Culture

Littérature : Philippe Mouazan, Sophie Loubière, Pierre Filoche.

Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 10 juillet 2020

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Philippe Mouazan, Yacinthe Pilorge, le porte-plume de Chateaubriand, Editions Yellox Concept

Connaissez-vous Yacinthe Pilorge (1795-1861) ? Il fut dans l’ombre de François-Réné de Chateaubriand (1768-1848), dont il était collaborateur le plus proche, Le « porte plume » du Vicomte n’avait jamais eu une biographie à la hauteur de son influence. C’est désormais chose faîte avec ce roman écrit par Philippe Mouazan, chanteur et écrivain breton, qui retrace avec beaucoup de délicatesse et d’affection la route de ce fils de tisserand né à Fougères ; de sa rencontre avec Madame de Châteaubriand à son rôle de secrétaire, le confident, et « passe-partout » de son prestigieux mari.

Pilorge fut de toutes les aventures du vicomte, relisant les « pattes de mouches » de l’écrivain, accompagnant le diplomate dans ces voyages de Londres, Rome, Berlin. Paravent commode entre Madame de Chateaubriand et les nombreuses conquêtes d’un bourreau des cœurs.  Toujours proche de « L’Enchanteur », jusqu’à son dernier souffle… Il dessine en pointe douce en creux un joli portrait de l’auteur des ‘Mémoires d’outre-tombe’ et les rapports d’affection qui le liaient à son ‘Leporello’.

Enfin, l’amour de la Bretagne- et du pays de Fougères notamment – et des Bretons transparait dans ces pages, qui sont de plus agrémentés d’illustrations.
Le tout est plaisant à lire, d’autant qu’il croque son sujet avec ferveur.

Sophie Loubière, Cinq cartes brulées, Fleuve Noir

Laurence Graissac vit à Saint-Flour avec ses parents et son frère ainé. Dès sa naissance, celui-ci a décidé de la détester, la rabaissant systématiquement. Ses parents divorcent après que son père est accusé d’attouchements sur sa fille. Laurence devient boulimique mais tire parti de son poids en devenant championne de lancer du marteau. Mais la vie rabat les cartes. Elle va devenir croupière pourtant difficile de gagner surtout si les cartes sont pipées….

Sophie Loubière nous avait habitués à des thrillers palpitants comme Black Coffee. Ici ce polar, inspiré de faits réels, aborde des sujets sociaux graves – le poids de la maltraitance morale, les secrets de famille, la boulimie et même les conséquences sur le cerveau des lignes à haute tension… Il tient pourtant en haleine grâce à un rythme serré jusqu’au coup de théâtre final. La construction est diablement redoutable, les personnages très bien dessinés. Pour ce 10e roman, qui a reçu le prix Landerneau 2020 Polar, Sophie Loubière tient un main de cartes parfaite pour vous surprendre.

À noter que la romancière anime aussi un blog – bloc notes où elle raconte le processus créatif de son roman.

 

Pierre Filoche, Ce bel été 1964, Serge Safran

Paul retourne pour des obsèques dans un petit village de Touraine, où il passait ses vacances d’été. L’occasion pour lui de se remémorer ce temps disparu où les choses semblaient plus douces, une certaine insouciance de l’adolescence. À 15 ans tout est possible et surtout les premières fois ; en amour avec sa tante Marie-Claire où ils se retrouvent sur la terre battue de la cabane à outils, et du premier chagrin d’amour qui s’en suit. Des anciens qui s’en vont et des vacances qui se terminent trop vite.

Pierre Filoche, auteur de romans policiers – il a participé à l’aventure du Poulpe – nous offre ici une chronique douce-amère. Un refrain de nostalgie plane sur ce beau roman où l’on entend « Ah si vous connaissiez ma poule » de Chevalier. « Un temps que les moins de 20 ans ( et même plus) ne peuvent pas connaître » mais qui s’adaptent pourtant à chaque époque. « Ce bel été 1964 » traite de la vie tout simplement et de ces petits riens qui font tout.

Références bibliographiques

  • Philippe Mouazan, Yacinthe Pilorge, le porte plume de Chateaubriand, Editions Yellox Concept. 15€. 172p. 
  • Sophie Loubière, Cinq cartes brulées, Fleuve Noir,17,90 €, 325p.
  • Pierre Filoche, Ce bel été 1964, Serge Safran, 17,90 € 192p.

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