Culture

Le carnet de lecture de Patricia de Figueiredo, romancière : Gilles Paris, Anouk Shutterberg, Hervé Paolini, Anouk Shutterberg & Mona Azzam

Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 8 décembre 2023

Patricia de Figueiredo aime les romans, elle en écrit même ! Entre deux dégustations ou sorties théâtre, l’auteure de Vous n’aurez pas mes cendres ! (Safran) partage ses dernières notes de lecture qui embrassent large : le portrait d’une femme libre, Les 7 vies de Mlle Belle Kaplan, de Gilles Paris (Plon), une plongée dans la bourgeoisie façon Chabrol, La mort porte conseil, par Hervé Paolini (Serge Safran éditeur), une nouvelle enquête du commissaire Jourdain, La Nuit des fous, d’Anouk Shutterberg (Récamier Noir), enfin une dystopie si Camus avait survécu à son accident, imaginée par Mona Azzam, Camus, L’espoir du monde (Les éditions Avallon).

Les 7 vies de Mlle Belle Kaplan, de Gilles Paris, Plon, 218p. 19,90€

Belle Kaplan est une actrice de renommée internationale, adulée. Mais derrière cette beauté parfaite et froide se cache une femme qui a vécu plusieurs vies. Orpheline, elle passe son enfance dans un orphelinat avant d’être adoptée avec son frère de cœur, Ben, par un couple odieux et violent dont le garçon servira de souffre-douleur à ce paternel adoptif. Entre les deux enfants devenus grands, Pierre, servira de détonateurs à des révélations. Plus tard, celle qui ne s’appelle pas encore Belle, trouvera-t-elle une septième vie ?

Malgré quelques répétitions, Gilles Paris dresse le portrait d’une femme libre qui a su se battre pour construire sa vie. Parcours d’une actrice qui de Paris à Hollywood a su se tracer un chenin.
Parcours de résilience aussi, l’auteur montre qu’il est possible de changer et de trouver l’amour même sur un chemin de ronce.

La mort porte conseil, d’Hervé Paolini, Serge Safran éditeur, 200p, 18,90 €

Un homme qui a refait sa vie avec l’infirmière de sa femme décédée devient le souffre-douleur de son beau-fils. Industriel et gérant une usine appartenant à sa belle-famille, il plonge peu à peu dans un état entre dépression et confiance en soi, le regard des autres change. Mais pourquoi sa nouvelle femme ne prend-elle pas sa défense ?

Pour son premier roman, Hervé Paolini brosse une ambiance digne de Chabrol. L’atmosphère provinciale moitié polar, moitié roman de mœurs, nous plonge dans la Normandie des années 90. L’auteur, par des détails, des lenteurs voulues, nous capte.
À contre-courant des sujets actuels, où l’homme est la victime, La mort porte conseil est un roman qui dérange dans le bon sens du terme.

La Nuit des fous, d’Anouk Shutterberg, Récamier Noir, 361 p, 20 €

À la mort de son père, une jeune femme découvre l’existence d’une tante. Alors que des liens semblent s’installer entre les deux femmes, des événements étranges se produisent. Parallèlement dans le Jura, des squelettes modelés avec du fil de fer sont retrouvés lors d’un chantier. Le commissaire Jourdain enquête sur cette histoire qui trace un chemin entre folie et les sombres côtés de la nature humaine.
Pour son troisième roman, l’auteure Anouk Shutterberg nous entraîne dans une histoire glaçante, dans un style vif qui colle à l’ambiance oppressante. Un livre qu’on ne lâche plus une fois le premier chapitre passé et qui a été salué par le jury du Prix Noir sur Ormesson 2023.

Camus, L’espoir du monde, de Mona Azzam, Les éditions Avallon, 291p, 21€.

Et si Camus n’était pas mort dans l’accident de voiture du 4 janvier 1960 ? C’est de ce postulat que part Mona Azzam, inspiré de l’universitaire Giovanni Castelli.
L’auteur de La Peste est resté dans le coma pendant 20 ans. Il se réveille dans un hôpital en URSS. Il s’évade et rentre en France. Là il contacte René Char et Louis Guilloux et prend le parti de ne pas révéler qu’il est encore en vie.
Pourtant l’actualité le pousse à prendre la plume sous un pseudonyme Alexandre. Le roman dystopique nous montre combien le regard acéré, les opinions de l’auteur du Mythe de Sisyphe nous manquent, et combien l’Histoire balbutie et se répète : Liban, conflit israélo-palestinien…..

Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude deviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous.
Mona Azzam

Reste aussi une certaine nostalgie, une tristesse de cet homme empêché de se montrer, à sa fille, de retrouver l’amour de sa vie Maria Casarès. Camus l’Espoir du monde est un roman intrigant, où  » il existe encore un espoir. Aussi longtemps qu’il y aura des hommes épris de liberté « .

#Patricia de Figueiredo

Pour suivre Patricia de Figueiredo

Lire tous ses articles en tant que contributrice de Singular’s : Curieuse en bonne verseau de ce qu’elle ne connaît pas encore, convaincue comme Jean d’Ormesson que « Tout le bonheur du monde est dans l’inattendu ». Cette autrice de plusieurs romans aime rencontrer des chefs, des vignerons, revenir à ses premières amours du théâtre et bien sûr faire partager ses découvertes littéraires. Dans une autre vie, Patricia fut également rédactrice en chef du magazine Culture Papier et rédactrice pour Le Journal du Parlement. 

sur son roman Vous n’aurez pas mes cendres ! (Safran)

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