Expos et Beaux-Livres pour comprendre les enjeux des Jeux Olympiques
L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique (Le Louvre – Hazan)
Pierre Coubertin n’était pas seul ! Qui sait que, derrière l’Olympisme, se cachent, notamment Michel Bréal (1832-1915) inventeur du marathon, et des érudits français et grecs attachés à promouvoir la paix par la pratique du sport en repartant de l’étude des textes et des témoignages archéologiques de la Grèce antique.
Avec ses qualités scientifiques habituelles, au-delà des idées reçues, L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique au Louvre jusqu’au 16 septembre 2024 revient sur la genèse de sa « fabrique » , mettant l’accent sur l’iconographie imaginée par Émile Gilliéron pour forger l’idéal olympique… et renforcer l’unité du peuple grec.
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Olympisme, une histoire du monde, de 1896 à aujourd’hui (Musée Porte Dorée – Editions de la Martinière)
Rien de politique, les Jeux Olympiques ? Au contraire, rien que politique ! Une preuve parmi cent autres, la trêve censée incarner les Olympiades n’est qu’un mythe. Une autre, en 130 ans, ils ne se sont jamais tenus en Afrique, et une fois en Amérique du Sud,… sans oublier celles qui ont été annulés en 1916, 1940 et1944 et tronqués 1976, 1980 et 1984. Empires coloniaux, conflits, ségrégation de genre et raciale, décolonisation, apartheid, guerre froide, boycott, terrorisme et crise sanitaire, … tout est brassé pendant les compétitions et les cérémonies.
Traversés par des enjeux politiques de leur temps
La remarquable exposition au Musée national de l’histoire de l’immigration jusqu’au 16 septembre 2024 et son catalogue aux Editions de la Martinière le prouvent par son éclairage et parcours didactiques. Les six portiques aux couleurs vives découpent le temps olympique – de la 1er Olympiade de 1896, intégrés aux expositions universelles, à ceux à venir de Paris – avec force documents et multimédia pluridisplinaires, avec un itinéraire bis adapté aux enfants et aux écoles.
«Les JO ont toujours été un discours sur l’histoire des autres»
Pascal Blanchard.
Raconter – tout interrogeant – le « modèle olympique »
Le défi constitue une véritable gageure scandé à juste titre par les exploits, les enjeux et les destins d’héros mythiques – de Jesse Owens des Jeux de 1936 à Cathy Freeman, symbole des JO de Sydney ou figures moins connues, de la pionnière Alice Milliat (1884-1957), qui organisa les 1er Jeux alternatifs féminins à Paris en 1922 à à la Marocaine Nawal el-Moutawakel, dont la médaille d’or en 400 m haies à Los Angeles en 1984, deux symboles de l’émancipation féminine.
Sont aussi omniprésents, la géographie, du nombre de pays associés, à la répartition des richesses et des pouvoirs, l’histoire des conflits majeurs – guerres froides ou réelles – entre les nations en compétition ainsi que les bouleversements géopolitiques permanents dont ils sont le témoin, le creuset ou … le triomphe.
De toutes les crises et drames qui ont émaillées les jeux, du terrorisme au COVID, chaque dimension du « modèle » est évoquée du meilleur au pire : des instrumentalisations étatiques et mercantiles, aux luttes pour l’égalité des droits, des genres et des minorités pour faire briller un Panthéon sportif mondial, qui reste plus fascinant que jamais.
Une stimulante relecture des Jeux, loin des naïvetés, qui met aussi en valeur toutes celles et ceux qui luttent pour l’égalité, et affirment leur identité et revendiquent leurs droits.
André Steiner, Le corps entre désir et dépassement projette un « homme nouveau » (Mahj)
En associant la culture au sport, l’objectif est d’unir dépassements intellectuels et sportifs, exactement comme à Olympie où poètes et lutteurs rivalisaient dans la même enceinte. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Mahj) apporte lui aussi sa pierre à l’édifice olympique en rendant hommage à André Steiner (1901-1978) sportives jusqu’au 29 septembre 24. Ce pionnier de la photographie sportive a contribué à l’évolution du regard et de la théâtralité du corps en action ; une esthétique sculpturale favorisant l’émergence d’un « homme nouveau » dans la concurrence entre Nations. Une réflexion qui va bien au-delà de l’idéal olympique. Lire plus par Robert Mauss
En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930) (Musée Marmottan Monet – In Fine)
Le Musée Marmottan ne déroge pas au prétexte olympique avec une thématique parfaitement cohérence avec Monet et sa bande d’Impressionnistes fasciné par les nouvelles pratiques sportives. « En jeu ! Les artistes et le sport ( 1870-1930 ) » au Musée Marmottan Monet jusqu’au 1er septembre 2024 – catalogue édité par In Fine – a réveillé en Patrice Gree son amour de la « compète » et la conviction que « les sportifs de haut niveau » sont des artistes… et réciproquement !
Lire plus par Patrice Gree
Duels, l’art du combat (Musée de l’Armée – Infine)
Après l’éclairante « Victoire, la Fabrique des héros », « Duels l’art du combat » explore au Musée de l’Armée jusqu’au 18 août 24 – Catalogue Infine – le ressort anthropologique d’une violence ritualisée – sans pour autant l’effacer. Ce phénomène universel irrigue sociétés civiles et militaires depuis des millénaires. Ce combat singulier entraine les protagonistes au paroxysme de leur ascension ou déchéance et participe d’une esthétique de l’honneur et du respect de l’autre (voir notre sélection de 20 films). Par armes interposées, longtemps mortelles – de l’épée au pistolet – puis symboliques – de l’échiquier à la raquette de tennis se nourrit l’imaginaire d’un héroïsme exalté. La mise en scène immersive – en reconstituant des « front contre front » mythiques – éclaire le sens et la portée de ces représentations qui créent des modèles héroïques se prolongeant dans la Cité démocratique, … aux sports. Lire plus par Olivier Olgan
Le sport dans l’art, sous la direction de Georges Vigarello et Yann Descamps, Citadelles & Mazenod
Quand le meilleur spécialiste de l’histoire du corps (propre, sale, sportif,…) et des sensibilités, croise l’un des meilleurs éditeurs de Beaux Livres, nait une somme scientifique et artistique incontournable sur « Le Sport dans l’art » (Citadelles & Mazenod). Entourés d’un collectif pluridisciplinaire, Georges Vigarello et Yann Descamps signent une synthèse somptueusement illustrée de la « sensibilité sportive » aussi bien historique que prospective.
Leur double ambition est dense voir vertigineuse : confronter les pratiques ‘sportives’ à leur expression artistique, tout en explorant le regard esthétique et l’imaginaire qu’elles induisent, mais surtout leur place dans la culture de leurs temps. Le sport devient ici révélateur pour le meilleur de l’identité physique des sociétés, et d’une fragile utopie de résolutions des conflits.
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Le discours artistique sur le corps sportif demeure unique, précieux pour saisir le sens et l’essence même du sport au sein de nos sociétés.
Georges Vigarello et Yann Descamps
Avec une telle somme, vous êtes désormais prêt à comprendre les performances (dans ses deux dimensions artistiques et sportives) à venir. Bon JO !