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Pour Eric Blaze de Blazin’ Music, le vinyle dépasse les frontières

Auteur : Baptiste Le Guay
Article publié le 20 février 2023

La boutique Blazin’ Music est une institution aux Puces de Clignancourt. Son propriétaire Eric Blaze voyage dans les Records fair, ces foires de disques où professionnels et passionnés se réunissent pour acquérir des vinyles. Cet amoureux du 45 tours marqué par le Hip Hop, se spécialise dans la Black Music qu’il produit, tout en proposant des styles aux horizons les plus divers. Singular’s est allé à sa rencontre pour découvrir le parcours de ce mélomane éclectique.

Le vinyl de New-York … à Paris

Eric Blaze multiplie les allers retours à New York Photo Eric Blaze

Rencontré à l’occasion du Paris Love Vinyle, Éric Blaze, parisien d’origine, a vécu en France avant de partir à New York en 1999 et d’y vivre pendant une quinzaine d’années. Il a aussi sillonné deux autres villes du continent nord-américain, en s’installant trois ans à Montréal et un an à Miami.

Dans la ville de la Big Apple, Éric travaille dans deux gros magasins de disques : Academy Records et A-One Records. A son retour en France en 2018, il décide d’ouvrir sa propre boutique en la baptisant Blazin’ music.

Dès sa jeunesse, son grand frère de 11 ans son ainé lui fait écouter des vinyles. « Il m’asseyait en me faisant découvrir tous les styles de musique : du punk, du rock, de la musique caribéenne et du reggae. se souvient Eric

 J’ai toujours été fasciné par le vinyle et
c’est en grandissant que j’ai commencé à en collectionner moi-même.
Éric Blaze

La découverte du Hip-Hop

Le mouvement musical qui l’a plus marqué est le Hip-Hop, qu’il a vu naître depuis la France dans les années 80. « J’étais trop jeune et ma mère ne me laissait pas sortir de la maison donc je n’ai pas connu le terrain de La Chapelle (comme dans la série sur Arte Le monde de demain qui retrace cette époque). Je suivais une émission sur la 2 le samedi soir intitulé « Les enfants du rock » et il passait des clips américains comme Break Machine ou Gap Band » se rappelle Eric.

Dans les années 87-88, des groupes comme EPMD, Public Enemy et Eric B & Rakim débarquent et laissent Eric stupéfait. « C’était des sonorités que je n’avais jamais entendues avant, je ne pouvais pas expliquer ce qui m’arrivait et ce que je ressentais en moi ». Passionné par la culture Hip-Hop, il se met à en créer en produisant des sons et en grattant quelques textes. Il commence à aller à New York en tant que visiteur entre 1995 et 1996 pour être « à la source », avant de s’y installer trois ans plus tard pendant 16 années.
Les années 90 sont généralement considérées comme l’âge d’or du Hip-Hop.

« C’était incroyable ces groupes au style si différents.
Il y avait une grande compétition mais elle était dirigée dans le bon esprit.
L’argent circulait déjà mais ce n’était pas de la folie
comme maintenant, tu pouvais facilement rencontrer des artistes dans la rue
et discuter avec eux
 ce qui est impossible aujourd’hui..

Le sample, un perpétuel hommage à la musique d’avant

Eric Blaze à l‘Academy Records à NY. Photo Eric Blaze

Éric se rappelle de rencontrer Black Smith n Wessun qu’ils l’emmènent dans le studio écouter le premier album d’Heltah Sketah un mois avant qu’il sorte. Aujourd’hui, le rap a pris une telle ampleur financière que le disquaire ne retrouve plus cette même accessibilité qu’auparavant.

Le Hip-Hop ce n’est pas un style ou une mode,
c’est une façon de penser et une façon de vivre.
La musique c’est un partage
et ça regroupe toutes les couches sociales
.

Une musique provenant des quartiers défavorisés du Bronx, où le plus de gens possibles étaient entassés dans des grandes tours, souvent sans ascenseur car ils sont en pannes. Des appartements où les murs sont trop fins pour ne pas entendre ses voisins en permanence. Une réalité sociale que l’on peut trouver dans le monde entier, car chaque pays a ses « ghettos » et peut s’identifier au message universel que porte le Hip-Hop.

La résilience du Hip Hop

Le Hip-Hop, c’est aussi remettre au goût du jour des genres musicaux et des artistes d’avant, qui grâce au sample, revivent à travers des morceaux de rap. « Troy de Pete Rock & CL Smooth, avec le sample de Tom Scott qui est incroyable, qui est super spirituel et festif en même temps, tu peux danser dessus. Je l’avais acheté en cassette en 1992. Il y aussi le morceau des Ghetto Boys, My mind playing tricks on me, samplé d’une musique de film d’Isaac Hayes. C’est un morceau de détresse, sur la paranoïa, j’ai apprécié comment les rappeurs ont fait revivre le morceau » déclare Eric Blaze.

Avec 50 ans d’existence désormais, le Hip-Hop a « diffusé » sur plusieurs générations.

Le vinyle, un objet remis sur le devant de la scène

Depuis l’arrivée du CD dans les années 2000, puis le développement d’Internet qui a propulsé Youtube et les plateformes de streaming actuels, le vinyle semblait enterré.
Cependant, depuis plusieurs années, le vinyle retrouve un second souffle qui intrigue les plus jeunes et trouvent une nouvelle clientèle.

« Le vinyle a toujours été là, aujourd’hui il est plus mis en avant dans les médias. Le vinyle c’est la source, les CD’s n’ont pas la durée d’un vinyle ni sa qualité. Il y a des vinyles de 70 ans qui craquent un peu mais qui ont totalement conservés leur qualité, leur puissance sonore » affirme Eric.

Il y a des re-pressages de pleins de type de disques désormais, notamment alimentés par les Majors de distribution qui ont captés l’engouement de cet objet et y ont vus une opportunité pécuniaire.

Mes ventes sont à 50 % de la Soul, Funk,
mais je vends un peu de Rock, du Hip-Hop
et aussi des Single de club
.

La boutique Blazin’ Music d’Etic Blaze est une institution aux Puces de Clignancourt Photo DR

Sans œillères

Spécialisé dans la Black Music avec des références Funk, Soul et Hip-Hop, Éric propose de la musique aux horizons les plus divers.  Sa clientèle est composée de passionnés et de collectionneurs.

Selon lui, « la musique est un partage, tu dois faire voyager tes auditeurs ». Et si ce n’était pas ça le charme du vinyle, découvrir des morceaux qui nous emmènent là où on ne s’y attendait pas.

# Baptiste Le Guay

Pour suivre Eric Blaze

Blazin’ Music, 140 Rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen-sur-Seine

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