Vins & spirits

Salon des vins de Loire 2019 (1) : sauvignon ou chenin ?

Auteur : ISABELLE BACHELARD
Article publié le 9 février 2019 à 14 h 34 min – Mis à jour le 16 février 2019 à 23 h 46 min

Avec le Salon des vins de Loire, et tous ses « off », Angers est devenu le festival d’Avignon du vin. Premier Coup d’oeil sur les appellations qui bougent et sélection des belles bouteilles de ce cru 2019 qui tient ses promesses. 

 

Angers Levée de Loire et salon Demeter, le côté bio et nature d’Angers

Angers Levée de Loire et salon Demeter, le côté bio et nature d’Angers. Photo © Isabelle Bachelard

Autour du Salon des vins de Loire d’Angers, qui s’est déroulé les 4 et 5 février 2019, se sont développées au fil des années d’autres réunions de vignerons telles La Dive Bouteille à Saumur et les Vignerons de nature aux Greniers Saint-Jean, qui ont bien failli détrôner l’ancêtre.

Aujourd’hui, Angers règne comme Avignon, avec sa cour d’honneur et ses acolytes du festival « off », d’inspiration bio ou nature. La ville d’Angers poursuit même les festivités avec son Food’Angers qui réunit le grand public autour du vin et de la gourmandise jusqu’au 10 février.

Carte des vins du Val de Loire. Source : Vins du Val de Loire

Carte des vins du Val de Loire. Source : Vins du Val de Loire

Le vin de Loire n’existe pas

On parle de vins de la Loire. Mais le vin de Loire n’existe pas. Contrairement au Bordelais qui a ses bordeaux, à la vallée du Rhône qui a ses côtes-du-rhône, il n’y a pas une appellation de vin qui pourrait naître tout au long de ses 800 kilomètres. Il existe une succession de vins qui ont finalement très peu en commun. Ce qui les lie est leur naissance plus ou moins près du fleuve ou de ses affluents. Et c’est crucial car c’est par l’eau que l’influence océanique se propage d’ouest en est. En conséquence la relative douceur du climat qui touche par exemple Jasnières (loin de la mer, dans la Sarthe), par l’intermédiaire de la Loire, puis de la Maine, et enfin du Loir.

L’IGP Côtes de la Charité. Photo

L’IGP Côtes de la Charité. Photo © Isabelle Bachelard

Sauvignon, chardonnay ou pinot beurrot

Parmi les cépages qui font la réputation de la vallée de la Loire, il y a le sauvignon, qui fait les beaux jours de la Touraine et du Centre, c’est à dire la partie la plus à l’est de la vallée. On a découvert deux dénominations récentes qui se distinguent. L’appellation Touraine Chenonceaux est implantée sur les deux rives du Cher – comme le célèbre château qui enjambe la rivière de ses arches. C’est une enclave au sein de la vaste appellation Touraine, dont elle sublime le cépage sauvignon, avec un choix de sols, un rendement inférieur et un élevage plus long, pour donner des blancs de caractère qu’il faut attendre deux ou trois ans.
L’IGP Côtes de la Charité (indication géographique protégée) se trouve comme on l’imagine aux portes de la Charité-sur-Loire, connue pour le décor sculpté de son église Notre Dame, qui fût longtemps la deuxième plus vaste de la Chrétienté derrière Cluny. Développée par les moines la vigne prospéra sur cette rive droite de la Loire pour atteindre 1 200 hectares à la fin du XIXe siècle, avant de disparaitre presque complètement à la suite du phylloxéra, de la première guerre mondiale puis par de mauvais choix agricoles.
Aujourd’hui le vignoble renait, car de bons vignerons de Sancerre ou Pouilly tels Mellot ou Dagueneau s’intéressent à ces bonnes terres. Une cinquantaine d’hectares dont plus de la moitié produit du blanc, à partir de chardonnay ou de pinot gris, appelé ici pinot beurrot.

Isabelle Suire (Saumur) et Patrick Baudouin (Anjou) s’engagent pour le chenin

Isabelle Suire (Saumur) et Patrick Baudouin (Anjou) s’engagent pour le chenin. Photo © Isabelle Bachelard

Groslot en blanc et bien sûr chenin blanc

Encore plus original, le cépage groslot, qui sert à faire des vins rosés de soif peut aussi donner un vin de soif parfaitement blanc, rond, parfumé, charmant. C’est Hého le blanc, vinifié par Jean-Pierre Guédon au domaine des Hautes Noëlles, connu pour des vins à l’extrême opposé, des muscadets à la forte personnalité qui défient le temps bien au delà de dix ans (à partir du cépage melon de Bourgogne, voir Singular’s Noël 2017). C’est tout de même le chenin blanc dont le nom résonnait le plus souvent dans les allées d’Angers. Vignerons et visiteurs arboraient un badge jaune doré qui les déclarait « fan de chenin ». Il annonçait le 1er congrès international du chenin blanc, qui s’adressera aux professionnels (mais aussi aux grands amateurs car il parlera aussi histoire et patrimoine). Il aura lieu du 1 au 3 juillet prochain au nouvellement rénové Palais de Congrès d’Angers. Nous y reviendrons prochainement.

Hého le blanc, quand le domaine Les hautes Noëlles s’amuse à faire du blanc avec du groslot gris

Hého le blanc, quand le domaine Les hautes Noëlles s’amuse à faire du blanc avec du groslot gris. Photo © Isabelle Bachelard

 

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