Exposition - Livre : Corse aquarelles, de Fabrice Moireau (aquarelliste) et Belinda Cannone (texte)
- jusqu’au 31 août 2021, exposition des aquarelles, Galerie des Editions du Pacifique, 5 rue Saint-Romain, 75006 (de 10h à 19h)
- Les Editions du Pacifique, collection Aquarelles. 96 p. 33€
- Dédicace le 8 mai de Belinda Cannone à la Galerie de 14h30 à 19h
Habitué à voyager le carnet de croquis à la main, Fabrice Moireau s’est laissé envouter par la Corse, qu’il a croquée avec plus de 250 dessins réalisés sur place réussissant à capter la vie profonde loin des stéréotypes; de la Haute-Corse (Cap-Corse, Erbalunga, Bastia, la Balagne, Agriates, Casinca…) à la plaine orientale (Cervione, Aléria…), jusqu’à la Corse du Sud (Ajaccio, Piana, Porto, Partinello, Cuccuruzzu, Porto Vecchio, Bonifacio…).
A l’occasion de la parution du livre Corse aquarelles, de Fabrice Moireau que Belinda Cannone ouvre par un ample texte introductif, la romancière revient sur cette collaboration à quatre mains pour raconter sa Corse, à la fois intime et rayonnante.
Belinda Cannone : Pourquoi après l’arbre et ses photos, l’émerveillement, un texte sur la Corse en aquarelles ?
D’abord, il faut reconnaître qu’il n’est pas sans lien avec une partie de mes origines : ma mère est corse, j’ai enseigné neuf ans à l’université de Corte – ce qui explique que l’éditeur soit venu vers moi. Ensuite, j’ai une passion pour la beauté de cette île, ses montagnes émergeant de la mer, ses rivières qui dévalent dans chaque gorge, et sa relative préservation est rare dans notre environnement dont les paysages se dégradent inexorablement. J’ai donc essayé d’expliquer en quoi et pourquoi elle m’émerveillait. Comme vous le dites justement, ce livre est tout à fait lié à ce que j’ai tenté de faire avec Un chêne (éd. Le Vistemboir, 2016), livre composé de mes photos et de textes poétiques brefs autour d’un arbre solitaire admiré depuis la fenêtre de mon bureau, et inlassablement photographié : alors que j’ai écrit un essai sur l’émerveillement (S’émerveiller, Stock, 2017), de la théorie donc, par ailleurs j’essaie de mettre en pratique, littérairement, ce sentiment. Chaque fois, il s’agit de formuler l’expérience sensible de l’émerveillement face au monde qui nous entoure. Une sorte d’exercice spirituel.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le travail de Fabrice Moireau ?
Les aquarelles de Fabrice sont d’une qualité exceptionnelle. Il a un art du détail, une délicatesse du trait et de la couleur, une façon de savoir se placer face aux spectacles, qui m’ont enthousiasmée. J’ai écrit mon texte après avoir vu ses aquarelles, et je l’ai construit autour de mes souvenirs et de mon assidue fréquentation de l’île. Mais ses images correspondent parfaitement à ma perception globale et j’ai eu le sentiment de collaborer à une sonate à deux instruments, distincts mais complémentaires.
Comment s’intègrent ces textes dans votre travail d’écrivain, entre essais et romans ?
Ce sont des moments de pur plaisir. Alors qu’un roman ou un essai sont, dans un premier temps du moins, de l’ordre du travail et parfois de la souffrance, avec ces collaborations j’ai l’impression de chantonner. Contrairement à l’invention (le roman) ou à la réflexion (l’essai), ici je mets en œuvre l’évocation et l’intime. Car je raconte ma Corse, plus que la Corse. Vous savez que le premier mouvement de l’émerveillement consiste à dire à qui nous accompagne « Regarde ! Regarde ! ». Eh bien ici, non seulement j’invite le lecteur à regarder ces belles aquarelles, bien sûr, mais je souhaite l’entraîner à ma suite et je lui dis « Regarde comme cette île est belle ! ». Pouvons-nous faire mieux que chercher à habiter poétiquement le monde ?
Aller plus loin sur la technique et l’histoire de L’Aquarelle, Marie-Pierre Salé, Citadelles & Mazenod