Vins & spirits
12 bonnes adresses pour apprécier le Beaujolais nouveau
Auteur : Mohamed Najim et Etienne Gingembre
Article publié le 15 novembre 2024
[Les pépites de la révolution viticole] Le Beaujolais nouveau arrive jeudi 21 novembre dans les bars à vins et les supermarchés. Sans convaincre les œnophiles, tant la qualité de ce produit s’est dégradée au fil du temps. Ce qui n’empêche pas des vignerons de réinventer le Beaujolais en proposant des vins de grande qualité. Mohamed Najim et Etienne Gingembre, auteurs de Quand le vin fait sa révolution (Ed. du Cerf) ont enquêté sur la renaissance de ce beau vignoble. Avec le renfort de Gaëtan Bouvier, ex-chef sommelier au restaurant Saisons, à Écully, ils conseillent 12 domaines de Beaujolais qui ne vous décevront pas.
« Le Beaujolais nouveau ? Mais c’est infect… C’est du vin industriel… »
La mauvaise réputation, qui continue de s’accrocher, va encore gâcher la fête. Finie, l’époque où l’on voyait des attroupements se former, le troisième jeudi du mois de novembre, devant les bistrots et les cavistes. La troupe des amateurs de Beaujolais nouveau est aujourd’hui étique. Le monde n’en a bu que 16 millions de bouteilles l’an dernier contre 60 en l’an 2000. Les Japonais, qui en étaient dingues, en importent six fois moins.
La faute à quoi ?
A un modèle hyper-productif et bon marché qui a fini par déraper à force de doper la vigne aux engrais chimiques, de la nettoyer au désherbant, de la soigner aux pesticides ou d’abuser des sulfites pour stabiliser le vin.
Et il n’y avait pas que le primeur pour être traité de la sorte, car c’est tout le vignoble qui était soumis à ce régime, même ses dix grands crus, comme le Morgon, le Brouilly ou le Moulin à Vent.
Année après année, les clients sont partis.
Signe de cette désaffection : on a dû arracher la moitié du Beaujolais, finissant par ne plus produire que 587 000 hectolitres en 2023, contre 1,5 million au siècle dernier. Comme à quelque chose malheur est bon, cet arrachage a provoqué un tel effondrement du prix du foncier que ce vignoble est devenu le plus attractif de France pour les jeunes vignerons bourrés de talent et désireux de s’installer. Alors ils ont débarqué, se sont convertis au bio (désormais 15 % des surfaces), ont labouré de préférence avec un cheval, réduit drastiquement les rendements pour gagner en matière et ont fait confiance aux ferments naturels plutôt qu’à la levure 71B au goût de banane.
D’irréductibles opposants au vin industriel
Les nouveaux venus ont rejoint les irréductibles opposants au vin industriel et pionniers de la qualité – Marcel Lapierre, auquel ont succédé ses enfants Mathieu et Camille, Dominique Piron, Jean-Paul Thévenet, Jean Foillard, Claude-Vincent Geoffray (Château Thivin) ou Louis-Claude Desvignes – pour engager la renaissance du terroir. Même certains caciques, lassés des excès de l’ancien modèle viticole, commencent à se rallier :
« Nous réduisons la fréquence des traitements, nous nous réinventons en faisant d’énormes efforts de qualité », résume Philippe Bardet, qui était il y a quelques mois encore le président des vignerons du Beaujolais.
La société Jean Loron, un grand négociant dont il est le directeur général, fait monter ses cuvées en gamme.
Le résultat ?
On redécouvre la magie du gamay cultivé sur des sols granitiques.
« Ce sont des vins gourmands, pleins de fruit, aux caractères aromatiques libérés et à l’acidité désaltérante, avec de la finesse et des touchers de bouche en dentelle, onctueux, aux tanins souples, qui offrent de la matière sans excès de puissance », s’enthousiasme Gaëtan Bouvier, meilleur sommelier de France 2016, aujourd’hui responsable d’un programme de bachelor à l’Institut Lyfe (ex-Paul Bocuse).
Alors, s’il y a déjà longtemps que vous avez tourné le dos au Beaujolais nouveau, laissez-vous tenter par les vins de la renaissance, ces Juliénas, ces Chiroubles, Fleurie ou encore Saint-Amour.
12 adresses de Beaujolais qui ne vous décevront pas.
Avec Gaëtan Bouvier, qui a également été chef sommelier au restaurant Saisons, à Écully, nous avons sélectionné pour vous une douzaine de domaines. Vous pouvez commander en ligne les vins de la plupart d’entre eux et aussi les trouver chez les bons cavistes.
- Château Thivin, 69460 Odenas : Claude-Vincent Geoffray est une star des Côtes de Brouilly depuis plusieurs décennies, 11,50 à 36 euros
- Château de la Chaize, 69460 Odenas : Encore un cacique du Beaujolais. Surtout connu pour ses Brouilly et Côtes de Brouilly, mais aussi ses Fleurie et Morgon, 15 à 41,50 euros
- Domaine Le Cotoyon, 71570 Pruzilly : « Une merveille de Juliénas sur pierre bleues » plus des Saint-Amour, des Brouilly, et Morgon, 9,90 à 10,50 euros
- Mee Godard, 69910 Villié-Morgon : La nouvelle génération. Cette vigneronne née en Corée est réputée pour ses Morgon, 20 à 32 euros
- Domaine Frédéric Berne, 69430 Lantignié : Avec ses copains ce jeune veut faire de Lantignié le onzième cru du Beaujolais. Il a aussi un superbe Beaujolais nouveau biologique, 12 à 19 euros
- Domaine Les Capréoles, 69430 Régnié-Durette : Catherine et Cédric Lecareux réussissent particulièrement leurs régniés, 16,30 à 23,30 euros
- Jean Loron, 71570 Pontanevaux : Le grand négociant dirigé par Philippe Bardet possède 200 hectares en propre. Gaëtan Bouvier adore ses blancs. 13 à 20 euros
- Château de Pougelon, 69460 Saint-Étienne-des-Oullières : Le domaine est connu pour ses Beaujolais-Villages en cuvées parcellaires, 15 à 45 euros
- Clos du Vieux Bourg, 69220 Corcelles-en-Beaujolais : Dominique Piron est l’un des pionniers du nouveau Beaujolais, 14 à 20 euros
- Château de Juliénas, 69840 Juliénas : Une merveille de Juliénas « cuvée Bessay », pleine de fruit, à un tarif très raisonnable, 10,90 et 13,90 euros
- Domaine Marcel Lapierre, 69910 Villié-Morgon : Les enfants de la star de l’appellation continuent de faire des Morgon qui ont fait la réputation de ce pionnier de la renaissance, 15 à 41 euros
- Domaine David Béroujon, 69460 Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais : Couronné « meilleur gamay du monde » pour son Beaujolais-Villages 2020, David Béroujon est un multimédaillé des temps nouveaux, 6 à 8 euros
En savoir plus sur la révolution viticole
Lire : Quand le vin fait sa révolution, Etienne Gingembre et Mohamed Najim, Ed. du Cerf, 2021, 288 p., 20€, et sa « constellation de vins d’exception, de vins de gourmandise, de vins de saveurs, de vins d’émotion »
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