The infinite woman, Femmes Nabis, Cheval en liberté, Fontana, Lalique, Lavier, … six belles expositions en région à ne pas rater

Vers où partir ? Faites coïncider le début des vacances de la Toussaint avec de belles destinations où vous pouvez joindre l’utile à l’agréable. Six magnifiques expositions s’achèvent le 3 novembre, il est encore temps de les découvrir : The Infinite Women (Villa Carmignac, Porquerolles), Lucio Fontana, Il y a bien eu un futur (Musée Soulages Rodez), Femmes chez les Nabis, de fil en aiguille (Musée de Pont-Aven), Cheval en majesté, au cœur d’une civilisation (Château de Versailles), Bertrand Lavier, En couleur, (Commanderie de Peyrassol, Var), René Lalique, l’inventeur du bijou moderne (Musée Lalique, Wingen sur Moder). Pour chaque destination, l’équipe de Singular’s s’est appuyé sur Yonder.fr pour vous sélectionner les plus beaux hôtels spa aux alentours. Il est temps de s’aérer !

The infinite Women (Villa Carmignac, Porquerolles)

Après plusieurs thématiques autour de l’insularité, L’Île intérieure (2023) et Le songe d’Ulysse (2022), la Villa Carmignac sur l’Ile de Porquerolles a réussi un immense défi : bousculer les conventions de la beauté idéalisée pour libérer les ivresses infinies de la « féminité ». Confiée à Alona Pardo, déjà commissaire d’ une époustouflante exposition « Masculinities » à Arles,  The Infinite Woman (catalogue Dilecta) questionne – à travers plus d’une centaine d’œuvres – les « normes du genre » pour une fluidité inclusive de la singularité des « femmes ». Cette conjugaison au plurielle s’impose comme exemplaire, stimulante et réflexive. Lire plus sur Singular’s
Ou résider ? Les plus beaux hôtels Spa cinq étoiles de la région PACA (selon Yonder.fr)

Sandro Botticelli, La Vierge à la Grenade, v 1487 – France-Lise McGurn, Silk Cut & Max Circus, 2024, The infinite woman (Villa Carmignac) Photo OOlgan

Lucio Fontana, Il y a bien eu un futur (Musée Soulages Rodez)

 Trop souvent réduit à ses toiles perforées ou incisées et aux jugements sommaires, l’œuvre de Lucio Fontana mêle pourtant recherches conceptuelles et épures esthétiques, quête métaphysique et effets décoratifs. « Il y a bien eu un futur », la rétrospective éclairante du Musée Soulages Rodez rend justice au créateur polymorphe et visionnaire du mouvement spatialiste, et à son intime connaissance de la tradition visuelle occidentale. Le catalogue édité par Gallimard prolonge les analyses sur ses innovations artistiques, et ouvre de nouvelles perspectives sur une œuvre qui épuise les notions de transgression et de métaphysique.
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Lucio Fontana, Concetto spaziale, Attese vs Ambienti spaziali Fondation Lucio Fontana, Milano by SIAE ADAGP Paris 2024

Femmes chez les Nabis, de fil en aiguille (Musée de Pont-Aven)

Une exposition sur les femmes chez les Nabis est à la fois paradoxal, éclairant et représentatif. Paradoxal, aucune ne fut « peintre nabis »: le mouvement post-impressionniste n’était composé que d’hommes, réunissant Sérusier, Denis, Vuillard, Bonnard, Vallotton, Ranson, Lacombe, … ! Eclairant, les femmes autour d’eux – épouses, amantes, mères, belles-mères – ont joué un rôle crucial. Et très trop représentatif du rôle des femmes autour de 1900, où les tâches étaient bien divisées, les rôles assignés, les places attribuées selon les genres. L’ambition de l’exposition du musée de Pont-Aven révèle leur influence discrète, mais déterminante dans leur processus créatif, l’exécution des œuvres, le soutien des commandes voir, la mise à leur disposition de leurs cercles.

« Ces arts reconduisent des logiques d’effacement, de subordination et d’invisibilité qui sont souvent inséparables de toute production collective, tout particulièrement quand elles intègrent des femmes (…) Cette constellation de femmes se veut un point d’entrée pour regarder finement les conditions de réalisation, les logiques d’influences et les processus de création à l’œuvre chez les Nabis. »
Charlotte Foucher Zarmanian, commissaire scientifique

Paul Sérusier, Les Parques ou La Tapisserie, 1924, Paris, musée du Petit Palais Photo Bridgeman – Pierre Bonnard, Le Déjeuner sous la lampe, 1898 Paris, musée d’Orsay Photo RMN Michele Bellot

Une présence féminine dans les marges, les notes de bas de page, les représentations…

Il faut être attentif car finalement elles sont partout même si on les connaît peu aujourd’hui, ou alors sous un seul prisme. Cette exposition rompt la logique d’effacement pour enfin les sortir de l’ombre en les nommant : Marguerite d’Auchamp, épouse de Mogens Ballin, Lazarine Baudrion, épouse de József Rippl-Rónaï, Maria Boursin, épouse de Pierre Bonnard, Lucie Hessel, amante d’Édouard Vuillard, Laure Lacombe, mère de Georges Lacombe, France Rousseau, épouse de Paul-Élie Ranson, Marthe Meurier, épouse de Maurice Denis, Marie Michaud (Madame Vuillard), mère d’Édouard Vuillard, Marie Vuillard, soeur d’Édouard Vuillard et épouse de Ker-Xavier Roussel, Clotilde et Angélique Narcis, épouse et belle-sœur d’Aristide Maillol, Marguerite Gabriel-Claude, épouse de Paul Sérusier, Marthe et Gabrielle Wenger, épouse et belle-mère de Georges Lacombe.
Aller plus loin grâce au catalogue aux éditions Faton
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Édouard Vuillard, Le Déjeuner en famille ou Déjeuner Hessel, 1899 Photo Musée d’Orsay – Félix Vallotton, Gabrielle Vallotton cousant, 1903, collection particulière Photo Fondation Vallotton – Maurice Denis, Les Muses, 1893 Paris, Photo musée d’Orsay RMN Herve Lewandowski

Cheval en majesté, au cœur d’une civilisation (Château de Versailles)

« A horse, a horse, my kingdom for a horse ! » La symbiose entre le pouvoir (royal) et le cheval trouve son acmé à Versailles : le cheval était roi, presque autant que les Bourbons ! La société de cour puis Napoléon ont sublimé ce symbole de noblesse très politique : elle fut une véritable civilisation équestre. La force de l’exposition  « Cheval en majesté » n’est pas seulement de brosser tous les aspects de cette ‘civilisation’ remarquablement détaillée grâce au catalogue Lienart.  Elle nous plonge dans tous les espaces du Château de Versailles, autant de lieux d’épanouissement de ce culte du cheval où les artistes ont précédé les scientifiques dans l’étude du rôle et de l’anatomie du cheval.

Force de traction, fidèle compagnon de chasse et de guerre, qui fait corps avec son maître, ou vedette des fêtes royales, le cheval participe à la vie et à la pompe de la cour.

Sa noblesse innée l’a élevé vers un destin à mi-chemin entre l’animal et l’homme. D’humble serviteur, il est devenu spectacle : parades et tournois, où il est orné d’armures ou de somptueuses parures, en font un symbole de puissance et de prestige. Les chevaux se cabrent aussi sur les piédestaux et figurent aux premiers plans des tableaux.

Chaque artiste les croque à sa manière.
Delacroix les saisit dans la violence du combat. Géricault nous offre un tête-à-tête. Carle Vernet peint leur effroi dans l’orage. Avec Joseph Blanc, le spectateur s’envole sur le fabuleux Pégase, tandis que chez Ulpiano Chec a l’humain fuit devant les chevaux fantastiques de la mythologie nordique, fantômes des coursiers de l’Apocalypse. »
Christophe Leribault Président du château, du musée et du domaine national de Versailles

Portrait équestre de Léopold de Médicis (1617-1675), futur cardinal romain, vers 1624-1625, Benešov (Bohème centrale) château de Konopiště, National Heritage Institute, Czech Republic © National Heritage Institute, Czech Republic – René-Antoine Houasse, Louis XIV, roi de France (1638-1715), vers 1674 © Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin – Jacques Louis David Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard 20 mai 1800 © Google Art Project

Héritier d’une tradition séculaire

Le « cheval d’État » conserve toute sa noblesse et son aura. Lorsqu’une patrouille à cheval fend la circulation parisienne, ou que le régiment de cavalerie de la Garde républicaine défile en grand appareil, on ne peut s’empêcher de s’émerveiller, ainsi que l’écrivait Jean de La Varende (1887-1959) 23, l’auteur de Nez-de-cuir, devant « […] ces milliers de chevaux-vapeurs courant les Champs-Élysées, lâchés et frénétiques, mais qui s’arrêtent pile, respectueux, frémissants, quand surgit dans son indolence seigneuriale, le seul, le dernier, Son Altesse LE CHEVAL . »
Aller plus loin grâce au catalogue Lienart  
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Album de tournois et parades à Nuremberg, Allemagne, Nuremberg, fin XVIe-début XVIIe siècle, New York, The Metropolitan –  Aimé Morot, Rezonville, 16 août 1870, la charge des cuirassiers, 1886, Musée d’Orsay Photo Grand Palais Rmn (musée d’Orsay) Adrien Didierjean

Bertrand Lavier, En couleur (Commanderie de Peyrassol, Var)

« Daniel Buren, pour diverses raisons, est plus connu que Bertrand Lavier, alors qu’ils sont pour moi les deux grands artistes français contemporains. Tous deux sont profonds et sincères dans leur art, comme dans la vie. (…) Son travail est iconoclaste, fondamentalement original, présentant toujours un contrepied »
nous confiait Philippe Austruy.

Carte blanche à un électron libre

Avec une rétrospective de 20 œuvres iconiques sur 40 ans de carrière, c’est une carte blanche qui a été confié à celui qui se définit comme un électron libre des institutions : « Je ne me sens pas faire partie d’un certain clergé, comme on pourrait dire de manière un peu ironique. Cela me donne donc une liberté qui est indispensable pour un artiste »

« Sans jeu de mot, le fil rouge de l’exposition est la couleur. Elle permet de traverser beaucoup de chantiers que j’ai ouverts. (…) Leur écart temporel ne sera pas saisissable. Je pense qu’il y a une sorte de phénomène de temps en suspens, qui vient orchestrer mes expositions. »
Bertrand Lavier

Bertrand Lavier, Nobilis n°7, 2023 et Orange Eames, 2021, Nobilis n°7, 2023 et Orange Eames, 2021, Walt Disney Productions 1947-2021. Photo Jean-Christophe Lett Commanderie de Peyrassol

La couleur, de son symbolisme à sa matérialité, présente sous toutes ses formes

Le parcours extérieur et intérieur propose de bousculer les certitudes et les valeurs de l’histoire de l’art, d’en savourer la gaieté ou d’en explorer les ressorts. Et sans surprise ce « postmoderne Heureux » décoiffe et n’a rien perdu de son mordant ! Brouillant comme à son habitude les frontières temporelles, les œuvres anciennes et récentes se côtoient sans ruptures, balayant les frontières entre peinture, sculpture et installation.

Vue de l’exposition En couleur de Bertrand Lavier – Commanderie de Peyrassol

La cuvée de rosé et une bouteille signés Bertrand Lavier Photo Commanderie de Peyrassol

Se jouer des codes, transcender les catégories traditionnelles de l’art, avec humour, voire irrévérence, les jugements esthétiques et l’attribution de valeur dans le monde de l’art restent toujours aussi d’une explosivité jubilatoire.

Un Rosé Lavier

Dernier clin d’œil, l’épicurien assumée a crée une nouvelle cuvée, dix ans après la première. Elle remet la circulation la bouteille initiale qui reprend le geste badigeonné d’une série appelée  « Les vitrines », tableaux issus des vitrines passées au blanc d’Espagne parisiennes. « C’est un vin de fête, convivial, qui a cette légèreté, cette volatilité et cette gaieté » que l’artiste revendique aussi comme le ressort de son art.
Ou résider ? Les plus beaux hôtels Spa cinq étoiles de la région PACA (selon Yonder.fr)

René Lalique, l’inventeur du bijou moderne (Musée Lalique, Wingen sur Moder, Alsace)

Toujours moderne et fascinant ! L’exposition du Musée Lalique s’attache à montrer les apports de l’artiste à l’art de la bijouterie à la période Art nouveau. A travers le port de ses parures, elle aborde la question de la mode à la Belle Epoque. Soulignant que ses bijoux sont des œuvres d’art totales, elle s’attache à montrer à la fois leur dimension architecturale et l’attention scrupuleuse portée aux détails.

Elle s’intéresse aussi aux processus de création et de fabrication, à travers l’imaginaire du créateur, l’importance du dessin dans son travail, les matériaux employés, la question du volume et enfin celle de la déclinaison de ses œuvres. Elle témoigne, pour reprendre les propos d’André Beaunier, qu’ »il a créé une œuvre nouvelle, autonome et libre de toute influence », ou ceux d’Emile Sedeyn : C’est ainsi que le génie, tout en créant de l’éternel, s’amuse à faire de l’actualité.

La gloire d’artiste [de René Lalique] aura été de créer un art de fantaisie, de caprice et de charme, et par l’union étroite de l’imagination et de la méthode, du sentiment et de la raison souligne Léonce Bénédite en observant le succès de René Lalique à l’Exposition universelle de 1900.

René Lalique Pendentif 4 libellules – Pendentif-broche Feuilles de lierre – Pendentif 4 libellules Photo Studio Y Langlois Musée Lalique

Une réussite que Roger Marx analyse ainsi : L’orfèvre eût pu s’instituer à sa guise faiseur de tableaux, de bustes ou édificateur de monuments, car le secret de sa maîtrise réside dans le parallélisme et l’équilibre des dons du coloriste, du plasticien et de l’architecte.

Le sens inné de la structure ne se vérifie-t-il pas à souhait par la logique avec laquelle s’ordonnance l’ensemble de toute parure ? La gravité imposante résulte de la direction des lignes et de la franche répartition des masses ; elles saisissent de loin avant même que l’analyse minutieuse permette de discerner et de goûter le charme du détail.

L’ébauchoir à la main, ce « statuaire du bijou » donne à la glyptique les fiers accents de la grande sculpture : telle figurine mignonne, tel médaillon, tel profil, tel bas-relief offrent, dans leur minusculité, la souplesse du modelé le plus libre, le plus vivant, le plus délicat.

René Lalique, Bague Portrait de femme et lys (c) Coll Musée Lalique Photo K Faby – Bracelet Muguet – Bague Scarabées et lotus Photo Musée Lalique

Un tout organique

La démarche ornementale de Lalique, la façon dont il introduit un motif dans la forme spécifique d’un bijou, s’inspirent des architectes qui, à l’instar de Viollet-le-Duc, conçoivent l’ornement et la structure comme un tout organique.

Pour nous, son originalité réside en ce qu’il a presque toujours trouvé une architecture pour les bijoux qu’il créait. […] En cette époque où l’on n’offre au public que des œuvres fragmentaires, il a cru que ses bijoux devaient être des touts.
Pol Neveux

Cette dimension architecturale, cette vision d’ensemble et cette conception d’un art total lient Lalique à d’autres grands noms de l’Art nouveau, du Jugendstil ou encore du mouvement Arts and Crafts.
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