Quatre conseils cinéma en salles: Noémie Saglio, James Hawes, Samuel Theis et Kazuya Shiraishi
Pour vous aider à choisir et à découvrir du cinéma en salles, la rédaction de Singular’s partage ses coups de cœurs d’Avril : Calisto Dobson recommande Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio, une comédie post féminisme décalée et rafraichissante, The Amateur, de James Hawes, un solide film d’espionnage et de vengeance, et Je le jure, de Samuel Theis, l’éthique singulière d’un rendu de jugement. Olivier Olgan a aimé Le joueur de go, de Kazuya Shiraishi, pour l’honneur d’un samouraï renoue avec les classiques japonais.
Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio, un post féminisme décalé et rafraichissant
Dans la lignée des transpositions de personnages de BD au cinéma (d‘Astérix à Tintin), en adaptant Natacha (presque) hôtesse de l’air, de François Walthéry, Noémie Saglio réussit une pétillante comédie pop à la française. La réalisatrice de ‘Connasse Princesse des cœurs’, ‘Nice Girls’, ‘Super males’ trouve le ton juste avec son parti pris décalé post féministe.
Sa marque de fabrique s’épanouit ici sans didactisme pesant tout en dépoussiérant l’image d’une icône méconnue pour sa féminité émancipée. Ce bain de fraîcheur mérite plus d’attention et de bienveillance. Lire plus par Calisto Dobson
avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Antoine Gouy, et Elsa Zylberstein (90 mn)
The Amateur, de James Hawes, un solide film d’espionnage et de vengeance
James Hawes est connu par chez nous pour avoir réalisé Une Vie qui racontait l’histoire vraie de Sir Nicholas Winton. Ce banquier anglais interprété par Anthony Hopkins, organisa le sauvetage d’enfants majoritairement juifs juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
The Amateur son nouveau film est tiré d’un roman de Robert Littell The Amateur : A Novel of Revenge. Il s’agit d’une version novelisée et remaniée de son propre scénario éponyme adapté en 1980 par Charles Jarrott sous le même titre original, traduit en français par L’Homme de Prague.
Emmené par l’oscarisé Rami Malek, dans un rôle proche de celui qu’il interprétait dans Mr. Robot la série qui le fit connaître, ce solide film d’espionnage a le mérite, sous une facture somme toute classique, d’être réalisé avec efficacité. Agent de la CIA spécialisé dans le décryptage, cet “amateur” sans aucune expérience de terrain, va se révéler particulièrement retors lorsqu’il s’agira d’éliminer les terroristes responsables de la mort de sa femme.
Se démarquant habilement d’un genre balisé, pris entre la lisière d’un Jason Bourne qui aurait oublié son engagement physique et d’un Mission Impossible doté du seul savoir-faire de Benjamin Dunn l’informaticien du groupe interprété par Simon Pegg, The Amateur parvient sans peine à nous tenir en haleine. Il en ressort une réalisation soignée, qui sans afféterie, nous plonge au cœur des multiples ramifications géopolitiques jouant en sourdine sur le sort de l’humanité. Calisto Dobson
avec Rami Malek, Lawrence Fishburne, Holt McCallany, Jon Bernthal, Michael Stuhlbarg. (123 mn)
Le joueur de go, de Kazuya Shiraishi, pour l’honneur d’un samouraï
Dans la grande tradition des films de samouraïs d’Akira Kurosama (Rashomon, Les Sept Samouraïs, Ran), Kazuya Shiraishi – qui a déjà réalisé cinq films mais dont c’est le premier long-métrage sortant en France – en connaît et maîtrise tous les codes esthétiques : le clair-obscur, le réalisme et le cadrage précis des moments de vie quotidienne du Japon de la fin de l’époque d’Edo. Mais aussi l’art de tenir plusieurs fils narratifs, autour d’un homme intègre mais déchu qui doit laver coûte que coûte son honneur fut-ce au prix de compromettre sa fille.
Sauf qu’ici, les personnalités se révèlent non pas sabre à la main, mais autour d’une table Go, ce jeu de stratégie aux règles incompréhensibles qui se pratique avec des jetons noirs et blancs placés aux intersections d’un tablier quadrillé.
Immersion réussie grâce à la mise en scène théâtrale et des décors qui brossent une ambiance parfaitement tenue, Le Joueur de Go brille par sa sobriété et une économie de mots qui tranche avec le cinéma contemporain. Du cinéma japonais à l’ancienne, hiératique et très léché, où l’ hommage respectueux aux maîtres du genre assume une certain lenteur. Un poil froid mais suffisamment riche en péripéties pour séduire les cinéphiles au-delà des seuls amateurs du genre. OO
Avec Tsuyoshi Kusanagi, Kaya Kiyohara, Taishi Nakagawa
Je le jure, de Samuel Theis, l’éthique singulière d’un rendu de jugement
Depuis Party Girl (Caméra d’or au Festival de Cannes 2024), Samuel Theis nous confronte ses personnages à des institutions à fortes connotations symboliques : le mariage dans Party Girl, l’éducation dans Petite nature (2022), et la justice pour Je le jure (en salles).
Dernier opus d’une trilogie qui traverse une même territoire social, la Moselle, Samuel Théis nous plonge dans un film de procès, genre très codé en soi dont il réussit à se départir en se concentrant sur la question de la peine, et du jugement « éclairé » au sens propre et figuré du point de vue d’un juré qui ne peut rester indifférent. Lire plus par Calisto Dobson
Auteur de l'article
Avec Julien Ernwein, Marie Masala, Marina Foïs