Culture

Petit carnet de lecture : Michèle Bauby-Malzac, Lire et Faire lire

Auteur : Patricia de Figuieredo
Article publié le 17 août 2020

Depuis 20 ans, l’association Lire et Faire lire nourrit et promeut le lien intergénérationnel indispensable de la lecture; elle tisse un réseau national de seniors qui partagent leur plaisir et la curiosité de la lecture avec un petit groupe d’enfants. Sa Présidente Michèle Bauby-Malzac a son tour partage ses lectures.

Michèle Bauby-Malzac, présidente Lire et Faire Lire @ DR

N’opposons pas numérique et lecture, à nous de les rendre complémentaire.

Alexandre Jardin, romancier, et Pascal Guénée, ancien Président du Relais civique, ont créé l’association Lire et Faire lire, en 1999 pour remettre en valeur le lien entre un sénior bienveillant et un petit groupe d’enfants autour d’un livre.
Ce qui est important ? c’est la médiation, la relation, qui ne peuvent se faire qu’autour d’un livre.  » Nous ne sommes pas dans l’apprentissage de la lecture, comme les enseignants, soutient sa présidente, Michèle Bauby-Malzac. mais dans le plaisir de la lecture.

Par ailleurs, l’association a travaillé avec Sara Maraji, docteure en psychologie : ses études montrent que le numérique modifie la relation à la lecture.

En effet, les pages n’existent plus, la lecture sur écran est plus discontinue, distractive. À l’inverse, la lecture sur papier fait travailler la patience, la persévérance. En remettant de l’humain au cœur du numérique, grâce au lien intergénérationnel, la présidente de Lire et Faire lire revendique tout de même la belle définition d’Erik Orsenna, « la lenteur délicieuse de la lecture. »

Carnet de lecture

Je fonctionne au coup de cœur. La plupart du temps, ce sont mes amis ou mon libraire qui me conseillent. Je retiendrai quatre titres :

« L’Hibiscus pourpre» de Chimamanda Ngosi Adichie, une auteure nigériane engagée. Ce roman, écrit en 2003, avait reçu le prix de meilleur roman du Commenweath. L’histoire vue à partir du regard de la fille, d’une famille bourgeoise africaine aisée avec un père très rigoriste, religieux, très violent avec sa femme et ses enfants mais admiré et vénéré. Pendant le confinement, ma fille a réalisé une vidéo « La Claque » autour des violences faîtes aux femmes, qui faisait écho à ce livre.

Avant le confinement, sur le conseil de ma libraire, Isabelle de la Librairie Imagigraph, rue Oberkampf, « Un autre Tambour » de William Melvin Kelly. Le récit étonnant d’un départ de tous les Noirs d’une petite ville imaginaire dans les années 60, fait par les Blancs qui restent dans cette ville. Le livre qui trouve une certaine résonnance dans le contexte actuel.

« Romanzo criminale » de Giancardo de Cataldo inspiré de l’histoire vraie d’une bande de criminels à Rome pendant les années de plomb. Il est construit comme une tragédie grecque avec une fin cynique et pessimiste.

« Les Fureurs invisibles du cœur » de John Boyne, une grande fresque dans une Irlande très catholique, d’une fille mère et de son fils qui va assumer son homosexualité. Un livre assez émouvant, un peu mélo-dramatique par moments.

Bien que de style et de point de vue différents, nous retrouvons dans ces quatre livres une dimension sociale et historique que j’apprécie beaucoup en littérature. Ils posent des interrogations sur la famille, les violences faites aux femmes, sur le poids des intégrismes religieux, les traditions ancestrales, la difficulté à être soi.

extraits de propos receuillis pour Culture Papier, mai 2020

Aller plus loin avec Lire et Faire Lire

Partager

Articles similaires

Le Menteur, de Corneille (Théâtre de Poche Montparnasse)

Voir l'article

Le carnet de lecture de Catherine Soullard, romancière et critique de cinéma

Voir l'article

La revue Carnets d’ailleurs célèbre la rencontre du voyage et du dessin

Voir l'article

Rwanda, du rendez-vous manqué… au rattrapage de mémoire

Voir l'article