Voyages
De l’Hôtel Impérial, plongez au coeur de Vienne aux 100 visages
Auteur : Thierry Joly
Article publié le 6 avril 2018 à 14 h 35 min – Mis à jour le 1 juin 2018 à 11 h 25 min
Rien de mieux qu’un séjour à l’hôtel Imperial de Vienne pour s’imaginer revivre les fastes de l’Empire Austro-Hongrois, ses bals mondains et la vie dorée de la noblesse d’alors. Il occupe en effet un authentique palais du XIXe siècle dont l’architecture et le mobilier n’ont en apparence que peu changé au fil des décennies. Bâti de 1863 à 1866 par l’architecte munichois Arnold Zenetti pour un prince allemand, le duc Philipp von Württemberg, il s’élève sur le Ring, cet ensemble de boulevards aménagé à l’instigation de l’Empereur François Joseph à l’emplacement des remparts qui encerclaient auparavant le cœur historique de Vienne.
Le rendez-vous des chefs d’Etats et des célébrités
Un lieu alors en plein chantier et le bruit des travaux ainsi qu’un projet de rue traversant ses jardins incitèrent rapidement sa seigneurie à vendre son palais à Horace Ritter von Landau un banquier convaincu qu’il pourrait en faire l’hôtel de référence pour les hôtes de marque de la capitale autrichienne. Pari réussi. Ouvert en 1873, juste à temps pour l’Exposition Universelle organisée cette année-là dans la ville, il a depuis lors accueilli un large éventail de chefs d’Etats et de célébrités allant de Bismarck à Michael Jackson en passant par l’Empereur du Japon, Sarah Bernhardt, Luciano Pavarotti, Mikhail Gorbatchev, Mac Mahon, Jacques Chirac, Liz Taylor, Mohamed Ali, Pelé et Lady Gaga.
L’intermède soviétique
Impossible de tous les citer tant ils ont été nombreux mais mentionnons encore Richard Wagner qui en 1875 y passa plusieurs semaines pour mettre une touche finale à la composition de ses opéras Tannhäuser et Lohengrin. Voisin du Musikverein, salle de concert renommée pour son acoustique, il est en outre la résidence attitrée des grands chefs d’orchestres et solistes s’y produisant. Hôte plus inattendu, l’Armée Soviétique y a établit son quartier général après la Seconde Guerre Mondiale, de 1945 à 1955, pendant l’occupation de la ville par les Alliés. Le seul moment de son histoire où cet hôtel 5* de 76 chambres et 62 suites a interrompu son activité.
Marbre à profusion
Imposant édifice de style néo-Renaissance italienne, l’Imperial dégage une impression de luxe et de grandeur d’un autre temps dès que l’on franchit les portes de la réception, hall de marbre éclairé par de grands chandeliers où l’on est accueilli par les portraits en pied du duc de Württemberg et de sa femme, Maria Theresa née archiduchesse d’Autriche. Avant la transformation en hôtel, c’était un perron où les calèches déposaient leurs passagers. Elles faisaient ensuite demi-tour dans une cour intérieure aujourd’hui devenue le HalleNSalon 1873, un voluptueux et grandiose lounge bar aux faux airs de bibliothèque aux murs de marbre rehaussés de dorures.
Installé dans de profonds et moelleux fauteuils, on peut s’y relaxer, y grignoter des en cas et siroter boissons alcoolisées ou non jusque tard dans la nuit. En soirée un pianiste y officie et le lieu est également le théâtre de concerts de musique classique et de jazz ainsi que d’un brunch au champagne le dimanche.
Vue remarquable ou parfum historique
Un escalier monumental, dit royal, conduit à la mezzanine. C’est là et aux trois étages suivants qu’il faut séjourner pour jouir pleinement des charmes de l’Imperial. Car les 4e et 5e étage ont, eux, été rajoutés en 1928 et si leurs chambres sont tout aussi irréprochables que les autres, elles ont souvent un décor et un mobilier plus classiques, plus uniformisés. Les suites Maisonnette aménagées en duplex sont toutefois très attractives par la remarquable vue qu’elles offrent sur Vienne et l’église Saint-Charles-Borromée. Mais il manque le parfum historique des étages inférieurs où l’on pourrait aisément se croire au XIXe siècle s’il n’y avait les ascenseurs. L’Empereur François Joseph et sa célèbre épouse Sissi y sont omniprésents, représentés sur maintes toiles grands formats. Un rappel que l’Empereur y venait de temps à autre, y logeait ses hôtes de marque et racontait ses passages dans l’établissement dans ses lettres à Sissi.
Des chambres uniques dignes d’un palais royal
Chambres et suites y sont toutes différentes, uniques. Pourvues de meubles, de tentures, de tapisseries et de lustres qui sont soit d’origine, portant encore le blason des Württemberg, soit d’époque achetés chez des antiquaires, ou des copies modernes faites à l’ancienne, elles n’ont rien à envier aux pièces du Hofburg, l’ancienne résidence impériale, ou du château de Schönbrunn. Avec bien sûr tout le confort et les équipements d’un hôtel du XXIe siècle comme le wifi, la télévision écran plat et une salle de bain spacieuse avec douche et baignoire. Summum du faste, les deux Suite Royale de 160 m2, jadis les appartements privés du duc de Württemberg ont un mobilier provenant de châteaux du Tyrol et peuvent être réunies pour les chefs d’Etats et les têtes couronnées. Comme par exemple pour la Reine d’Angleterre pour qui on les dota en outre d’un mobilier spécial. Afin que personne ne puisse par la suite se vanter d’avoir dormi dans le même lit qu’elle. Un souci du détail et du service qui est de règle à l’Imperial, le seul hôtel de Vienne à proposer un service de majordome personnel aux occupants des suites Executive Junior et des catégories supérieures.
Restaurant étoilé
Même excellence pour la restauration avec un restaurant, l’Opus, qui a une étoile au Guide Michelin et trois toques au Gault & Millau. Associant avec bonheur architectures des années 30 et contemporaines, il propose une cuisine moderne, raffinée mêlant influences autrichiennes et étrangères. A côté, le Café Imperial Wien sert des plats viennois typiques et est réputé préparer la meilleure Wiener Schnitzel de la ville. Comprenant une partie Art Déco qui lui vaut d’être classé Monument Historique, c’est une institution de Vienne, depuis toujours un lieu de rencontre pour artistes, intellectuels et politiciens qu’ont entre autres fréquenté Sigmund Freud, Gustav Mahler et Thomas Mann.
Un dessert à se damner
C’est d’une de ses fenêtres que Charlie Chaplin parla pour la première fois dans un microphone, pour s’adresser à la foule d’admirateurs qui lui avait réservé un accueil triomphal de la gare à l’hôtel. En début d’année, durant la saison des grands bals, au petit matin, il n’est par ailleurs pas rare d’y voir des couples continuer à y danser tout en prenant leur petit-déjeuner. L’on peut aussi y déguster le dessert maison, l’Imperial Torte, une alternance de fines couches de chocolat au lait et de pate d’amandes enrobé de massepain et recouvert d’une ganache de chocolat. Certains gourmets le jugent encore meilleur que la célèbre Sacher Torte, c’est dire !!!
Informations pratiques
Hôtel Imperial Vienna
Kaerntner Ring 16, Vienne.
Tel : (43)1501100
– 9 catégories de chambres et de suites
Tarifs : de 355 € à 6 390 € la nuit.
Hôtel Imperial Vienna
Kaerntner Ring 16, Vienne.
Tel : (43)1501100
– 9 catégories de chambres et de suites
Tarifs : de 355 € à 6 390 € la nuit.
Comment découvrir Vienne ?
Comme de nombreuses villes qui cherchent à faciliter le parcours des touristes, Vienne propose un pass en ligne, City Card officielle, valable 24/48/72 heures qui permet la circulation gratuite avec les transports publics, des réductions dans plus de 210 établissements, sur une application gratuite incluse.
L’incontournable Kunsthistorisches Museum
Exposition en cours : La Forme du temps jusqu’au 8 juillet 2018
Remarquable conversation entre anciens et modernes autour d’une quarantaine d’œuvres d’art, démarche inspirée du livre séminal éponyme de l’historien George Kubler qui avait interrogé les expériences esthétiques que l’art engage à vivre à travers les âges. Ainsi, ‘Les baigneurs’ de Cézanne est rapproché d’une statuaire romaine, Turner de Titien, Felix Gonzalez-Torres du Temple de Thésée côtoient des commandes aux artistes actuels Peter Doig et Kerry James Marshall. Ticket on line
Découvrir le ‘Jung Wien’ à travers des parcours muséaux dédiés à ses grandes figures
- Egon Schiele. L’exposition anniversaire, jusqu’au 04.11.2018 Musée Leopold
- Egon Schiele – Itinéraires d’une collection, du 19.10.2018 au 17.02.2019 Orangerie Belvédère inférieur
- Vienne dans les années 1900 ! Klimt – Moser – Gerstl – Kokoschka jusqu’au 10.06.2018 puis Gustav Klimt, du 22.06 au 04.11.2018 Musée Leopold
- Gustav Klimt, le renouveau en Europe Centrale, jusqu’au 26.08.2018 Belvédère inférieur
- Klimt perdu, du 05.05-31.12.2018 « Villa Klimt » – Atelier de Gustav Klimt
- Stairway to Klimt. Le pont Klimt & « Nuda Veritas » jusqu’au 02.09.2018 Kunsthistorisches Museum Vienne (Musée de l’Histoire de l’Art)
- Otto Wagner (1841-1918), architecte métropolitain jusqu’au 07.10.2018 Wien Museum
- Wagner, Hoffmann, Loos et le design mobilier de la modernité viennoise. Artistes, clients, producteurs jusqu’au 07.10.2018 Hofmobiliendepot – Musée du meuble
- Post Otto Wagner – De la Caisse d’Épargne postale au post-moderne du 30.05 au 30.09.2018 MAK – Musée des Arts appliqués/d’Art contemporain
- Koloman Moser. du 19.12.2018 au 22.04.2019 MAK – Musée des Arts appliqués/d’Art contemporain
- La modernité viennoise. Une nouvelle ère musicale jusqu’au 10.2018 Maison de la Musique (Haus der Musik)
- Arnold Schönberg et « Jung Wien » jusqu’au 06.2018 Arnold Schönberg Center
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