Culture

Le carnet de lecture de Sarah Bussy, romancière, L’Eclipse

Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 14 septembre 2024

(Artiste inspirant) Les œuvres réunies par Sarah Bussy dans son carnet de lecture l’ont tellement marquée qu’elles ont fini, dit-elle, par être « un peu de sa « propre essence ». Une mention qui immédiatement fait retour vers L’Eclipse que l’auteure publie chez Julliard. Camille, l’héroïne du livre, n’est-elle pas en effet elle-même en recherche de sa propre essence ? Œuvre et carnet de lecture se lisent une fois de plus en miroir l’une de l’autre… Le roman qu’a chroniqué Anne-Sophie Barreau figure dans la 8ème sélection du prix Blù Jean-Marc Roberts 2024.

 

Il y a beaucoup d’œuvres, je vais essayer d’aller à l’essentiel.

Et peut-être que par « essentiel » j’entends les œuvres qui m’ont non seulement marquée mais constituée, en partie, tellement imprégnée qu’elles ont fini par être un peu de ma propre essence.

Je dois donc commencer par les romans de Milan Kundera et, pour en citer un plus particulier, « L’insoutenable légèreté de l’être ».

Je l’ai lu très jeune et je crois avoir compris alors que la mélancolie était normale, et belle, et la « légèreté » une réponse.
Face au vertige du temps qui passe, il faut vivre. On le trouve aujourd’hui misogyne, sans doute – c’était une autre époque (voir sa conception de l’érotisme brossée sur Apostrophes). Je crois que cela ne lui ôte pas sa beauté ni sa profondeur.

J’ajouterai ensuite, un peu plus en vrac, Duras, Faulkner, Flaubert.

J’adore cette phrase de Duras : 

« Écrire c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait (…) Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. »
Duras sur l’écriture, Écrire

Et puis il y a eu » l’Iliade » et « l’Odyssée » d’Homère.

Je ne sais plus dans quelle traduction je les ai lues, étudiante, pour réaliser alors que les grandes épopées pouvaient aussi être des chants, des poèmes. Des voix. Ce n’est pas pour rien que je me suis d’abord tournée vers le théâtre. Le théâtre c’est de la passion, du sang, du drame, du ciel et des chants.

J’ai aimé démesurément lire et jouer les tragédies en alexandrins de Racine ou Corneille…

 Plus tard, changeons de registre,

j’ai eu un énorme coup de cœur pour « Le monde selon Garp » de John Irving

Ou les livres d’anticipation de J.G.Ballard. Dont un méconnu, très beau et mystérieux, qui s’appelle « La forêt de cristal ».

https://youtu.be/TD4k1eEBluM

Dans la série mystère, il y a un livre culte : « Le Mur Invisible » de Marlen Haushofer.

Un livre sur la solitude, entre autres, et l’écriture aussi. Ici la narratrice écrit « pour ne pas perdre la raison. (…) Pour se préserver des ténèbres et de la peur ».
Le
film qu’en a tiré Julian Pölsler est d’ailleurs très réussi aussi.

 Bonne transition pour parler un peu cinéma.

J’ai été bercée aux vieux films italiens comme aux comédies de Louis de Funès. J’aime toujours énormément les premiers, j’ai un peu délaissé les seconds, malgré quelques répliques culte qui me restent en tête.

Un film qui m’a vraiment marquée : « Melancholia », de Lars Von Trier.

Pour ses aspects à la fois métaphysique, esthétique et cosmique (je lis autant de livres sur l’univers, l’espace, je crois qu’au fond j’aurais rêvé être astronaute, je peux passer beaucoup de temps sur le compte Instagram du NASA Chandra X-Ray).

Puis la mélancolie, on ne se refait pas…

 Plus récemment, j’adore les films du réalisateur suédois Ruben Ostlund.

 

Et j’ai été bouleversée par « Le Règne Animal » de Thomas Cailley.

 Côté art, je passe depuis toujours beaucoup de temps dans les musées, les galeries. Je peins moi-même, dessine, fais de la gravure, de la sérigraphie, de la céramique. C’est plus qu’important pour moi et ne sachant vraiment pas quoi choisir dans tout ce bazar qui hante mon esprit, je vais me contenter de dire que je pleure chaque fois devant les Nymphéas de Monet.

Enfin, j’ai grandi près d’un père musicien au milieu d’un mystérieux triangle d’or : Beatles – Schubert – Bobby Lapointe.

 Je crois que j’en ai hérité :

  • Un gros penchant pour la pop anglaise. Une de mes chansons préférées de tous les temps est « Common People » de Pulp.

  • Des larmes qui, par un étrange atavisme, ou mimétisme, me montent aux yeux dès que j’écoute de la musique classique. Schubert et Chopin en tête.

  • Un amour du jeu de mots.

Propos recueillis par Anne-Sophie Barreau le 8 septembre 2024

Pour suivre Sara Bussy

le compte instagram de Sara Bussy

Sarah Bussy, L’Eclipse, roman, Julliard,2024 (lire la chronique d’Anne-Sophie Barreau)

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