Voyages
La Yole ronde de la Martinique inscrit au Patrimoine Culturel immatériel de l’Unesco
Auteur : Ghyslaine Moreau de Raymeront
Article publié le 30 juin 2022
En parallèle des biens inscrits au patrimoine mondial, la liste du Patrimoine Culturel immatériel de l’Unesco s’étoffe des « yoles » de la Martinique. Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) a officialisé cette reconnaissance lors de la 2ème édition Antilles Guyane des Journées du PCI dans la ville de St Pierre, au nord-est de la Martinique, région très symbolique, chargée d’histoire où résonnent toutes les traditions d’une culture vivace à découvrir absolument.
La Yole martiniquaise à l’honneur
Lors de la journée d’ouverture de la 2ème édition Antilles Guyane des Journées du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI), les membres de l’Unesco ont remis officiellement le titre de ratification de la « Yole » de Martinique sur la liste du PCI de l’Unesco, accordé en 2020, pleine époque de la période « fin du monde » dû au Covid 19 où il était alors impossible de se déplacer.
La Yole de Martinique, ou bateau dit Yole ronde, forme du fond, destinée à l’origine aux marins pêcheurs est aujourd’hui à la fois un outil de travail et de transport. Très légère c’est avant tout un voilier sans bancs de nage pour s’assoir mais « des bois dressés » sur les côtés avec une godille à l’arrière. Sa pratique est spectaculaire, les hommes s’arcboutent sur une rame à l’extérieur pour contrebalancer le bateau. L’absence de dérive et de quille n’est compensée que par le transfert des poids à bord. Sa voile peut faire jusqu’à 84 mètres carrés.
Des traditions devenues Patrimoine immatériel
D’autres traditions Martiniquaises très enracinées pourraient intégrées le PCI, dans cette dynamique de transmission. Le travail de mémoire est primordial et l’association Lasote, par exemple, se charge de mettre ce patrimoine en lumière. En plus de la Yole, ont été mis en lumière certaines pratiques ancestrales devenues patrimoine comme les contes, le Vwa Bèf (labour avec traction animale), les danses, l’aviron traditionnel, le Lasoté (pratique solidaire de labourage), Le coup de senne (méthode de pêche particulière), et le travail sur pierre. Un festival de musique « Lyannaj Twass ek Sen » a clôturé l’événement.
Le passé de l’île aux fleurs au cœur de son avenir
Tout une population a dû au fil du temps s’inventer de nouveaux repères pour aller de l’avant. Depuis 1848, abolition de l’esclavage, chacun a dû apprendre à fuir la colère, l’incompréhension et la sidération de cette triste période et gérer ses émotions face à ce lourd passé pour que la descendance garde l’envie encore plus forte d’exister. Certains drames sont impossibles à oublier, mais étrangement le passé de l’île aux fleurs devient le cœur de son avenir, les traditions transmises de génération en génération sont aujourd’hui devenues patrimoine :
- la culture oral des contes, seul moyen verbale pour les esclaves de transmettre l’histoire de leurs vies aux enfants,
- les danses, moyens d’expression majeurs de toute une population où le son devenait synonyme de liberté.
Après l’esclavage, il a fallu pour tout un peuple réinventer et s’approprier ou élaborer de nouvelles méthodes et de pêche et de culture de la terre pour tout simplement exister, l’entraide entre villageois alors a pris tout son sens. Les voisins se mobilisent et inventent avec un rythme hebdomadaire le Lazoté, pour labourer, une à une, à la main, chaque terre du village, au son des tambours et de la conque pour ponctuer le mouvement. Les recettes de cuisines sont devenues elles aussi ancestrales.
Toutes ces traditions, source d’une nouvelle vie font partie de la culture Martiniquaise à découvrir et comprendre par le voyageur
Des réflexions ont été menés autour de la nécessité d’installer dans le nord principalement des « plantothèques », pour faire découvrir et apprendre à utiliser les plantes médicinales aux habitants et sur les politiques publiques des patrimoines culturels immatériels pour la préservation des traditions Martiniquaises.
#Ghyslaine Moreau de Raymeront
Pour aller plus loin sur le Patrimoine Culturel Immatériel martinquais
L’Association « Lasote » (structure d’insertion qui ouvre les pratiques rurales solidaires à la diversité par l’inclusion), basée à Fonds Saint Denis, a organisé en mai dernier dans la région du Cap Nord, la 2ème édition Antilles Guyane des Journées du PCI (Patrimoine Culturel Immatériel) sur cinq jours réunissant tous les acteurs engagés dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Tables rondes, ateliers, conférences et initiations aux pratiques culturelles dans les villes à la fois de Saint Pierre, Fonds St Denis, Morne Vert, Prêcheur, et Carbet étaient au programme d’un évènement soutenu par le CMT (Comité Martiniquais du Tourisme), le Cap Nord, la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), le Ministère de la Culture et le Ministère des Outre-mer.
Les objectifs de cette 2ème édition étaient pluriels :
- Identifier et de revitaliser les pratiques culturelles et la bonne insertion des acteurs en accord avec les principes du développement soutenable et de l’économie sociale et solidaire.
- Créer une base à l’action collective de sauvegarde du patrimoine,
- Diversifier l’offre touristique par la mise en place de produits agritouristiques.
Si la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel matériel mis en place depuis 1972, la France a ratifié la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel le 11 juillet 2006. Notre pays arbore avec fierté, 23 éléments inscrits à ce jour sur cette liste Immatériel dont : la tapisserie d’Aubusson, la Maloya à la Réunion, la dentelle au point d’Alençon, le Fest-noz de Bretagne, la fauconnerie ou encore la Gastronomie Française.
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