Culture
Cinema en salles : Pompo The Cinephile, de Takayuki Hirao
Auteur : Calisto Dobson
Article publié le 15 juillet 2024
Manga japanime, « Pompo The Cinephile » de Takayuki Hirao livre une véritable ode au pouvoir d’incarnation du cinéma et à sa magie pour Calisto Dobson. En déployant avec maestria un foisonnement d’images, ce film d’animation japonais en salles depuis le 7 juillet rappelle à quel point faire des films et en voir constitue une expérience libératrice. L’occasion aussi de dégager quelques pépites à découvrir d’une déferlante de mangas débutée dans les années 90 et portée par le succès de Japan Expo qui vient de fermer ses portes.
Tout a commencé au début des années 90 avec Akira de Katsuhiro Ôtomo, le premier film de manga arrivé sur nos écrans.
D’autres suivirent, puis il y eut le déferlement des merveilles du studio Ghibli du maître Hayao Miyazaki.
Depuis il ne se passe pas une saison cinématographique sans voir débarquer son lot de films d’animation japonais. Ces dernières années, depuis la folie et l’énorme succès locomotive de Demon Slayer – Kimetsu no Yaiba – Le train de l’infini de Haruo Sotozaki d’après Koyoharu Gotouge, les adaptations de ces bandes dessinées qui se lisent à l’envers n’ont pas fini de déferler.
Une concurrence stimulante entre studios chinois et japonais
Cette année, s’il fallait se précipiter vers la concurrence chinoise pour se plonger avec délice dans Le Royaume des Abysses, de Tian Xiaopeng, nos amis du pays du soleil levant ne sont pas restés les bras croisés.
Depuis le début de 2024, pas moins de huit films sont déjà passés par nos écrans. Sans tous les citer, d’une nouvelle version de Nicky Larson, City Hunter : Angel Dust de Kazuyoshi Takeuchi en janvier
… en passant par deux suites de la série Demon Slayer en février sans omettre Blue Giant de Tachikawa Yuzuru d’après Shinichi Ishizuka qui raconte la passion d’un lycéen pour le jazz jusqu’au nouveau Détective Conan : l’étoile à 1 million de dollars , nous pouvons dire que le manga en animation se porte à merveille. Qu’il traverse tous les genres, transcende tous les âges et ne cible plus uniquement des ados ou des enfants.
Pompo The Cinephile, véritable film d’auteur
Adapté par Takayuki Hirao (méconnu par chez nous mais réalisateur de plusieurs Japanimes), à l’origine sous le titre de Coming Soon, le manga éponyme de Shogô Sugitani, Pompo The Cinephile se penche avec virtuosité, humour, fraîcheur et réalisme sur les étapes et les aléas de la fabrication d’un film.
A Nyallywood, Pompo est le sobriquet de Joëlle Davidovitch Pomponnett, productrice de films de série B à succès, représentée par une adolescente survoltée d’une apparence que nous pourrions qualifier de kawaii. Son assistant dévoué Gene Fini, aussi introverti et inhibé que sa patronne est exubérante, ne vit que par l’amour du cinéma. Choisi parmi d’autres pour ses obsessions exclusives et ses doutes permanents, Pompo va lui confier la réalisation d’un script de choix hors de son domaine de prédilection. Un véritable film d’auteur.
En mettant le doigt sur l’investissement humain, financier et moral que représente le cheminement vers l’élaboration et l’aboutissement d’une production cinématographique, Pompo The Cinephile nous réconcilie avec l’image quelque peu écornée que nous avons pu avoir ces dernières années du cinéma et de ses protagonistes.
Montrer si besoin était, qu’il s’agit du travail acharné d’individualités au milieu d’un collectif tout entier dévolu à la réussite de la réalisation de l’œuvre à venir. Le tout dans un esprit de solidarité et de partage qui n’est pas sans évoquer par extension les relations au sein d’une communauté bien plus large nommée société.
C’est tout le mérite de ce manga, sans doute empreint d’une certaine ingénuité, de raviver une flamme, celle du rêve qui devrait animer tout un chacun pour une cause commune.
avec les voix de Konomi Kohara, Hiroya Shimizu, Ai Kakuma, Akio Ōtsuka