et le bouquet floral de ces vins blancs.
Avec L’arpent des Vaudon (10 euros) à la robe jaune pâle à reflets argentés, on est sur des notes végétales rafraîchissantes et des notes de fruits blancs. Une attaque en bouche nette, qui dévoile peu à peu ses rondeurs et sa finesse.
Cœur de Roche
(15 euros) fait découvrir des arômes d’agrumes soutenus par des notes de noisette. La bouche est ample, longue avec beaucoup de gras et de volume.
Boa Moa (19 euros) est un sauvignon rose (ou fié gris, ancien cépage presque disparu) aux étonnants arômes de pamplemousse rose, de litchi et de pétales de roses. C’est un vin tout en finesse et en subtilité.

Le Château de Chamilly enchante les chardonnays de la Côte chalonnaise

Véronique Desfontaine et ses deux fils, Xavier et Arnaud Chamilly offrent une belle gamme de vins de la Côte chalonnaise.

Construit sous Louis XIV par le marquis de Chamilly, le château éponyme est depuis deux siècle la propriété des Desfontaine, elle-même famille de vignerons depuis douze générations. Ce domaine de la Côte chalonnaise est aujourd’hui géré par Véronique et ses deux fils, Xavier et Arnaud. « Nous aimons des pinots noirs fins, des chardonnays purs et droits, des vins transpirant leurs terroirs », confie Arnaud. C’est pourquoi le château de Chamilly offre une belle gamme de vins de la Côte chalonnaise – « à prix doux », souligne la « Revue du Vin de France » – et aussi une poignée de vinifications de prestige réalisées avec des raisins achetés dans la côte de Beaune (Corton Les Perrières, Pulligny Montrachet, Saint-Aubin). <
L’aligoté doit inciser la langue, réveiller les papilles et faire saliver. Leur cuvée (8,50 euros la bouteille) présente une robe brillante et pâle, un nez floral et minéral, une bouche fine, cristalline et dynamique. On l’aime à l’apéritif ou avec des fruits de mer.
Leur Montagny premier cru « Les Burnins » (19,50 euros) doit son nom aux moines convers de l’abbaye bénédictine de Cluny qui, revêtus de leur robe de bure, travaillaient ce climat reconnu dès le Moyen Age comme l’une des plus beaux terroirs de ce qui deviendrait la Côte chalonnaise. On y trouve des notes de pêche de vigne et de mirabelle, associées à un fin boisé qui enrichit sa complexité. Avec une belle minéralité et beaucoup de fraicheur dans sa jeunesse, ce chardonnay atteindra sa plénitude entre trois et sept ans.
Nous avons aussi aimé des rouges qu’Arnaud Desfontaine nous a fait déguster, tel ce Mercurey premier cru Les Puillets (28 euros). « C’est, dit-il, un vin minéral, floral, et aérien qui ravira les amateurs de précision ». Le nez de fruits noirs et de réglisse prépare à une bouche concentrée et puissante. Des tanins fins mais nombreux assurent une grande persistance.

Le Château Ricardelle réinvente les cépages du Languedoc

Bruno Pellegrini a racheté le Château Ricardelle il y a plus de trente ans.

On est en pleine AOC La Clape, à l’est de la commune de Narbonne, sur la route de Gruissan. Cette jeune appellation assemble les cépages traditionnels du Languedoc – syrah, grenache, carignan, mourvèdre et cinsault – pour nous offrir des vins puissants et gorgés de soleil. En rachetant le Château Ricardelle il y a plus de trente ans, Bruno Pellegrini, un œnologue qui avait passé des années en Italie, a voulu donner à ses cuvées un caractère plus personnel : ses vins sont pleins de fruit, soyeux, gourmands et digestes, avec évidemment ce qu’il appelle « une pointe italienne ».

Ophélie Negre Pellegrini, continue en dépit de la disparition de son mari Thomas, à développer les cuvées star du Château Ricardelle.

Ophélie, sa fille, et Thomas, son gendre, sont venus l’épauler. Thomas malheureusement disparu, « madame Dynamite » est sur tous les fronts pour maintenir (avec succès) cette propriété de 36 hectares à son firmament. Elle nous a fait déguster son La Clape Vignelacroix 2019, un vin  aux arômes de fruits rouges et de fruits mûrs, d’anis et de garrigue (13,50 euros). Faisant plus fort, elle nous a ensuite proposé une superbe bombe visuelle et aromatique.
Avec une dominante de syrah et de grenache, ce La Clape rouge Vendredi XIII de 2017 (25 euros) veut conjurer le mauvais sort, en rappelant la grêle qui a entièrement détruit la récolte un vendredi 13 juin 2014. « Des senteurs à la fois puissantes et délicates de fruits compotés, une chair concentrée et tannique se prolongeant dans une finale épicée et vanillée », raconte Ophélie Negre Pellegrini.
La dégustation s’est achevée avec Juliette, une diva, la star absolue du Château Ricardelle. Laissons la parole à la vinificatrice : « La fusion des fruits noirs, d’épices et des notes de réglisse, suffit à exalter les sens. Dans un palais ample et généreux se mêlent tanins exquis, corps svelte et arômes de cassis. Une belle longueur, marquée par quelques notes chocolatées et une finale tonique et boisée ». On trouve encore cette cuvée Juliette 2016, nommée en référence à la fille d’Ophélie et petite-fille de Bruno, sur quelques sites de vente en ligne (29 euros).

En savoir plus 

Lire : Quand le vin fait sa révolution, Etienne Gingembre et Mohamed Najim, Ed. du Cerf, 2021, 288 p., 20€, et sa « constellation de vins d’exception, de vins de gourmandise, de vins de saveurs, de vins d’émotion »

En savoir plus sur les domaines retenus :

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