Culture
Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio
Dans la lignée des transpositions de personnages de BD au cinéma (d‘Astérix à Tintin), en adaptant Natacha (presque) hôtesse de l’air, de François Walthéry, Noémie Saglio réussit une pétillante comédie pop à la française. La réalisatrice de ‘Connasse Princesse des cœurs’, ‘Nice Girls’, ‘Super males’ trouve le ton juste avec son parti pris décalé post féministe.
Sa marque de fabrique s’épanouit ici sans didactisme pesant tout en dépoussiérant l’image d’une icone méconnue pour sa féminité émancipée. Ce bain de fraîcheur mérite pour Calisto Dobson plus d’attention et de bienveillance.
La transposition de la bande dessinée aux 24 images secondes représente un pari risqué.
Passer de cases de dessin ornées de bulles souvent onomatopéiques aux images filmées peine souvent à convaincre le chaland. Entre réussites encensées telles que Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou boudées telles que de Tintin et le Secret de la Licorne, Michel Vaillant en passant par Lucky Luke à Gaston Lagaffe pour ne citer qu’eux, les ‘foirages’ sont légions.
Donner vie à des personnages fictifs d’autant plus ancrés dans l’imaginaire collectif qu’ils ont contrairement à ceux d’un roman une identité visuelle clairement définie peut s’avérer catastrophique. D’une bonne idée accoucher d’une horrible transposition qui gâche notre plaisir et finit presque par dégoûter les admirateurs de l’œuvre d’origine.
Le parti pris décalé post féministe réussi
Noémie Saglio, récemment réalisatrice pour Netflix avec Nice Girls, une comédie d’action policière portée par Alice Taglioni, Stéfi Celma (découverte dans 10%) et Noémie Lvovsky ainsi que la série Super Mâles (avec Manu Payet et Antoine Gouy) réussit à nous convaincre que la bonne idée de départ peut être menée à bon port.
Entre la sémillante Pauline détective (de Marc Fitoussi avec Sandrine Kiberlain) en plus primesautier et Le farfelu Nicky Larson et le parfum de Cupidon (de Philippe Lacheau avec lui-même, Élodie Fontan et Tarek Bouali), en moins potache, cette adaptation de Natacha, personnage iconique de François Walthéry né en 1970 trouve le ton juste.
Le parti pris décalé post féministe cher à la créatrice de Connasse et réalisatrice de ‘Connasse Princesse des cœurs’ qui fit connaître Camille Cottin trouve ici sa raison d’être sans didactisme pesant tout en dépoussiérant l’image d’un figure féminine méconnue pour sa féminité émancipée avant l’heure.
Des inserts narratifs bien de notre époque

Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio photo Julien Panie Pathé Cinéma
La réalisatrice et son co-scénariste Laurent Turner, parviennent à gagner leur pari de donner vie à un personnage dont pas grand monde n’attendait grand-chose. Par son absence de maniérisme et l’affabilité de son traitement, le film semble destiné à ne pas trouver son public. C’est bien dommage
Car la légèreté et la fraîcheur qui se dégagent de cette comédie pop à la française qui a oublié d’être prétentieuse mériterait plus d’attention et de bienveillance.
Un casting qui a un grain et du panache

Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio photo Julien Panie Pathé Cinéma
Son interprétation, entre Camille Lou parfaite en jeune femme déterminée à s‘accomplir, Vincent Dedienne, mâle engoncé dans ses préjugés, Didier Bourbon légèrement cabotin en ministre veule et vénal, Antoine Gouy en jeune loup de la politique en devenir ou encore le sous estimé Baptiste Lecaplain, remplit le cahier des charges avec panache.
Appeler à rejoindre la cohorte d’injustices du box-office, il reste à espérer à l’instar d’un autre insuccès dommageable tel que Le Dindon (transposition hilarante du vaudeville de Georges Feydeau dans les années 60), que Natacha (presque) hôtesse de l’air se rattrape au vol sur les sites de flux vidéo.
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Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio
avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Antoine Gouy, et Elsa Zylberstein (90 mn)
Trois réalisations de Noémie Saglio à voir
Nice Girls (2024)
Super Mâles (2024 sur NetFlix)
Connasse, princesse des cœurs (2015)
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