Maroquinerie Lebeau-Courally : du fait main à l’état pur
Auteur : Pierre d’Ornano Article publié le 20 décembre 2019 à 15 h 43 min – Mis à jour le 27 décembre 2019 à 10 h 05 min
Sacs pour dames et accessoires de chasse (housses à fusil, à carabine, à lunette, briefcases, sacs de battue, cartouchières, étuis pour balles ou encore sièges de chasse, mais aussi sacs à dos et de voyage…), Lebeau-Courally produit et commercialise de véritables objets artisanaux de luxe, destinés à un public confidentiel. Découverte d’une marque de maroquinerie belge qui vend du made-in-France.
Les marques de maroquinerie artisanale de luxe de renommée internationale sont rares. Et celles qui sortent des produits qui ne se résument pas à du simple assemblage, mais intègrent tout le process de fabrication sont plus rares encore.
Outre-Quiévrain, une marque, Lebeau-Courally – qui fabrique depuis le milieu du XIXe siècle des armes de chasse renommées mais aussi, depuis plus récemment, des montres -, fait partie de ces maroquiniers qui travaillent artisanalement, à la commande. Singularité et gage d’authenticité, chaque exemplaire qui sort des ateliers est numéroté et les collections sont en production limitée.
Autre particularité, cette marque belge a, depuis 2015, un atelier en France. C’est de Dijon Maroquinerie, sise à Vaux-sous-Aubigny (Haute-Marne – 52), rachetée en 2015 par l’industriel Joris Ide (propriétaire depuis 2010 de Lebeau-Courally), que sortent les sacs et les accessoires de la marque. La première collection de maroquinerie a été produite en 2013.
La maroquinerie artisanale de luxe c’est d’abord une matière première d’exception. Le choix des peaux est donc essentiel. Celles destinées à arborer la marque Lebeau-Courally proviennent notamment des Tanneries des Cuirs d’Indochine et de Madagascar (TCIM), propriété d’Hermès, sise à Vivoin dans la Sarthe. L’entreprise est spécialisée dans les peaux précieuses de crocodile, de lézard ou de serpent. Des peaux qui viennent d’élevages situés en Australie, en Louisiane ou encore en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Lebeau-Courally se fournit également en Angleterre, à la tannerie anglaise J. & F.J. Baker, sise dans le Devon, une des seules aujourd’hui à transformer encore les peaux avec des tanins végétaux. Le tannage végétal est notamment dédié aux peaux les plus épaisses, destinées à la maroquinerie de chasse.
Les peaux sont aussi lissées à la pierre d’agate ce qui procure au cuir une surface bien plane et lui donne du brillant. En outre, peaux et métaux nécessaires à fabrication des sacs et des autres accessoires sont traités en tenant compte des contraintes hygrométriques, car les produits voyagent dans le monde entier, en Russie en Inde ou en Afrique où les climats altèrent les peaux et les métaux. Ainsi, la finition des pièces métalliques ont une couche de protection d’une épaisseur de 0,25 microns.
Dijon Maroquinerie : une renaissance couronnée de succès
Fleuron de la maroquinerie artisanale française, fondé en 1907 par Charles Guené, Dijon Maroquinerie a bien failli disparaître. L’atelier, qui à ses débuts fabriquait des sacs en perles et des bijoux fantaisie, avait été porté par le maelstrom des fêtes des années folles et l’engouement pour les parures. Dès 1939, Pierre-Jacques Guené, le fils du fondateur, va orienter l’entreprise dans la fabrication d’articles en cuir en sous-traitance. L’atelier va rapidement travailler pour des grandes marques de luxe comme Chanel, Dior, Lagerfeld ou encore Nina Ricci. La maroquinerie comptera jusqu’à 4 unités de fabrication fera travailler près de 500 personnes dont des artisans locaux. Mais viendront les années sombres et, en 2014, l’entreprise est en liquidation judiciaire. Joris Ide reprend l’atelier de Vaux-sous-Aubigny en 2015. L’année suivante, la maroquinerie élargira sa gamme aux articles de chasse et d’équitation. Aujourd’hui, les 14 salariés, toutes des femmes, attachées à la production continuent de travailler pour des marques de luxe et pour la ligne d’articles développée par Lebeau-Courally.
Conserver les valeurs traditionnelles et les process de l’artisanat n’est pas incompatible avec la haute technologie. Si le tour de main prime chez Dijon Maroquinerie (il faut 50 à 80 outils pour produire un sac Lebeau-Courally), l’atelier est aussi équipé d’un traceur de découpe de haute technologie, l’EliCut K1 Booster de Elitron, doté notamment d’un système de projection vidéo intelligent. Un plus qui apporte de la précision dans la découpe, améliore les conceptions et permet la production de pièces d’une qualité exceptionnelle.
« Last but not least », Lebeau-Courally est le seul maroquinier de luxe à offrir du tout cuir. « Tous les sacs sont doublés cuir. L’extérieur et l’intérieur sont montés ensemble et collés, avec des piqûres apparentes, également en extérieur et intérieur. Et chaque sac est renforcé par du tissu placé entre les cuirs. Ces renforts permettent d’assurer une bonne tenue et une longévité optimale au sac et lui ‘donne son âme’ », déclare Fabien Guené.
Ne laissez plus la culture au hasard. Affirmez votre singularité !
Inscrivez-vous à la newsletter Singulars pour recevoir chaque semaine dans votre boite mail, quelques unes des pépites de notre culture mondiale dénichées par nos contributeurs.