Gastronomie
Hôtel Lutetia, l’art de vivre file Rive gauche
Auteur : PATRICIA DE FIGUEIREDO
Article publié le 17 mai 2019 à 11 h 56 min – Mis à jour le 18 mai 2019 à 20 h 47 min
Un paquebot ancré dans son temps, son quartier et dans les Arts
Édifié sur les jardins de l’Abbaye aux Bois, chers à François-René de Chateaubriand et Juliette Récamier, l’hôtel à la surface ondulée comme une vague a ouvert ses portes en 1910, inauguré par Madame Boucicaut fondatrice et propriétaire du premier grand magasin de la capitale, Le Bon Marché. Il se devait alors d’être la référence de ce qui se faisait de mieux dans la capitale afin, dixit Pierre Assouline, auteur du roman ‘Lutetia’ (Folio 2006) : « que ses importants clients de province fussent logés dans un établissement tout proche et correspondant à leur train de vie, quand ils venaient faire leurs courses à Paris ».
Le patronyme romain de l’hôtel vient de Lutèce ; la devise au fronton de sa façade est celle de Paris « Fluctuat nec mergitur » que l’architecte Jean-Michel Vilmotte a remis en valeur : « 1910, c’est l’époque des grands transatlantiques : l’idée est de rappeler un peu l’atmosphère des grands yachts d’autrefois à travers ce bois verni que l’on retrouve dans toutes les circulations, un peu comme des coursives de bateau… ».
De la petite à la grande Histoire
Depuis ses premières années, l’hôtel a noué des liens étroits avec la littérature et les arts. En témoigne aujourd’hui la bibliothèque du rez-de-chaussée très intimiste, qui contient plus de 1 600 ouvrages. De nombreux écrivains y ont séjourné : Albert Cohen (qui y a écrit son roman Belle du Seigneur), Consuelo et Antoine de Saint-Exupéry, Roger Martin du Gard puis, plus tard, Jean Cocteau, Albert Camus ou encore Françoise Sagan. Et de grands excentriques de Peggy Guggenheim à Pierre Bergé… mais la musique aussi – le jazz en particulier – en imprégneront les lieux.
Côté politique, Charles et Yvonne de Gaulle y ont passé leur nuit de noces le 7 avril 1921. Des accords de paix y seront signés. Enfin, Nikita Khrouchtchev, Georges Pompidou, François Mitterrand ou encore Jacques Chirac en ont fait leur lieu de rencontres parfois secrètes.
L’hôtel entrera vraiment dans l’Histoire pendant la Seconde guerre mondiale. Lors de la capitulation, l’Abwehr (les services de renseignement et de contre-espionnage de l’occupant) investira le lieu avec son cortège d’ombres torturées : « La réquisition du Lutetia par les Allemands n’avait épargné personne. Les serveurs servaient, les gouvernantes gouvernaient. Comme toute la France, ou presque. » note Pierre Assouline qui fait de l’hôtel un véritable héros. À la Libération, au nom du Général de Gaulle, il accueillera les déportés à leur retour des camps.
Une rénovation par la lumière
Pour arrimer le paquebot Lutetia au XXIème siècle, l’architecte Jean-Michel Wilmotte s’est appuyé sur les heures claires et brillantes de l’histoire. Il en résulte une transfiguration empreinte d’un esprit qui lie Art nouveau et Art déco. « Nous avons trouvé une partie de l’histoire et pour le reste, nous l’avons inventée » revendique-t-il. Il a ainsi fait appel à la quintessence des artisans français pour offrir un écrin de lumière naturelle à tout le bâtiment. Le Bar Joséphine aux décors exhumés, le restaurant, Le Saint-Germain avec sa verrière colorée et La Brasserie récemment ouverte en ont bénéficié.
Pour La Brasserie, l’architecte a repris la hauteur sous plafond d’origine avec une mezzanine qui se prolonge par une terrasse intérieure, creuset de quiétude aux beaux jours. Fresques évoquant des artistes, marbres blancs et noirs, cuirs blancs, bois acajou et blonds, le confort de l’endroit invite à la flânerie.
Au St Germain, une offre gastronomique de haute volée
Le restaurant Le Saint Germain situé sous une immense verrière, réalisée par Fabrice Hyber, est un véritable puits de couleurs qui suivent la course du soleil. Le chef Benjamin Brial propose une carte qui met en avant les produits : Quinoa bio en salade, concombre, fenouil et vinaigrette kalamansi : frais et goûtu ; Volaille jaune des Landes rôtie, riz croustillant aux algues nori, choux pointus au gingembre et jus court : exotique.
Leur mise en valeur est délicate, à l’image de son ‘thon rouge en tartare et vinaigrette pomzu’. Les desserts du chef pâtissier Gaëtan Fiard : Rhubarbe pochée au poivre cubèbe et glace au caillé de brebis ou Baba infusé au rhum vieux et menthe et citron vert, de haute tenue, surprendront tous les palais par leur fraîcheur.
Éclats des saveurs méditerranéennes à la Brasserie
Pour faire renaître la brasserie dans sa splendeur, il fallait un chef décapant dans tous les sens du terme. Gérald Passedat descendu de son Petit Nice à Marseille assume d’ensoleiller la cuisine. Si le lieu, pour suivre la tradition, offre un large choix de fruits de mer, les entrées du chef méritent qu’on s’y attarde, notamment les étonnantes charcuteries de la mer ‘Poissons fumés et séchés coupés en fines lamelles’, mais aussi ‘l’aïoli des familles’ ou ‘l’avocat de Jaffa à la mangue et au saumon’. C’est surtout l’exceptionnelle ‘brandade de cabillaud gratinée’, fine en bouche, délicate en saveurs qui laisse un souvenir attendri.
Le soufflé ‘tout passion’ achève cette fête du palais. Une adresse mythique qui se forge déjà un bel avenir.
À la reconquête de son statut de Palace
Les 184 chambres dont 47 suites cultivent cette esprit Belle Époque avec toujours cette touche art déco. Certaines d’entre elles possèdent des balcons. 7 suites signature se démarquent nettement allant jusqu’à offrir des terrasses de 70 m2 avec une vue à 360° sur Paris. « La réinterprétation du mobilier a vraiment été passionnante, assume l’architecte. Nous sommes partis du mobilier ancien en utilisant des matériaux différents : A titre d’exemple, nous retrouvons des bergères à oreilles, mais le cannage est remplacé par des lianes de cuir… Nous avons par ailleurs introduit le thème du bois pour amener une dimension chaleureuse au projet. » Marbre Statuario altissimo dans les salles de bains qui, à peu d’exception, disposent d’une fenêtre.
Enfin, un spa qui revendique une approche « holistique » fondée sur les 4 éléments, vient conclure une rénovation assumée, entre histoire et nouveautés. Mais pas accessible, las, à toutes les bourses.
L’Hotel Lutecia, ses bars, et ses restaurants Le Saint-Germain et la Brasserie
Hôtel Lutetia
45, boulevard Raspail – 75006 Paris
Le Saint-Germain & le Patio
(possibilité de se restaurer de 8h00 à 22h30 en continu)
Capacité assise : Saint Germain : 66 personnes – Patio : 45 personnes
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Hôtel Lutetia
45, boulevard Raspail – 75006 Paris
Le Saint-Germain & le Patio
(possibilité de se restaurer de 8h00 à 22h30 en continu)
Capacité assise : Saint Germain : 66 personnes – Patio : 45 personnes
- Tous les jours de 12h00 à 23h00
- Déjeuner de 12h00 à 14h30 (menu à partir de 38€)
- Carte réduite à partir de 14h30 jusqu’à 18h30
- Dîner de 19h00 à 22h30
–> Le menu du Saint-Germain – déjeuner et dîner
Le Bar Joséphine
- Tous les jours de 11h00 à 1h00 – Capacité assise : 90 personnes
- Menu déjeuner de 12h00 à 18h00
- Mets à partager à partir de 18h00 jusqu’à 23h00
- Carte de snacking réduite de 23h00 à 1h00
Le Bar Aristide
- Tous les jours de 17h00 à 1h00
- En mezzanine avec deux cigares lounges, spiritueux et alcools premium Capacité assise : 20 personnes + 15 places assises par cigare Lounge
La Brasserie Lutetia
- Tous les jours de 7h00 à 23h00
- Petit-déjeuner à partir de 7h00 et déjeuner de 12h00 à 14h30
- Carte réduite de 14h30 à 18h30
- Dîner de 18h30 à 22h30 Capacité assise : 200 personnes
–> Le menu déjeuner de la Brasserie Lutetia
–> Le menu dîner de la Brasserie Lutetia
Le Spa Akasha
- Tous les jours de 6h30 à 22h00 (Abonnements sur demande).
A lire
Pierre Assouline. Lutetia. Folio 440 p. 25€
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