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Conseils d’expositions (et Beaux-Livres) insolites à voir ou à offrir : de Paris Noir à David Hockney

Publié par Redaction Singulars le 23 mai 2025

Plutôt que des livres de cuisine ou de déco (sic), offrez de nouvelles perspectives d’imaginaires pour la fête des mères.
Dans l’offre muséale toujours pharaonique, notre sélection d’une dizaine d’expositions en cours ouvre de nombreux champs de curiosités voir de réponses à des enjeux du jour renforcés par la qualité éditoriale de leur catalogue, autant des Beaux-Livres somptueux à lire ou à offrir : de Edi Dubien à Ravel en passant par Gabriele Münter ou David Hockney, de Paris Noir à Apocalypse Hier et demain, en passant par ‘L’exil combattant des artistes 1939-1945’ au Disco, et une pépite, Le Brésil illustré, de Jean-Baptiste Debret à l’art contemporain. Pour tous les goûts d’aventures.

Apocalypse Hier et demain (BNF François Mitterrand), ne pas confondre avec catastrophe

Rien d’incongru d’associer la Résurrection de Pâques et l’Agneau pascal à l’Apocalypse. Au contraire! Avant d’être le poncif de notre sidération face à la violence du monde, omniprésente dans notre culture popApokálupsis signifie en grec révélation. En premier lieu, selon l’origine et le sens biblique, celui du Royaume céleste.
La remarquable exposition et catalogue Apocalypse. Hier et demain à la BNF François-Mitterrand jusqu’au 8  juin revient au texte radical de l’Apocalypse de Jean, dernier livre du Nouveau Testament, pour mieux interroger cette fascination des artistes pour la catastrophe et la fin du monde, qui en oublie pour Olivier Olgan celle d’une révélation porteuse d’espérance.

L’Apocalypse demeure ainsi, depuis deux mille ans l’un des plus grands récits symboliques de l’épreuve et de l’espérance ; il est un arrière-plan et un horizon, une invitation à « nous souvenir de l’avenir ».
Jeanne Brun, Commissaire général

Lire plus par Olivier Olgan 

jusqu’au 8 juin 2025, Apocalypse. Hier et demain, BNF François-Mitterrand
Catalogue, BNF éditions

Ravel Boléro (Philharmonie/Éditions de La Martinière), le Boléro révélé

Pour beaucoup une rengaine hypnotique trop imposée à toutes les sauces, obsédante et trop écoutée peut-être. D’autant qu’elle réduit son auteur à un seul arbre qui cache une forêt somptueuse.

« Le Boléro peut résumer tout Ravel, il peut dire aussi bien sa fascination pour l’enfance, son obsession du rythme, son goût pour les mondes industriels ou pour l’Espagne et plutôt que de livrer une exposition monographique et exhaustive, nous avons privilégié un parti pris assez poétique ; comme le Boléro nous dit beaucoup de Ravel, il nous livre un portrait très poétique du compositeur. »
Marie Pauline Martin, directrice du Musée de la musique à la Philharmonie de Paris

Le parcours immersif plonge le visiteur dans une expérience audiovisuelle saisissante, explorant la mécanique de précision du compositeur et sa fascination pour l’Espagne. Les nombreux essais du catalogue révèlent toutes les facettes souvent insoupçonnées d’un chef œuvre intemporel (notamment les réminiscences des bruits d’usine paternel).  Brossant en filigrane un portrait du compositeur, elle restitue surtout l’histoire et l’imaginaire qui enveloppe sa composition, et sa postérité dans l’inconscient collectif.

« C’est une partition savante, une œuvre qui est née d’une réflexion musicale extrêmement radicale et poussée mais c’est aussi devenu, au grès de la mondialisation, une espèce de refrain universel, la bande son incontournable du cinéma, voir un objet de la pop culture.»
Marie Pauline Martin, extrait du catalogue

Jusqu’au 15 juin, Philharmonie de Paris (221 avenue Jean-Jaurès, Paris 19)
Catalogue, Éditions de la Philharmonie/Éditions de La Martinière

Un exil combattant. Les artistes et la France 1939-1945 (Musée de l’armée Gallimard)

 Peut-on résister à coups de poèmes, d’images ou de sons ? Joseph Kessel, Paul Eluard, Jean Hélion, Fernand Léger, Romain Gary, Hannah Arendtou, Claude LéviStrauss, Pierre Dac, Jean Gabin… l’exil de nombreux d’artistes, d’écrivains et intellectuels face au joug nazi n’a seulement permis de prolonger le combat hors des frontières,  il contribua à faire rayonner la culture française hors de nos frontières pendant la Seconde Guerre mondiale.

« La résistance, c’est-à-dire l’espérance nationale, s’est accrochée […] à deux môles qui ne cédèrent point. L’un était un tronçon d’épée, l’autre, la pensée française »
Le général de Gaulle fin 1943

Entre témoignage d’un « certain esprit français » et d’un amour de la liberté, mais surtout l’influence esthétique qu’ils instillent (Masson, Léger, Zadkine, …) le parcours de l’exposition du Musée de l’Armée est articulé par pays et par zones géographiques, ponctué des portraits de personnalités célèbres, peu connues, ou injustement oubliées dont le catalogue détaille le destin : de Jacques Maritain à Benjamin Fondane… pour dresser un panorama de du « soft power » français combattant.

« (…) ce combat culturel a pour objectif de gagner les cœurs et les esprits des opinions publiques des pays neutres et alliés à la cause de ceux qui refusent la défaite de la France. Utilisant le prisme des arts, de la communication, de l’éducation et des sciences, il mobilise les bonnes volontés, sur tous les continents. » Général de corps d’armée Yann Gravêthe, introduction du catalogue.

Jusqu’au 22 juin, au musée de l’Armée (Invalides) Paris.
Catalogue Gallimard

Paris noir, circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950 – 2000 (Centre Pompidou)

En retraçant la présence et l’influence des artistes noirs dans la capitale française, l’exposition « Paris Noir » revendique jusqu’au 30 juin 2025 – non sans risque de controverses – une autre histoire de l’art en France. Paris devient centre de l’internationalisme noir, à la fois creuset de résistance post colonialisme et dynamique de réapproprientation d’une identité artistique authentique.

Plus de 150 artistes africains et afrodescendants – dont beaucoup d’invisibilisés par les institutions – sont convoqués dans une labyrinthique premier état des lieux, étourdissant Baptiste Le Guay par la variété de pratiques et des esthétiques allant de la conscience identitaire à la recherche de langages plastiques transculturels.

Lire plus par Baptiste Le Guay

 

jusqu’au 30 juin 2025, Centre Pompidou, place George Pompidou, Paris 4,
Catalogue. Gallimard

Edi Dubien, Eclairer sans fin (musée de la Chasse et de la Nature-JBE Books)

« Je parle d’une existence à protéger : aussi bien les enfants que la nature, les bêtes, une part de nous »

Avec une rare intensité et une émouvante justesse, Edi Dubien s’est investi dans le musée de la Chasse et de la NatureJBE Books.
Au sens propre, plus de 200 œuvres s’immiscent et dialoguent avec la collection permanente et, figuré en explorant des thèmes liés à l’identité, à l’enfance et ses rapports avec la nature.
Plus qu’une confrontation, ce chaman privilégie la douceur de subtiles relations d’échange, de coopération, et de métamorphose, pour mieux instiller une sentiment de consolation d’une résiliente bienveillance.

Lire plus par Olivier Olgan

Jusqu’au 17 aout 2025, Eclairer sans finmusée de la Chasse et de la Nature, Paris-3e
Catalogue. JBE Books

Disco, I’m coming out (Philharmonie de Paris), une transgression festive ressuscitée

Sous les paillettes, la lutte sociale ! Loin des clichés réducteurs, après le Hip hop, La Philharmonie de Paris retrace jusqu’au 17 aout 25 l’effervescence du Disco, naissant aux Etats-Unis au début des années 1970. Une musique prenant ses racines dans la culture afro-américaine (soul, gospel et funk), mais également propulsée par des avancées technologiques comme le synthétiseur et des DJs précurseurs.
Marion Challier, commissaire associée revient pour Baptise Le Guay sur cette révolution culturelle transgressive qui prône l’hédonisme et l’égalité des droits des femmes et des homosexuels, d’autant que son influence reste puissante dans les musiques actuelles.

Lire plus par Baptiste Le Guay

Jusqu’au 17 août 2025, Philharmonie de Paris (221 avenue Jean-Jaurès, Paris 19)
Catalogue, Éditions de la Philharmonie/Éditions de La Martinière

Gabriele Münter, Peindre sans détours (MAM Paris-Paris Musées), une bouffée d’énergie, une orgie de couleurs

Une œuvre singulière de paysages et de portraits aux couleurs saisissantes, des formes simplifiées mais expressives, des contours noirs affirmés qui structurent la composition. Gabriele Münter (1877-1962). longtemps réduite à n’être que la compagne de Kandinsky fut pourtant co-fondatrice du cercle munichois du Cavalier Bleu (Blaue Reiter).
Les peintures vibrantes de cette pionnière de l’expressionisme allemand confirment pour Sylvie Arzelier son étonnante modernité. Le MAM Paris lui rend hommage jusqu’au 24 août 2025. Et son catalogue édité par Paris Musées, le premier en français sur l’artiste vous permet d’en savoir plus. Et c’est tant mieux.

Lire plus par Sylvie Arzelier 

Jusqu’au 24 août 2025, MAM Paris (11, avenue du Président Wilson)
Catalogue Paris Musées 

David Hockney 25 (Fondation Louis Vuitton) ou le plaisir juvénile de peindre

A près de 88 ans, David Hockney, un des derniers géants de la peinture du XXème et XXIème siècle s’est totalement impliqué dans la réalisation de cette époustouflante rétrospective – de plus de 400 œuvres de 1955 à 2025 – grâce aux moyens pharaoniques de la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 31 août 2025.
Pour Calisto Dobson, elle fait découvrir l’immense diversité et le renouvellement permanent de la peinture d’un facétieux jeune homme qui revendique « aimer le monde en le regardant différemment ».

Lire plus par Calisto Dobson

jusqu’au 31 août 2025, Fondation Louis Vuitton (8 av. du Mahatma Gandhi, Paris)
Catalogue, Fondation Louis Vuitton / Thames & Hudson

Le Brésil illustré, L’héritage postcolonial de Jean-Baptiste Debret (Maison de l’Amérique latine – Actes Sud)

Inaugurée à l’occasion de la saison culturelle croisée France-Brésil 2025, « Le Brésil illustré, L’héritage postcolonial de Jean-Baptiste Debret (1768-1848) » à la Maison de l’Amérique latine renouvelle avec finesse le dialogue pictural entre les deux pays.
L’exposition vient rétablir pour Antoine Kauffer l’équilibre entre deux méconnaissances réciproques : celles d’un artiste français dont l’iconographie a considérablement nourri le mythe d’une nation brésilienne métisse ; celles d’une quinzaine d’artistes brésiliens contemporains motivés par le désir de tordre le cou aux clichés qui nourrissent les représentations de leur société.

Lire plus par Antoine Kauffer 

Jusqu’au 4 octobre 2025Maison de l’Amérique latine (217, bld Saint-Germain, 75007 Paris)
Catalogue (Actes Sud, avril 2025).

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