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Benoît Carpier de Neoantic répond à la demande de mobilier des années 50 et 60

Auteur : Baptiste Le Guay
Article publié le 28 novembre 2022

Pour acquérir du mobilier et luminaires vintage des années 50 et 60, l’amateur a deux méthodes : la salle de vente avec ce que le marteau a d’aléatoire, ou des revendeurs spécialisés comme Benoît Carpier. Après Kamila Sokolska de Bloc De l’Est, le fondateur de Neoantic a invité Singulars dans son immense atelier-entrepôt de Romainville où il expose des pièces uniques une fois restaurées. Entre collectionneur et antiquaire, ce chineur passionné revient sur cette vie sur les routes européennes pour recycler le meilleur du mobilier Design vintage. 

Benoît Carpier, fondateur de Neoantic, Photo Baptiste Le Guay

Depuis quand Néoantic occupe cet entrepôt vente à Romainville ?

Benoît Carpier : Nous sommes ici depuis quatre ans. Au départ, nous étions trois marchands, désormais deux avec mon ami Fabien. Il y a exclusivement du design de la deuxième partie du XXème siècle.

Je suis spécialisé sur les années 50-60, aussi Belgo hollandais car c’est là que j’ai construit mes réseaux, puis ce sont mes origines. La Hollande est un peuple de marchands donc pour chiner c’est pratique. Il y aussi du mobilier Italien, Français ou Scandinave.

Néoantic met sur le marché des pièces qui ne sont plus éditées,
la seule façon d’acquérir cette pièce est d’acheter une pièce ancienne.
Benoît Carpier

Qu’est-ce qui vous a donné envie de poursuivre cette spécialisation et de vous lancer en tant que brocanteur ?

L’atelier-entrepôt de Romainville est un trésor d’objets vintage des années 50 et 60, patiemment collectionné par Benoit Carpier Photo Baptiste Le Guay

J’ai fait une école de commerce en étant banquier pendant sept ans. J’en ai eu ras le bol, je suis donc parti dans le Design contemporain. Je me suis occupé de deux maisons d’édition en amenant des créations neuves sur le marché pendant une dizaine d’années. Je portais les collections dans une trentaine de pays, les plus riches notamment comme le Japon, la Corée du Sud, l’Amérique du Nord, l’Europe ou la Russie. Il y avait un côté très excitant à aller porter ses collections dans toutes les Design weeks du monde : Moscou, Dubaï, Tokyo, … c’était plutôt rigolo.

Je suis ensuite revenu à mes premiers amours, à savoir le mobilier du XXème siècle.

J’ai commencé il y a huit ans (en octobre 2014). Je n’ai pas de boutique physique donc je fais tous les grands salons designs à travers l’Europe en tant qu’exposant. Je vais à Genève deux fois par an, comme pour Bruxelles, Paris, Amsterdam, Düsseldorf, etc…
Le Salon du Vintage a de moins en moins de vendeurs de vêtements ou de sacs de luxe (Chanel, Yves-St-Laurent) et de plus en plus de vendeurs de mobiliers comme moi-même.

Pouvez-vous expliquer la raison du nombre d’objets si important que vous conservez ?

Les marchands comme Neoantic gardent des pièces en collection personnelle, jusqu’au jour où nous décidons de les vendre. Il y a des pièces en attente de restauration, des pièces en attente d’expéditions ou de livraisons. Nous avons tout ce stock prêt à la vente ou mis au « frigo ». C’est-à-dire que nous gardons notre stock en se disant que ça va continuer à monter. Ou alors tu as un « crush » perso et tu te dis que tu te l’offres pour ne pas mettre la pièce sur le marché. Les chez soi ne sont pas extensibles à Paris, donc nous ne pouvons mettre tout ce que nous avons envie de garder.

Neoantic rassemble et restaure avant d’envoyer ses trésors dans les Salons vintage d’Europe, photo Baptiste Le Guay

Pour moitié, j’ai un métier de déménageur, ce qui n’est ni glamour ni très excitant,
mais pour chiner il faut aller à la rencontre des marchands étrangers.

Etant un chineur dans l’âme, comment vous procurez-vous vos pièces ?

Des tableaux avec des fils, non des enceintes vintage ! Photo Baptiste Le Guay

J’ai une particularité par rapport au marché, c’est que j’achète exclusivement à l’étranger. Les pays européens où j’ai construit mes réseaux sont la Belgique, la Hollande, le Danemark, un peu Suisse, Italie et Espagne. Au fil des années et des road trips, je fais entre 4 à 5 mille kilomètres par mois en camion. C’est le revers de la médaille, le côté peu glamour, ni excitant du métier, mais pour chiner, il faut aller à la rencontre de tes marchands étrangers, de tes rabatteurs.

Dans le jargon, les rabatteurs sont ceux qui repèrent une pièce et te passent le lien internet, soit ils achètent eux-mêmes et te la revendent dans la foulée. Je reçois en permanence des photos sur What’s App pour savoir si je veux telle ou telle pièce. Ce réseau il faut le faire vivre en se déplaçant aux entrepôts.

Quelle est le profil de votre clientèle ?

C’est beaucoup de particuliers qui viennent sur des salons ou dans mon atelier-entrepôt. Il y a aussi des décorateurs, missionnés par des clients afin de les aider à décorer leur intérieur. Nous proposons une sélection pointue, qui vaut donc un certain prix. Parfois ça peut être un restaurant chic qui veut des assises relativement onéreuses mais c’est loin d’être la majorité. Ça peut-être des bureaux, des salons d’accueil d’entreprises, il y a aussi de la location à la marge pour des shootings ou des tournages de films ou de publicité.

La restauration fait partie intégrante de la mission de Néoantic pour récycler les objets du XXe siécle Photo Baptiste Le Guay

Vous ne produisez rien vous-même, mais récupérez vos pièces pour les mettre en état de fonctionnement, comment voyez-vous cette réutilisation ?

Avant de vendre, Noantic collectionne, Photo Baptiste Le Guay

De ce point de vue, notre métier est vertueux car nous faisons de l’« upcycling », en restaurant des pièces en mauvais état et en les remettant en vente sur le marché. Nous ne produisons rien, nous transformons quelque chose pour le tirer vers le haut. Une pièce qui a tenu déjà 60 ans, il n’y a pas de raison qu’elle ne tienne pas encore 30 ans.

Comment voyez-vous cet engouement du « vintage » repris par les grandes enseignes ?

Je trouve que « vintage » est un mot galvaudé car il ne valorise pas assez notre travail. Je parle plus de marchand Design XXème, car c’est des pièces choisies et restaurées.
Nous faisons le même métier qu’un antiquaire où nous amenons sur le marché des pièces qui ne sont plus éditées, la seule façon d’acquérir cette pièce est d’acheter une pièce ancienne. Comme la mode, ce sont des cycles, la roue tourne, dans les années 80 nous étions axé sur de l’art déco, l’art nouveau, puis ça s’est essoufflé. C’est comme pour les vêtements, bien heureux sera celui qui est capable de dire quel sera le prochain cycle en vogue.

L’identité de Neoantic c’est mon œil,
les gens viennent à moi car ils ont des affinités avec ce que j’ai choisi.

Comment faire des produits durables sur des produits onéreux ?

Ce n’est pas mon métier, puisque je choisis des pièces anciennes et intéressantes, je ne peux pas être dans la masse. Récemment, un client m’a demandé un type de chaises en 14 exemplaires, je ne suis pas capable de trouver 14 chaises identiques de ce modèle-là. Lorsqu’on me demande de la quantité, c’est très compliqué à fournir car je suis sur un process artisanal. Je ne peux pas aller vers du mass market, ni en termes d’approvisionnement, et encore moins en termes de positionnement prix.

Ce n’est pas parce que c’est beau qu’il faut que cela soit cher. Il y a des pièces rares qui sont onéreuses, la restauration peut être onéreuse. Mais tout n’est pas forcément cher. Il est possible d’avoir une belle lampe tirée à peu d’exemplaires ou une applique éditée il y a 50 ans, autour de 100 euros.

Propos recueillis par Baptiste Le Guay

Pour suivre Neoantic 

Néoantic, spécialisé en mobilier et luminaires vintage des années 50 et 60
7 rue Jean-Jacques Rousseau, Romainville
Ouverture 11-17h – 500 M2 de Design du 20e siècle
bcarpier@hotmail.com@neoanticgallery Facebook

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