Lifestyle

Parfum d'empire du nez Marc-Antoine Corticchiato, entre sens et essences

Auteur : Marie-Laure de Vienne
Article publié le 12 juin 2019 à 18 h 19 min – Mis à jour le 17 juin 2019 à 8 h 53 min

Le nez Marc-Antoine Corticchiato est un homme qui sous l’empire des sens et l’emprise des essences a créé une maison artisanale de parfums, Parfum d’Empire. Portrait d’un passionné atypique en recherche d’une certaine spiritualité sur le chemin du sens olfactif et de l’humain.

Son nom à lui seul, Corticchiato, transporte dans le sud et la Corse. Il nomme sa maison Parfum d’Empire. Dès le premier abord il parle de ses jus comme des parfums de conquête et son flacon est orné d’une couronne de lauriers. Alors tout porte à croire que l’homme en pince pour Napoléon ! Non… Corticchiato admire Bonaparte dans la mesure où il est un homme, qui parti de rien comme de nombreux Corses a eu un destin hors du commun, mais une fois devenu empereur il le considère comme autoritaire et ennuyeux.

Marc-Antoine Corticchiato et ses jus. Photo © Marie-Laure de Vienne

Un travail autobiographique au début

Originaire de Corse, imprégné des odeurs du maquis, Corticchiato grandit au Maroc où les cultures d’agrumes deviennent un premier terrain de jeux olfactifs. Mais passionné d’équitation, la douceur des orangers est vite supplantée par des odeurs nettement plus tenaces, celle de l’univers équestre : crottin, paille, sueur, urine des chevaux, cuir des selleries sautent aux narines de ce champion de sauts d’obstacles. Entre Equistrius, son cheval de compét’ pour des parcours de 1 m 50 et les plantes dont les incroyables différences olfactives l’intriguent ; Marc-Antoine Corticchiato hésite avant de se sentir réellement attiré par l’analyse des odeurs. Et d’avouer qu’il a été presque rattrapé par la magie sensorielle de son enfance, d’où un premier jus « Eau de Gloire », hommage inconscient à son père parti vers l’aventure au Maroc.

Musc Tonkin : une odeur puissante et érotique évoquant une note suave et exotique du musc produit au Vietnam. Photo © DR

Plus qu’une marque de niche, une marque artisanale pour curieux

Comme ses chevaux, Corticchiato a des propos fougueux et il revendique être à l’opposé des maisons consensuelles et commerciales. Cependant il ne veut pas qu’on parle de ses parfums comme des parfums « segmentants, polarisants ». Ce sont là des « termes du marketing pour dire soit qu’ils seront difficiles à vendre, soit qu’ils ne sont qu’à la portée d’initiés ». Notre nez aimerait éveiller la curiosité olfactive des consommateurs afin qu’ils ne soient pas menés par le bout du nez par les tendances des grands groupes : « il ne faut pas gober bêtement le marketing des industriels ».
Laissez-vous « surprendre par la différence, laissez parler votre curiosité olfactive et vous irez vers des sentiers insoupçonnés » : tel est son souhait afin qu’une personne abonnée aux chyprés se découvre un coup de foudre pour un hespéridé ou un boisé.
Et de s’attrister sur les marques de niche qui aujourd’hui perdent leur âme première en étant rachetées par les groupes. Pour être dans la tendance, nombreuses sont les marques qui surfent sur la notion de « niche » avec néanmoins le soutien financier des industriels. « Il n’y a donc presque plus de place pour les vrais artisans » qui ont de réelles exigences de qualité et de quantité de matières premières naturelles.

Le Cri : un jus radieux et aérien, synonyme de renaissance avec ambrette, iris, rose et musc végétal. Photo © DR

Ecce Marc-Antoine Corticchiato… percevoir l’humain

Comme les grands passionnés, Marc-Antoine Corticchiato met l’humain au coeur de son travail, navigue entre coups de foudre et recherche de soi-même. « Quand je crée une fragrance, je pense à une histoire, une matière, un paysage, une abstraction et je pose l’humain au centre de l’odeur ; mais en aucun cas, je ne vise une cible particulière, comme le font les nez qui travaillent pour les marques du sélectif. Je déteste les briefs du marketing qui sexualisent les jus pour les hommes, les blondes, les brunes, les millennials, les femmes mûres, pourvu que la classification ‘parfums maculins-féminins’ se ringardise ! Je ne fonctionne qu’au feeling, qu’à un projet qui me botte sans regard sur le prix des matières premières. »

Un parfum pour une quête de soi

« Pour moi, le parfum doit être une histoire de conquête de soi, de l’autre, de spiritualité soit divine ou amoureuse en allant vers des jus liés au sacré ou à l’érotisme. » ‘Wazamba’ est un boisé où l’encens de Somalie, la myrrhe du Kenya, le santal d’Inde font vibrer les mystères du sacré. ‘Cuir Ottoman’ est intense comme l’âme slave et exalté par l’ambre, les effluves de thé, le mythique cuir de Russie et les fumées de l’encens des églises. En hommage aux peuples amérindiens qui célébraient le sacré des ses volutes, ‘Tabac Tabou’ est un sillage autour du tabac se déroulant sur fond de miel et d’herbes folles.

Tabac Tabou : ce jus là, un tabac chamanique et pénétrant, a reçu un Fifi Awards ‘prix des experts meilleure fragrance d’une marque de niche’ en 2016. Photo © DR

D’autres jus sont plus des élixirs d’amour tels que « 3 Fleurs » qui raconte l’amour en 3 temps, la rose pour l’amour passion, le jasmin pour l’amour romantique et le tubéreuse pour l’amour interdit. De son côté, « Musc Tonkin » est une aura puissante addictive et érotique. Les dernières créations de Corticchiato, Le Cri et Aqua di Scandola (à venir en septembre) témoignent de cette recherche du parfumeur vers la lumière, la création de Dieu, son aura solaire ou ses nimbes marines.
Ce sont là des jus indescriptibles comme Corticchiato, cet artiste conquérant balloté par ses passions et ses sens.

Eau Suave : un élixir d’amour charmeur et enjoué sur un cocktail de roses, de fruits, d’épices, de vanille et de patchouli. Photo © DR

Notre jus chouchou : Eau Suave

Notre fragrance préférée parmi les 18 existantes est cette ‘Eau Suave’ où se cache la figure maternelle de Corticchiato en réponse à ‘Eau de Gloire’ créée en hommage à son père. ‘Eau Suave’ évoque les roseraies de la Malmaison, les variétés de roses Joséphine, Pourpre et Vénus. Mais en aucun cas ce jus n’est un floral mièvre, c’est un chypré ultra sensuel où la rose un peu fruitée (framboise, pêche, abricot) se corse d’épices (coriandre, safran) avant de devenir charnelle par des mousses de chêne, de patchouli et de musc.

Suivre Parfum d’empire du nez Marc-Antoine Corticchiato

Parfum d’Empire

Lieux de vente:
à Paris chez :
Jovoy
4 Rue de Castiglione 75001
Liquides Paris bar à parfums
9 Rue de Normandie 75003
-Marie-Antoinette
5 Rue d’Ormesson 75004

Parfum d’Empire

Lieux de vente:
à Paris chez :
Jovoy
4 Rue de Castiglione 75001
Liquides Paris bar à parfums
9 Rue de Normandie 75003
-Marie-Antoinette
5 Rue d’Ormesson 75004

et dans des parfumeries de niche à
Lille : Ombres Portées
24 rue Bartholomé Masurel 59 000
Lyon : Atelier Parfumé
27 rue Tupin 69 002
Bordeaux : La Parfumerie Bordelaise
17 rue du temple 33 000
Cannes : Taizo
120 rue d’Antibes 06 400

Tarif : Eau de parfum 100 ml, 130 €.

Partager

Articles similaires

Courbet, la maison de joaillerie éco-responsable de la Place Vendôme

Voir l'article

Sculpter les Sens, Iris Van Herpen annonce l’émerveillement du monde à venir (MAD Paris)

Voir l'article

Alexandre Esteves transforme des objets hors d’usage en design « low tech »

Voir l'article

Parfums d’Orient ou la civilisation des senteurs (Institut du Monde Arabe IMA – Skira)

Voir l'article