Culture

Paris Asian Art Fair 2024 : 10 soloshows (Monnaie de Paris)

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 17 octobre 2024

Pour son 10e anniversaire, Asian Now – Paris Asian Art Fair 2024 fondée et dirigée par Alexandra Fain, réussit à s’imposer dans un environnement encombré (Art Basel Paris, Modern Art Fair, AKAA, Design Miami, …) comme la seule foire en Europe dédiée aux artistes historiques ou émergents provenant de 28 territoires à travers l’Asie, allant de l’Asie centrale à la région Asie-Pacifique, en incluant par l’Asie de l’Ouest, du Sud, du Sud-Est et de l’Est. Cette année les 70 galeries internationales ont joué le jeu du « Soloshow » rendant le travail d’Olivier Olgan plus difficile tant les propositions sont passionnantes. Il s’est tout de même risqué à une sélection de 10 à découvrir jusqu’à dimanche !

 

Jane Yang-D’Haene, Becoming me again (Galerie italienne)

Jane Yang-D’Haene (Galerie italienne) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Née en Corée et basée à Brooklyn , Jane Yang-D’Haene travaille principalement la céramique. Ses œuvres, spectaculaire par leur variété et leur densité sont ancrées dans les traditions du 달항아리, Dagangari ou jare de lune. La peinture devient sculpture.

« Mes formes sont assez simples ; je réalise mes propres versions de formes en céramique coréenne. La plupart sont fabriquées à la main en utilisant une technique classique de la bobine, un processus lent mais que j’apprécie.
Le facteur expérimental est toujours en jeu, dans le matériau lui-même, en commençant par mélanger différents corps d’argile pour obtenir une finition inattendue sur la surface.
Je joue ensuite avec les couches et les glaçures. Les pièces en forme de dôme nécessitent plusieurs cuissons et c’est ce qui est le plus excitant car je peux être à la fois peintre et savant fou. C’est toujours une surprise lorsque j’ouvre mon four. Je n’obtiens jamais deux fois le même résultat et c’est ce que je trouve le plus attrayant dans la céramique.
 »

Dans la matière, l’artiste confronte les souvenirs d’enfance aux souvenirs encore vifs que son corps malade porte dans sa chair. Ses dernières œuvres se recentrent sur la vulnérabilité et la fragilité du corps, où la perfection n’existe pas. Le propos est universel, et nous force à admirer l’immense élégance avec laquelle elle se dévoile.

Jane Yang-D’Haene (Galerie italienne) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Junseok Mo, Esthétique de la coexistence (Galerie Quand les fleurs nous sauvent)

Ce qui frappent dans ses structures métalliques, si légères de Junseok Mo, c’est le vide qu’elles sculptent.

J’ai toujours pensé en regardant le travail de MO, qu’il existe une évidente complémentarité entre ses esquisses, ses modelages et ses sculptures en fil de cuivre, résultant de son questionnement ; tout s’accorde et tout s’imbrique ; l’un va vers l’autre jusqu’à l’évidence, la transparence ; ceci aussi parce que le tout est un composé de lignes, de vide et de superpositions, comme le résume l’artiste lui-même.

 

Junseok Mo, rencontre à la frontière, 2019 (Galerie Quand les fleurs nou sauvent) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Junseok mo interroge les frontières qui nous divisent, en nous confrontant à des structures aux espaces vides. le sens qu’il leur confère s’inspire du mot coréen 공간 [空間, gong gan] « entre le vide », et signifie pour lui qu’un espace vide ne peut être créé qu’entre deux êtres ou deux éléments, l’espace devient alors porteur de nos relations aux autres, et l’habitat notre premier lieu de coexistence.

Mon travail explore la coexistence avec les autres à travers la notion de communauté. Ainsi, je montre un village construit non seulement sans murs, mais aussi ouvert aux autres.” 
Quand on rencontre l’autre, c’est la différence qui apparaît : le visage, l’origine, la pensée, le mode de vie. En vivant en France et même en Corée, je fais face à beaucoup de différences linguistiques et culturelles. Mon travail s’intéresse à cet écart créé par autrui.”

Lorsque les maisons sont entièrement vidées – de tout ce qui encombre, de la présence humaine, des objets et des murs –, lorsque les maisons sont vides – qu’elles ne contiennent rien de perceptible, qu’elles sont dépourvues de leur contenu – on se sent vierge et même prêt à partager l’espace / les espaces avec les autres. Les nombreux ‘je’ exclusifs deviennent des ‘nous’ ensemble – l’un avec l’autre, les uns avec les autres –. C’est à cette question que je tente de répondre ; je cherche à vider l’espace petit à petit pour permettre de rencontrer l’autre, les autres”.
(extrait Les respirations de Junseok Mo, Xavier Guillon, 15 avril 2019, Zone Franche.media.

Junseok Mo, esthétique de la coexistence, (Galerie Quand les fleurs nous sauvent) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Aki Kuroda, Sélection rétrospective d’œuvres (Galerie Yoyo Maeght)

L’artiste est surement l’un des doyens de cet Asian Show. Aki Kuroda se questionne sur la place de l’homme dans l’univers. Il joue et se joue de toutes les dimensions, de toutes les distances, patiemment, il explore le cosmos, le temps, le silence, la nuit.

Dans des espaces qui se chevauchent et parfois s’entrechoquent, Alice croise le lapin, le Minotaure veille, les planètes se baladent, le fil d’Ariane nous guide au travers du labyrinthe, de mystérieux animaux survolent des villes qui surgissent de la nuit spatiale et s’organisent pour que la figure humaine trouve sa place dans leurs méandres.

Aki Kuroda, oeuvres diverses (Galerie Yoyo Maeght) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Pour ses 80e anniversaire, Olivier Kaeppelin, l’ancien directeur de la Fondation Maeght a écrit un texte solaire dont nous avons retenu un extrait : «  Aki Kuroda avec les figures qu’il dessine, les couleurs qu’il fait éclater, sur la toile, comme des astres ou des fleurs rouges, n’abandonne jamais l’idée de passer, grâce à la peinture, dans un espace au-delà où tout se découvre. Très souvent, vous verrez son personnage archétypal Silhouette, profil matissien comparable au Standart brut de A.R. Penck, s’avancer vers le fond du tableau où la géométrie laisse supposer un « seuil »,  une porte vers lequel il nous guide.

Au milieu des fatras, des troubles et des feux du monde, il nous rappelle, une fois encore avec Apollinaire : qu’« il est grand temps de rallumer les étoiles ». lire plus

Aki Kuroda, oeuvres diverses (Galerie Yoyo Maeght) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Ya Chin Chang, œuvres (Perrotin)

Ya Chin Chang, (Perrotin) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

De loin les peintures de Ya Chin Chang par leur composition et la technique  du clair-obscur et sa palette de couleurs atténuées rappellent la délicatesse des natures mortes européennes du XVIIe siècle et XIXe siècle. Ne vous y fiez pas ! En vous rapprochant, vous découvrirez la fantaisie et l’humour des représentations qui s’éloignent de la peinture d’après nature.  Chaque collation devient un personnage pétillant de vie dans de petites vignettes pleines d’action.

Son art peut être complexe ou simple et tente de tendre une main invisible d’empathie à travers la fantaisie et un peu de nostalgie. Dans ses peintures à l’huile, à travers le contraste des objets contemporains et de la technique et de l’esthétique de la peinture du XIXe siècle, elle explore les facettes de notre expérience humaine commune, espérant découvrir des moments d’imagination et peut-être de magie dans la réalité.

Le résultat est une célébration ludique de la vie et de la culture, et de l’un des plus grands plaisirs de la vie : la nourriture.

Ya Chin Chang, oeuvres (Perrotin) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Shin Sung-Hy (Galerie Françoise Livinec)

Shin Sung-Hy. Galerie Françoise Livinec Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Le travail de Shin Sung-Hy est une quête constante pour transcender les principes fondamentaux de la peinture. Sa variété de recherches artistiques se reflète dans l’ensemble de son œuvre. Il s’est attaqué à des questions telles que la planéité de la toile, la matérialité des pigments et les limites du cadre de la toile, pour aboutir à l’invention de sa méthode de nouage consistant à tisser et à nouer des bandes de toile peintes. Dans ces œuvres, l’artiste peint les deux côtés de la toile et la déchire en fines bandes de manière régulière ou non ; ensuite il tisse les bandes les unes aux autres afin de constituer un ensemble de nœuds tendus sur un châssis.

Shin Sung-Hy. Galerie Françoise Livinec Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

En tissant et en nouant les bandes ensemble, Shin reconfigure les matériaux en de nouvelles peintures constituant une étendue monochromatique de blanc avec des couleurs nouées.

Grâce à cette technique, la toile tissée de nœuds et de trous devient un relief tridimensionnel qui détruit la surface plane, faisant passer la toile elle-même en œuvre d’art. Dans ce relief, des lignes texturées et planes coexistent au sein de cette sculpture picturale ou de cette peinture sculpturale, perturbant ainsi l’identité des différents genres – une réalisation significative dans la révolution picturale.

Xiao Guo Hui, Le théâtre du Paradis (Galerie Fabian Lang)

Xiao Guo Hui, The Martyrs of Beauty, 2024, Le théatre du Paradis (Galerie Fabian Lang) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Avec la technique ancestrale de la détrempe à l’œuf, le Théâtre du Paradis de Xiao Guo Hui maitrise le langage visuel de la Renaissance européenne, au moment où les tableaux de scènes religieuses ont cédé la place aux tableaux de la vie quotidienne, comme chez Brueghel, ou aux fantaisies absurdes de Bosch ou de Goya. Ils mélangent sans effort la Renaissance, le maniérisme, la peinture Ukiyo-e et peut-être un peu de Francis Bacon. L’artiste fait preuve d’une patience, d’un souci du détail cruel infinis. Malgré tout le sérieux de la peinture, ses œuvres ont toujours quelque chose d’ironique. Pour mieux le détourner!

On y voit la scène presque éternelle de la vie humaine, avec ses luttes, ses besoins, ses absurdités et ses routines ; le décor européen transmet à la fois la particularité et une sorte d’expérience universelle. L’individu règne ici en maître, le regard du peintre aussi !

Ce genre d’égoïsme démoniaque, de fanatisme anarchiste et de spectacles étranges produits alors que le virus invisible sévit évoque aussi la description de la peste par Antonin Artaud dans son grand Théâtre de la cruauté.

Xiao Guo The audition, 2024, Le théâtre du Paradis (Galerie Fabian Lang) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Ng Joon Kiat (Yeo Workshop)

Ng Joon Kiat (Yeo Workshop) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Depuis la fin des années 1990, les « boites » (quand elles sont refermées) de Ng poursuit une pratique à la fois conceptuelle et matériellement ancrée; elles recèlent à la fois des souvenirs personnels pétries de recherches d’archives couvrant la géographie, la science microscopique, l’histoire, la cartographie, l’histoire de la chirurgie et l’urbanisme.

Au fil du temps, elles remettent en question les limites des constructions identitaires fixes telles que la nationalité, en recadrant le rôle du peintre en tant qu’enquêteur et participant actif dans un monde en mutation.

Défiant les frontières imposées par l’homme, Ng s’inspire des forces de la nature qui agissent à leur guise. Looking at the South China Sea 2 (Regarder la mer de Chine méridionale) illustre ce sentiment.
Peintes sur des carnets ensuite reliés, les œuvres sur papier capturent l’aventure et l’imprévisibilité de la nature, teintées de l’odeur du sel marin et de l’expérience viscérale d’être dans l’environnement. Qu’ils soient piégés dans des endroits reculés ou qu’ils luttent contre des phlébotomes sur la plage, les tableaux de Ng font émerger des courants sans frontières de la nature qui ne peuvent être ni contrôlés ni revendiqués par qui que ce soit.

Ng Joon Kiat (Yeo Workshop) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Mirna Bamieh, Sour Things : the Pantry  (NIKA Project Space)

Mirna Bamieh, Sour Things, Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

L’artiste palestinienne Mirna Bamieh, basée à Lisbonne a aménagé elle-même l’espace de la galerie, associant plusieurs médias, tableaux, pièces murales en céramique et objets organisés sur le process de fermentation et de conservation qu’est le garde-manger, un espace essentiel et tourné vers l’avenir dans la maison, destiné à fournir de la nourriture en période de pénurie et de pénuries saisonnières. Le garde-manger incarne une sensibilité contradictoire. D’un côté, il offre la résilience et la conviction que les temps difficiles seront surmontés. De l’autre, il anticipe la catastrophe.

La fermentation, pour Bamieh, est avant tout transformatrice. C’est l’une des plus anciennes techniques de conservation des aliments, qui remonte à des millénaires dans toutes les cultures.

Son hommage à ces traditions alimentaires anciennes et mondiales ancre sa pratique multidisciplinaire dans la réalité géopolitique de la Palestine, où le patrimoine alimentaire, les plantes patrimoniales, la mémoire et le lieu sont constamment menacés d’effacement.

L’artiste trouve dans la nourriture un défi, un réconfort et, finalement, un horizon. Le sel est l’espoir, le sel est le temps futur, celui d’un rassemblement où le geste d’ouverture d’un bocal de ferment à partager est à nouveau possible.

Mirna Bamieh, Sour Things, Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Boa Vuong, Horizons (A2Z Art Gallery)

Boa Vuong (A2Z Art Gallery) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Entre ce que l’on voit et son évocation, entre le mirage et la réalité, entre la lumière et l’ombre, les tableaux de la série The Crossing sont une recherche plastique puissante et une recherche poétique de ce qui lie Bao Vuong à son pays perdu. Dans sa pratique artistique, il tente d’illustrer ses recherches personnelles concernant la trajectoire de sa famille, du Delta du Mékong à l’exil, vers l’ailleurs. L’utilisation de matières premières simples (comme des galettes de riz, de l’encens, des sacs plastiques, de la peinture à l’huile brute, de l’eau) lui permet d’aller à l’essence du sujet, et de tenter d’en extraire toute la profondeur.

Les monochromes noirs de Bao Vuong sont au départ la projection du traumatisme de l’exil de sa famille, des nuits en haute mer vécues par d’innombrables boat people, la même vision que connaissent des milliers de migrants à travers les siècles et chaque jour encore.

S’inspirant des terreurs et des tristesses qu’accompagnent l’exil, Bao Vuong utilise de grandes masses de peinture noire qu’il sculpte, dessine minutieusement chaque vague comme une litanie, un mantra.

Boa Vuong (A2Z Art Gallery) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Nước (pays en Vietnamien) désigne dans un même temps ce qui sépare et ce qui est séparé, les océans qui isolent et tiennent éloignés les pays les uns des autres, les peuples et leurs cultures. Mais l’eau de ces mers est ce qui permet aussi de se rejoindre, de se retrouver, de faire le chemin l’un vers l’autre. Devant elle, chacun doit trouver le courage nécessaire pour avancer malgré les vagues, les tempêtes, et vaincre la distance à franchir qui le sépare encore de la rive, du repos, d’un pays nouveau.

Il nous dit en peignant : “Quand je m’identifie à l’océan, je sais que je ne peux pas me noyer”.

Gulnur Mukazhanova, Bosaga (Galerie Michael Janssen)

Ses vastes tissus de soie et de velours bariolés tendus sur des toiles attirent le regard du spectateur pour s’y plonger. Des matériaux comme le feutre et la gaze deviennent un moyen de subvertir des pratiques et des visuels anciens. Elles méditent sur les cultures en mutation en employant le langage de l’abstraction.

Gulnur Mukazhanova, Bosaga, Threshold 2-3-1, 2024 (Galerie Michael Janssen) Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Au cœur de la pratique de l’artiste se trouve une recherche et un traitement de la société kazakhe dans son ensemble, où l’artiste a vécu l’effondrement soviétique et l’adoption ultérieure du capitalisme comme deux transitions abruptes et des ordres migratoires. Depuis son émigration à Berlin, l’artiste a affiné son observation des identités post-nomades.

Bien que ce terme soit aujourd’hui souvent utilisé pour désigner le nomade numérique vivant dans l’aliénation ou l’isolement par rapport à sa culture enracinée, l’œuvre de l’artiste saisit la tension entre l’enraciné et le non-enraciné en observant les pratiques visuelles développées dans les communautés nomades du Kazakhstan.

Daisuke Tajima, Beyond the lines (Square Street Gallery)

Daisuke Tajima, Beyond the lines, Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Les dessins à l’encre noir et blanc de Daisuke Tajima ont un pouvoir hypnotique qui attire le spectateur. Il est facile de se perdre dans les paysages urbains complexes de l’artiste japonais, dont la répétition et la taille imposante forment des vallées sans fin et des sommets inimaginables.

Le travail de Daisuke Tajima examine l’élan des mégapoles d’aujourd’hui, qui est sous-tendu par l’ambition, l’accélération et l’apathie totale.  Avec deux séries d’œuvres distinctes : la série « jour » et la série « nuit », la première rendue à l’encre noire sur fond blanc et la seconde déployant de l’encre blanche sur fond noir. Apparemment stériles de loin – avec leur présence structurée et plus grande que nature – les dessins de Tajima révèlent leur humanité lorsqu’on les examine de plus près, des flaques d’encre brisant les lignes faussement droites.

Entre ces lignes, Tajima ouvre au spectateur un espace fantastique, révélant la disparité entre l’aspiration à la modernité et l’expérience vécue ; à mesure que chaque aspect de nos vies est emballé, marchandisé et vendu, nous nous trouvons de plus en plus aliénés de nous-mêmes et du monde dans lequel nous vivons.

Daisuke Tajima, Beyond the lines, Asian Show 2024 (Monnaie de Paris) Photo OOlgan

Dessinées à la plume de cartographe sur des panneaux fabriqués à la main, les villes de Tajima sont à la fois des sites d’expansion abondante et de destruction chaotique, souvent visualisées respectivement par les grues et les chars d’assaut qui les parcourent.

Dans les mains de l’artiste, le paysage ne devient plus une fenêtre, il solidifie l’espoir d’expansion et l’isolement inscrits dans le scénario aliénant du développement. Ils sont pharmakon – à la fois poison et remède.

Voici 10 choix subjectifs à vous de vous faire les vôtres jusqu’au dimanche!

Olivier Olgan

En parallèle : Art Basel Paris 

Si vous ne faites pas partie des heureux collectionneurs ou VIP qui peuvent arpenter les allées du Grand Palais depuis mardi 16, les trois jours qui restent pour le « grand public » jusqu’au 20 octobre 2024 ne suffiront à peine à découvrir l’ensemble des trésors amassés des 65 galeries. On ne sait plus où poser les yeux tant la qualité est au rendez vous !
En revenant au Grand Palais rénové, les surfaces d’expositions semblent illimitées sur les trois niveaux désormais fonctionnels, 24 heures sont très justes pour tout découvrir!

Peu de soloshows, sauf dans quelques galeries émergentes, l’heure pour séduire et fidéliser les collectionneurs n’est à la prise de risque, mais aux valeurs sûres, avec beaucoup de peintres surréalistes (Magritte, Tanguy, Masson, Léonor Fini, ...), exposition du Centre Pompidou oblige
sauf une exception ! celui dédié à Tschabalala Self, artiste polyvalente (vue au Consortium Dijon) dans une remarquable mise en espace autour d’un espace domestique scénographié!

My house, de Tschabalala Self à la galerie Eva Presenhuber – Art Basel Paris 2024 (Grand Palais) Photo OOlgan

Dénommé ‘My House‘, l’artiste associe peintures, sculptures et objets d’art fonctionnels et reste fidèle à ses convictions intersectionnelle et panafricaniste. Inspirée de la figure de Saartjle Baartmann (1789-1815) dont la dépouille trophée fut exposée au Musée de l’Homme jusque dans les années 70′, elle propose un univers alternatif où la femme noire aurait le contrôle sur son environnement et son propre corps.

My house de Tschabalala Self à la galerie Eva Presenhuber Art Basel Paris 2024 (Grand Palais) Photo OOlgan

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