Lifestyle

Alan Caillaud fait du Moulin du Pont Rû un havre de réconfort pour les femmes en détresse

Auteur : Ghyslaine Moreau de Raymeront
Article publié le 10 décembre 2022.

A la suite d’un drame personnel, Alan Caillaud dédie toute son énergie au développement de l’ association Moulin de Pont Rû. Depuis plus de quatre ans, ce ‘tiers-lieu social et rural’ au cœur du Vexin français apporte le soutien nécessaire pour aider les femmes battues à survivre à leur agression. Ses objectifs sont concrets, vitaux : sauver des vies meurtries en leur donnant de l’espérance, de la sérénité et des clés pour se reconstruire. Son association est devenue un véritable phare dans la nuit pour beaucoup d’entre elles.

Ça n’arrive pas qu’aux autres

Il s’appelle Alan. Il vivait avec Maeva .Ils se sont plus et ne sont plus séparés depuis l’âge de 7 ans. Ils étaient heureux avec Lorenzo, leur petit garçon d’un an. Ils avaient des projets ensemble jusqu’à la terrible nuit d’avril 2012 où Alan découvre à leur domicile l’amour de sa vie ensanglantée, battue à mort, inerte, Lorenzo pleurant sous son corps, sa maman l’ayant protégé de son agresseur. Un individu malveillant a battu Maeva à mort à coup de batte de baseball. Sans motif. Alan est anéanti.

Une nécessaire reconstruction

D’un drame personnel Alan Caillaud a su avec l’association Moulin du Ru crée une dynamique résiliente collective Photo Herve Moreau

Son petit Lorenzo et sa famille sont à ses côtés pour avancer. Dans sa douleur le veuf a trouvé une aide significative auprès de l’association Art of living pour se reconnecter à la vie, gérer le stress du quotidien et s’établir dans un état d’esprit plus centré et plus confiant entre autres par la méditation. Le temps passe, Alan n’oublie rien, bien au contraire. Il répond à la mort par la vie, il laisse de coté son métier pour se consacrer à une cause, venir en aide aux femmes en détresse  et empêcher que d’autres ne meurent sous les coups de leurs bourreaux. Alan a créé une association et ouvre avec sa famille sa porte du Moulin de Pont Rû pour les accueillir en l’honneur de Maëva, qui triste ironie du sort signifie « bienvenue » en polynésienne.

C’est au Moulin de Pont Ru que se crée du lien où on expérimente,
on transmet, on avance ensemble, en pensée et en acte.
Parce qu’avec de petits gestes on peut faire de grandes choses,
parce que prendre soin de soi est essentiel pour exister,
parce que l’entraide, la joie et le partage sont des ressources inestimables
.
Alan Caillaud – Moulin du Pont Ru

La maison familiale du Moulin du Ru Domaine Photo Herve Moreau

Une résurrection

Et si face aux incohérences de notre monde et aux enjeux tant sociaux qu’écologiques, il était temps d’apporter des réponses positives et d’être constructifs collectivement ? C’est le choix du Moulin du Pont Ru.

La maison achetée par DAPAT complète l’accueil du Moulin du Ru Photo Herve Moreau

Dans cet ancien moulin à eau et un domaine de 4000 mètres carrés, Alan Caillaud et sa mère maintiennent et partagent la tradition d’une maison familiale ouverte à la diversité et à la résilience. Une équipe de professionnels accueille les jeunes et les femmes en situation de vulnérabilité avec une méthodologie dédiée à l’accompagnement vers l’autonomie et au changement de vie. Ce « tiers » lieu unique dispose d’un jardin de permaculture créé par le permaculteur Guillaume Fenski et permet de sensibiliser tous les convives aux enjeux écologiques.

C’est ainsi que se côtoient stages, ateliers, événements, séjour en plein cœur du parc naturel régional du Vexin français. Sont pratiqués la box, l’équithérapie, le canoë, un accès au sauna et une alimentation saine. Aujourd’hui 19 salarié.es portent les projets du Moulin accompagnés de 20 prestataires et plus de 70 partenaires. Le moulin du pont du Ru a déjà accueilli plus de 200 femmes victimes de violence et en détresse, le constat de cette organisation et plus que positif.

Construire un nouveau départ

Une des forces des séjours proposés repose sur son côté immersif : il ne s’agit pourtant que d’un séjour de 5 jours. Les femmes repartent plus fortes pour souvent se mettre à la recherche d’un logement pérenne pour pouvoir atténuer leurs psychotraumatismes.

Le manque de logement reste le premier écueil pour un nouveau départ. Entre 20000 et 30000 femmes auraient aujourd’hui besoin d’un logement pour sortir des violences infligées. Alan revendique haut et fort aussi la force du collectif, indispensable ADN de sa vocation  « L’association s’est bâtie avec de nombreuses personnes engagées et de nombreux partenariats, rassemblés pour soutenir son démarrage : soutiens financiers, soutiens stratégiques (DLA), soutiens institutionnels mais aussi le soutien de centaines de bénévoles ».

Grâce au fonds DAPAT, l’extension Moulin du Ru Phot est une réalité Herve Moreau

La mobilisation du fonds de dotation DAPAT est déterminante pour trouver des solutions pérennes :  « Il existe des rencontres dans la vie qui sont providentielles et en novembre 2021 nous avons eu la chance de rencontrer Danielle et Patrick de Giovanni, les fondateurs du fonds de dotation DAPAT. Nous avions besoin de regards professionnels et bienveillants et c’est ce qu’ils ont fait : ils nous ont soutenus stratégiquement, logistiquement et financièrement ».

Après avoir placé 10 millions d’euros pour soutenir les associations tournées vers l’aide aux femmes DAPAT vient de créer une foncière sociale pour acheter des lieux pour loger ces femmes. Son premier investissement c’est fait dans la maison voisine du Moulin du Ru. Voilà les vœux de Alan exhaussés, 900 mètres carrés pour 1,3 hectare de terrain mis à disposition de l’association à titre gracieux.

En route pour de nouvelles aventures

Les projets autour de l’association Moulin du Ru ont besoin du souien de tous Photo Herve Moreau

Le Moulin du Ru peut maintenant prévoir des logements indépendants. Ce projet « Tiers Lieu » bien sûr a un coût… Les dernières estimations du bureau d’études Scoping sont d’environ 6 millions d’euros. Alan est confiant : « Le projet est ambitieux, mais ces quinze dernières années passées à réaliser mes rêves dans le monde de l’entreprise et de l’associatif m’ont bien fait comprendre qu’à l’impossible nous sommes tenus ! Ensemble nous pouvons faire devenir cette vision une réalité. »

#Ghyslaine Moreau de Raymeront

En savoir plus sur le Moulin du Pont Ru 

L’ association Moulin de Pont Rû, Bray-Et-Lû, au cœur du PNR Vexin français, 95710

Au Moulin du Ru les témoignages de femmes permettent de saisir les urgences Photo Herve Moreau

Le site du Fonds de dotation DAPAT

Bénévoles, donateurs, partenaires …
DAPAT a besoin de vous tout au long de l’année pour pouvoir construire des projets et venir en aide aux femmes Soutenir

Partager

Articles similaires

Sculpter les Sens, Iris Van Herpen annonce l’émerveillement du monde à venir (MAD Paris)

Voir l'article

Alexandre Esteves transforme des objets hors d’usage en design « low tech »

Voir l'article

Parfums d’Orient ou la civilisation des senteurs (Institut du Monde Arabe IMA – Skira)

Voir l'article

Clairéjo, tu files un mauvais coton, toi ! (galerie Rachel Hardouin)

Voir l'article