Voyages
Le Palazzo Reale, perle baroque de Turin, la belle discrète
Auteur : Patricia de Figuieredo
Article publié le 19 juin 2020
Moins brillante que ses rivales, Milan, Rome ou Venise, Turin, ancienne capitale des Etats de Savoie mérite pourtant une flânerie romantique entre places impressionnantes et palais monumentaux. La rénovation de la cheminée de la salle des gardes du Palazzo Reale et l’exposition Mantegna au Palazzo Madama sont l’occasion de la découvrir un peu plus.
La réputation de Turin est trop souvent limité à sa dimension industrielle – berceau de Fiat notamment – ou sportive avec la Juventus ou la réussite des Jeux Olympiques d’hiver de 2006… Pourtant la bella Cità devenue en 1563 capitale des États de Savoie en remplacement de Chambéry possède elle aussi un magnifique patrimoine baroque marqué par la magnificence et le décorum. Ses larges places et sublimes palais ponctuent une promenade qu’il faut terminer sur les bords du Pô, non sans s’être arrêté dans les nombreux cafés traditionnels.
Un somptueux complexe muséal
A commencer par l ’ancienne demeure de la maison de Savoie qui trône majestueusement sur la place centrale de Turin, piazza Castello au cœur d’ un somptueux complexe muséal, classé au Patrimoine de l’Unesco. Le palais est flanqué du Palazzo Madama. que Charles-Albert de Savoie transforme en siège du Sénat royal. C’est ici que la naissance du royaume d’Italie fut proclamée. Depuis 1934, il est le siège du musée civique d’art antique.
La pinacothèque, le musée archéologique, la bibliothèque, la galerie des armures complète l’ensemble.
Une architecture hybride unique en son genre.
Edifié par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie depuis 1562, l’austère palais n’a cessé d’être transformé et rénové, au point de constituer un ensemble hybride unique, synthèses ou variations des styles baroque, roccoco et néoclassicique. A l’intérieur de palais, édifié par Carlo puis Amedeo di Castellamonte, au milieu des enfilades d’appartements superbement décorés et préservés, deux joyaux fascinent : l’escalier des Ciseaux, réalisé par Filippo Juvarra, et la monumentale cheminée située dans la salle des gardes Suisses.
La réhabilitation d’un chef d’œuvre baroque
La création de la cheminée monumentale remonte à 1661, époque de l’extension de la ville, notamment la construction de la Via Pô avec ses arcades qui protègent du vent et de la pluie et de l’expansion du baroque venu de Rome. Ces influences se retrouvent dans les matériaux utilisés : composite de marbre, de verre de Tessali. La table supérieure est garnie de lapis lazuli, au sommet de celle-ci, trois bustes d’Empereurs romains. Une plaque au blason de la Maison de Savoie à l’intérieur de l’âtre rappelle les commanditaires.
Un mécénat exemplaire
774 heures de travail ont été nécessaires pour redonner tout son lustre à « La Corniche du temps » Cette réhabilitation a été soutenue par un mécène privé – le fabricant de cheminée Palazzetti. « Garder le patrimoine artistique italien intact devrait être un engagement constant de la part de nous tous – déclare le Président Ruben Palazzetti – et, pour nous entrepreneurs, représenter une incitation à agir concrètement afin qu’il reste un signe de l’amour pour notre Pays, qui continue à nous rendre si fiers et à alimenter notre énergie productive.. »
Une déambulation de toute beauté
Quittons le Palais Reale et la Palazzo Madama non sans y avoir vu l’exposition consacrée à la « Mantegna, rendre l’antiquité moderne » pour déambuler de places en places, de la Piazza Carlo Felice à la via Roma, pénétrer dans les majestueuses églises (San Carlo Borromeo, San Lorenzo…) sans oublier, Sacra Sindone, chapelle du Saint Suaire, bâtie entre 1668 et 1694 par Guarino Guarini qui selon Dominique Fernandez « réussi ce tour de force d’exprimer, par l’architecture et par l’éclairage même de la chapelle, le double symbolisme du saint Suaire », suggérant à la fois l’agonie du corps et la libération de l’âme.
Après tant d’émotions contradictoires de la douleur et de l’allégresse, il est temps de marcher à pied le long du Pô pour s’ouvrir l’appétit.
Ville gourmande, berceau du mouvement Slow Food de Carlo Petrini,
Turin déploie aussi des trésors de gastronomie. : les pasta ou les vins du Piémont, mais les plus emblématiques restent assurément le Bicerin (petit verre en dialecte piémontais) est un verre où est déposé du chocolat épais, un café noir et une couche de crème fleurette. Pour cela les cafés historiques sont parfaits pour les déguster. Certains comme Al Bicerin remonte à 1736 ! Pasticceria, Farmacia, Mulafsano sont aussi des incontournables au décor plein de charme.
Autre douceur, le Gianduiotti, né à partir de 1852, il est fait à base de guanduja pâte de chocolat au lait et de noisettes broyées, enveloppé dans du papier doré fait penser à un lingot miniature.
Comment savourer Turin
Y aller :
En Train Paris Gare de Lyon -Turin Porta Susa : 5 à 6h
En Avion : HOP ! assure des liaisons entre CGD et l’aéroport de Turin
Dormir
Victoria Hotel **** : situé entre le Pô et les places Saint-Charles et Charles-Emmanuel II, cet hôtel de charme est considéré comme un des meilleurs de la ville. Avec sa terrasse-jardin, son spa aux colonnes romaines et ses cheminées romantiques, il a tout pour plaire.
Via Nino Costa, 4 10123 Turin. Tel + 39 011 5613288.
Déguster
La Tampa.
Pour un dîner dans un lieu original, situé en dehors des circuits touristiques empreint d’histoire et de littérature, direction la secrète Tampa. Ambiance taverne avec une cuisine du chef Stéphano Fanti des plus raffinées au sous-sol du Circolo dei Lettori (cercle de lecture) dont la promotion de la lecture est l’objectif premier de cette Fondation, par des artistes et des écrivains.
Exposition « Andrea Mantegna Rendre l’antique moderne »
Jusqu’au 20 juillet 2020
Palazzo Madama – Museo civico d’arte antica
Piazza Castello, 10, 10121 Torino (TO)
Plus d’une centaine d’œuvres ont été réunies pour restituer la passion pour l’Antique qui anime Andrea Mantegna (1431- 1506) et ses contemporains qui conduira à une véritable révolution esthétique et humaniste nourrie des expérimentations hardies en matière de perspective et un réalisme extraordinaire dans la représentation de la figure humaine.
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