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Le réseau Résilience conjugue mode inclusive et design éthique

Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 23 mai 2024

(Pour un design éthique) Emploi des personnes en difficulté ou en situation de handicap, relocalisation, éco-responsabilité : nés pendant la crise sanitaire, les ateliers textile du réseau Résilience font rayonner un « Made in France » inclusif et éthique. De la production des masques des débuts à celle des t-shirts des volontaires des prochains Jeux olympiques et paralympiques aujourd’hui, en passant par la turbulette, Jean Souflet, leur directeur général, revient avec Anne-Sophie Barreau sur une histoire à forte valeur ajoutée sociale.  

 

Economie sociale et solidaire

Jean Souflet, Directeur général de Résilience Photo copyright Résilience

Dans quel contexte le réseau des ateliers de confection textile Résilience est-il né ?

Jean Souflet. Résilience est né pendant la crise sanitaire il y a quatre ans alors que l’Etat français manquait cruellement de masques, et que parallèlement, les difficultés des personnes en situation précaire ou de handicap se trouvaient accrues. Le réseau doit tout à l’énergie de Thibault Guilluy – aujourd’hui directeur général de France Travail, précédemment Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises NDLR – et Pierre Guérin, son Président, qui ensemble, pour que ces personnes retrouvent une activité, ont eu l’idée de s’appuyer sur des structures de l’économie sociale et solidaire pour lancer un réseau d’ateliers textiles autour de la production de masques.

Quelle a été l’envergure du volet formation au démarrage du projet ?

Parmi les 80 ateliers du réseau, 75 n’avaient aucune expérience dans le secteur textile.
Autant dire que cet accompagnement, portant aussi bien sur le fonctionnement des machines que sur la couture, a été important, étant entendu que cette population en insertion ne va pas nécessairement par la suite travailler dans le secteur textile. Ces personnes passent par Résilience pour apprendre ou réapprendre à travailler en entreprise.

Inclusion et mode éthique

Avec l’objectif donc à terme qu’elles retrouvent le marché du travail classique

vue générale de l’un des ateliers Résilience Photo copyright Résilience

Le réseau comprend deux types d’ateliers, des entreprises d’insertion et des Ateliers et chantiers d’insertion (ACI) d’une part, et des entreprises adaptées d’autre part.

S’agissant des premières, les contrats sont à durée déterminée, en l’occurrence d’une durée de deux ans. L’objectif est d’insérer dans la société ces personnes éloignées socialement de l’emploi. Nous disposons du reste de structures additionnelles qui vont les aider à réfléchir à leur projet professionnel ou leur proposer des stages d’insertion pour qu’à la fin de leur contrat, elles puissent trouver un emploi dans une entreprise ordinaire. Les entreprises adaptées accueillent, quant à elles, des personnes en situation de handicap. Comme leur nom l’indique, on adapte le travail à la personne et non l’inverse. L’enjeu est véritablement d’adapter les postes de travail.

Quelles sont les autres spécificités du réseau ?

Résilience est né autour d’une triple mission, sociale, je viens de l’évoquer, sociétale, et environnementale.

Portrait d’une salariée au sein de l’atelier Résilience Photo copyright Résilience

La mission sociétale est de participer à la dynamique de relance de l’industrie textile en France en proposant de nouveaux moyens et capacités de production.

Une de nos grandes forces avec 80 ateliers répartis sur l’ensemble du territoire est de pouvoir nous engager sur de très gros volumes de production et de répondre à tous types de demandes, y compris donc des demandes d’envergure nationale. S’agissant de notre mission environnementale, nous essayons de limiter au maximum notre empreinte carbone. Si un client veut par exemple utiliser une matière spécifique, nous n’allons jamais contre son souhait, mais s’il nous donne la possibilité de choisir cette matière, nous choisissons toujours le sourcing le plus proche. Ce sont des matières qu’on veut le plus noble écologiquement.

Du reste, tous les produits proposés dans notre catalogue sont produits à partir de matières recyclées ou bio-sourcées.

Masques, turbulettes, t-shirts…

Le sac des 1000 premiers jours est un des outils du dispositif de soutien à la parentalité Photo copyright Résilience

Quelles sont vos réalisations les plus emblématiques ?

Après la production de masques, le sac « des mille premiers jours », ce sac de bienvenue et d’accompagnement remis à chaque néo-parent pour les mille premiers jours de l’enfant pendant un an et demi, dont le ministère de la santé nous a confié la production, a constitué une étape symbolique dans notre développement. Bavoir, turbulette, sac et  pochette à savon sont des produits plus difficiles à concevoir qu’un simple masque.
Une fois cette étape franchie, nous avons développé notre capacité à faire des t-shirts, des polos, des sweat-shirts, puis, un peu plus tard, des goodies, tels que des tote bags ou encore des pochons de luxe.

Le produit le plus complexe sorti de nos ateliers dernièrement est le t-shirt des volontaires pour les Jeux olympiques et paralympiques, un projet mené par Décathlon pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques.

La matière était spécifique et exigeait un certain doigté de la part des opératrices et opérateurs, les ajouts sur le t-shirt, ainsi qu’un certain nombre de définitions techniques ont encore accru la complexité.

Impact social

Quels sont les principaux atouts de Résilience ?

Les tote bags pour Zadig & Voltaire ont utilisé les stocks de tissus dormants de Résilience Photo copyright Résilience

Son principal atout est sa valeur ajoutée sociale. A travers leurs achats et leurs commandes, nous offrons la possibilité à nos clients d’avoir un impact social. Au-delà, nous leur proposons un lien avec une communauté de personnes en France avec lesquelles ils n’ont pas forcément l’habitude d’être en relation. Les maisons de luxe, par exemple, n’ont pas des personnes en insertion dans leur premier périmètre. Nous leur apportons ce lien social et indirectement cette possibilité d’avoir une contribution dans le maillage de l’écosystème français.

Notre second atout, comme je l’indiquais, est notre capacité à produire en grand volume. Nous sommes capables de faire 2000 comme des centaines de milliers de pièces.
En outre, nous pouvons aussi bien répondre à la demande d’une maison de luxe exigeante sur l’image finale du produit qu’à celle de Décathlon qui exige une certaine excellence sur la façon de produire.

De quelle façon réinvestissez-vous les bénéfices ? 

Résilience est une entreprise commerciale classique mais notre particularité est de réinvestir notre bénéfice dans des projets futurs.

L’actionnaire de Résilience est l’association « Plus de gens plus heureux ». Autrement dit, le « dividende » qui m’est demandé par l’association est d’employer le maximum de personnes et d’accompagner un développement industriel.

Jeux olympiques et paralympiques

Le T shirt des volontaires pour les Jeux Olympiques produit pour Décathlon aux ateliers Résilience Photo copyright Résilience

Quelle est votre actualité ?

Nous avons une actualité importante sur les Jeux olympiques et paralympiques. Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques s’est montré désireux d’intégrer des projets et des initiatives issus de l’économie sociale et solidaire plus qu’aucun autre par le passé. D’un côté, il y a donc les t-shirts des volontaires produits pour Décathlon. Plus de 120 000 sont sortis de nos ateliers depuis un an.
Mais nous avons aussi produit les serviettes au logo de Paris 2024 mises à la disposition des athlètes dans les stades et les lieux d’hébergement, ainsi que le bonnet du supporteur, le fameux bonnet « Phryge » pour l’entreprise « Doudou et Compagnie ». Le fait d’avoir été associés à cette dynamique est une très grande fierté.

Nous avons aussi de beaux contrats avec des maisons de luxe qui durent dans le temps et nous continuons de développer nos propres vêtements ou goodies.

Dernier chantier, celui des uniformes pour les écoliers. Il n’en est qu’à sa phase d’expérimentation, mais nous sommes en train de créer un catalogue spécifique et nous nous positionnons déjà en répondant à des appels d’offres.

Anne-Sophie Barreau

Pour suivre les initiatives du réseau Résilience

le site les ateliers textile du réseau Résilience, 139, rue des Arts – 59100 Roubaix – info@resilience.fr

« Nous voulons prouver que l’accès à l’emploi inclusif est possible pour tous, à condition de créer les conditions et l’accompagnement adéquats. »

Découvrez les tissus et matières premières recyclées utilisées par les ateliers Résilience

L’identification du T shirt des volontaires pour les Jeux Olympiques produit pour Décathlon aux ateliers Résilience Photo copyright Résilience

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