Culture
Les Excellents revendiquent d’exécuter Les Beatles et d’autres trucs (Café de la Danse)
Auteur : Calisto Dobson
Article publié le 7 octobre 2024
[And so rock ?] Avec Les Excellents, Ramon Pipin (Au Bonheur des Dames, Odeurs), jeune compositeur facétieux de 72 ans, saccage en un hommage burlesque et irrévérencieux un large panorama de la musique pop et en particulier l’album Revolver des Beatles. Calisto Dobson bluffé par l’énergie du concert du 4 octobre, vous recommande de ne pas rater celui du 14 octobre au Café de la Danse.
Est-ce que le co-fondateur du barouf Au Bonheur des Dames et l’une des têtes pensantes du groupe Odeurs pourrait reprendre à son compte la saillie de Didier Wampas : “ce n’est pas moi qui suis vieux, c’est votre musique qui est de la merde” ?
Sans doute, car Alain Ranval alias Ramon Pipin, a su garder son sens de la dérision.
Son parcours fait foi d’une truculence jamais démentie.
Musicien de haute volée, ce qui à mon sens n’est pas assez connu, ce garnement frondeur septuagénaire, auteur compositeur, interprète malicieux a gardé l’esprit de corps de la devise de son regretté camarade de chambrée satirique Costric 1er. En homme de bon goût, il le frôle sans jamais y sombrer.
En proposant de réinterpréter au ukulélé et en public une suite représentative de titres pop et rock avec au cœur du spectacle l’album Revolver le chef d’œuvre des Beatles de 1966, il a tendu le manche pour se faire battre. Une première volée a déjà été mise en bière avec soin sous le titre Ukulelum Trucidatio en 31 déprédations (disponible sur toutes les plateformes).
Oser déculotter les Fab Four, c’est comme cela qu’on le reconnait
Il fallait aussi oser recomposer en français les paroles de chansons de la culture pop dont celles du répertoire des Fab Four et les déculotter à l’aide de sonorités phonétiques proches des originaux. Dans un esprit de dérision potache à faire tomber les dents des puristes en (in)digne héritier d’une tradition française qu’il a constamment su malmener.
Accompagné de solides compères mâtinés d’un quatuor à cordes et d’une paire de cuivres rehaussés d’un cor de chasse, sous ses faux airs d’Austin Powers, il se présente sur scène en bon copain face à une salle complice qui affiche complet. En amuse-bouche, la première partie propose une série de morceaux (dé)troussés entrecoupés de vacheries brocardant l’un(e) ou l’autre des comparses.
De Hôtel Formule 1 pour Hotel California des Eagles à Galope Salope pour Get Up Stand Up de Bob Marley & The Wailers en passant par Bourg la reine pour Purple rain de Prince ou encore Elle bêle pour Hell’s Bells de AC/DC vous donnent un aperçu de la potacherie ambiante.
Une régalade d’irrespect total
La deuxième partie consacrée à l’intégralité du millésime 1966 des Beatles est une régalade d’irrespect total. En sus quelques bonus bien sentis (dont La fille boude pour une version inénarrable de I feel good de James Brown) viennent compléter une prestation qui sous ses airs de saccage absolu se veut en réalité un véritable hommage. Qui nous révèle si besoin était que quelle que soit la façon de les interpréter ces morceaux restent inaltérables.
L’impeccable mise en place musicale et la qualité du jeu des musiciens font que vous vous sentez transporté au fond d’un juke box qui vous fera sans aucun doute sentir que non ce n’est pas vous qui êtes vieux.
Si on peut peut-être aller plus loin
Pour suivre Les Excellents : leur chaine youtube
Dans les tuyaux, après s’ourdirait un projet de rejouer le deuxième album d’Odeurs chef d’œuvre d’outrances inconvenantes 1980 : No Sex !
À bon ausculteur…
- Amaury Blanchard (mini dms & perc)
- Simone Grégoire (uku, kbds, perc & vocals)
- Eric Massot (uku, vocals & comédien)
- Adrien Périer (uku bss, kbds & vocals)
- Ramon Pipin (uku & vocals)
- Jérôme Sétian ( uku, vocals & comédien)
Quatuor Impétigo, sous la direction d’Anne Gravoin
Direction musicale Bertrand Auger
Partager