Culture

L’art participatif de Françoise Schein inscrit les droits du citoyen dans la vie

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro
Article publié le 21 décembre 2021

[Découvrir les artistes d’aujourd’hui] « L’art c’est ce qu’on fait de la vie, sur la vie, avec la vie et pour la vie » : les installations architecturales et urbanistiques de Françoise Schein investissent l’espace public ; inclusives et participatives, elles invitent à vivre et partager un réel encyclopédique : des droits fondamentaux du vivant, aux Lumières du vivre ensemble. Des stations de métro – de Concorde (Paris, 1989) à Luz (São Paulo, 2018), aux parcs ou chemins des Droits de l’Homme, ses inscriptions humanistes font barrage à l’obscurantisme.

« Artiste des droits humains »

Françoise Schein, Metro Bruxelles Parvis de St Gilles Dyades Photo © Françoise Schein

Si nous ne souscrivons pas pleinement à sa définition d’ « artiste des droits humains », en exergue sur son site web, ce n’est pas parce que Françoise Schein s’approprie avec force d’un concept universel, c’est davantage parce qu’il adresse qu’une partie réduite de l’humanisme qui sous-tend son œuvre. Bien au-delà des droits humains, cette architecte-urbaniste-plasticienne embrasse les droits du vivre ensemble dans l’espace public.

A nos yeux, l’artiste-anthropologue-philosophe sait avant tout « faire parler » les villes. Ses compositions complexes parlent de tout ce qui leur est constitutif : Histoire, cultures locales, rencontres… Elle les éclaire par des textes de philosophes, penseurs et/ou poètes locaux et internationaux. Beaucoup de stations de métros dans le monde entier mais aussi de grands murs reçoivent ses compositions, souvent en carreaux de céramiques, parfois avec des éléments lumineux et/ou des compléments de petites sculptures.

L’invention du monde

Rio de Janeiro, Ginásio Experimental das Artes Photo © Association Inscrire

Mais, laissons-la plaider sa cause : « Cette définition est à la fois très spécifique mais complètement ouverte sur la vie incluant tous ses champs de recherche vu que les droits fondamentaux touchent à tout : les égalités entre les êtres, les manières de vivre, tous les sujets culturels sans exceptions, la société dans tous ses aspects justes et injustes, l’éducation, le corps, l’âme et la santé, les gouvernements, les sciences, l’environnement, la nature, les animaux,…Cette thématique est totalement encyclopédique  et m’a permis de travailler sur tout ce qui se présentait à moi de manière à allier cartographie, connaissances, humanisme  et éducation. » Mappa mundi où l’invention du monde.

Contre l’homogénéisation du monde

L’indéniable sens de la rencontre de cette artiste née en 1953 à Bruxelles, lui vient d’une famille de grands voyageurs d’origine ukrainienne. La langue, les langues deviennent les premières sources de l’entendement indispensable pour capter le sens des différents pays (Etats-Unis, France, Portugal, Brésil, Suède…), dans lesquels elle s’immerge complètement : elle pose ses valises le temps qu’il faut pour compléter des projets « topographiques » de longue haleine.

Françoise Schein, Murmures, Les Mureaux, Photo © Pierre Capiemont

Les habitants invités des lieux « investis » dans tous les sens du terme participent ponctuellement et réellement à la co-création des œuvres. Elle trace ainsi des sillons qui s’étendent selon une cartographie historique, administrative et éducative. De cette manière, ses hommages si singuliers aux villes sonnent résolument contre l’homogénéisation du monde, en y apportant un formidable souffle d’humanité. Ce sont comme des livres ouverts impossible à lire d’une traite où chacun pourra puiser dans la multitude de références pour affronter nos civilisations. Des œuvres d’art rayonnantes.

Un travail transversal entre l’art, l’urbain, le vivre ensemble

« Je me suis toujours intéressée à la philosophie et aux questions d’éthique. Ma mère travaillait à la Croix-Rouge et mon père qui dirigeait une entreprise, avait un vrai sens du bien-être pour les personnes qui y travaillaient. Les questions sociétales humanistes ont traversé ma jeunesse et mes études d’architecture. C’est peu à peu que les droits humains se sont installés dans mes recherches et analyses urbaines, tant comme architecte que comme artiste.

Mon travail est transversal entre l’art, l’urbain, la philosophie (et donc celle des droits humains) et la culture de manière large. Très vite, il m’a semblé que l’éducation aux droits humains et au vivre ensemble faisait partie de ces incontournables que les artistes et les intellectuels devaient impérativement prendre en charge, d’une manière ou d’une autre et chacun dans son propre champ d’action », précise-t-elle.

Une grande facilité pour l’improvisation

Rio de Janeiro, Ginásio Experimental das Artes,  Arrosoir des Droits Humains Photo © Association Inscrire

Pour elle, la philosophie est un pain quotidien. Au jeu des questions sur ses mentors, elle cite le philosophe et théoricien belge Michel Feher (1956-), philosophe et théoricien de la culture belge, membre de Mediapart, président d’un groupe de veille sur la politique française d’immigration qui a été qualifié de « l’un des observateurs les plus perspicaces du capitalisme financiarisé qui écrit aujourd’hui ».

Mais c’est surtout le philosophe français Gilles Deleuze (1925-1995) qui lui fait briller les yeux. Elle cite un texte qui est sa principale référence, le premier chapitre de « Mille Plateaux : Capitalisme et schizophrénie » et Rhizome : pas de centre, pas de dogme, pas de partition intégralement préétablie, avec un aspect répétitif basique décliné, en métamorphose constante intégrant l’aléatoire par l’improvisation … Serait-ce qu’elle aime – aussi – le contraire de ce qu’elle fait ?

Son art participatif sort du mercantile

Elle qui a enseigné dans les Universités de Coventry, de Wolverhampton en Angleterre, à l’Ecole de la Cambre à Bruxelles et à l’Ecole d’Architecture de Paris-Malaquais, est aujourd’hui professeur titulaire à l’école supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg.

Rio de Janeiro, Ginásio Experimental das Artes Photo © Association Inscrire

Elle nous fait mieux comprendre comment elle conçoit son ‘vivre ensemble’ : « L’art participatif que je pratique depuis des années n‘est jamais enseigné dans aucune école. Il a été méprisé pendant très longtemps et pour des raisons très précises : le milieu de l’art s’est enfermé dans un univers tournant autour de l’histoire exclusivement mercantile se passant dans les musées et les galeries. Tout s’est passé comme si le monde réel était sans intérêt. Le monde a changé et les artistes se sont retrouvés dans une tour d’ivoire, exclus de la réalité. Heureusement, les jeunes étudiants sensibles des écoles se sont réveillés et ont demandé spécifiquement qu’on leur enseigne les rudiments de l’art installé dans le réel (urbain, humain et environnemental) »

« Je n’oublierai jamais qu’il y a 25 ans quand j’ai commencé à enseigner dans une école d’art on m’a dit : toi Françoise tu ne fais pas de l’art ! C’est quoi l’art ? L’art c’est ce qu’on fait de la vie, sur la vie, avec la vie et pour la vie. » complète l’artiste que rien n’a jamais arrêté.

Un travail sur les réseaux

Françoise Schein, Subway Map Floating on a New York Sidewalk, 1985 Photo © Françoise Schein

Artiste femme, étrangère et jeune (elle avait 27 ans), sa première œuvre d’art public, « Subway map Floating on a New York Sidewalk (1985) », située au 110 Greene Street à SoHo sur 30 mètres de long et quatre de large, reste un témoignage marquant de ses 11 ans passés à New-York. Elle fait désormais partie du patrimoine de la ville et a été récemment capturée dans la série « Pretend it’s a city » de Martin Scorsese et Fran Lebowitz sur Netflix. Comme gravée dans la pierre du trottoir, l’œuvre fut construite dans les matériaux même du métro, acier, béton et led. « J’ai commencé mon travail artistique en faisant de grands dessins au pastel qui exprimaient la complexité des réseaux urbains et de ceux des ordinateurs. L’esthétique des deux systèmes se confondait » introduit Françoise Schein en parlant de cette curieuse sculpture plate inédite qui annonçait à l’époque l’ère du numérique au travers de ses matériaux classiques.

Les années 80 étaient déjà celles d’un monde capitaliste dans lequel beaucoup des jeunes des banlieues n’avaient plus de place pour exister sauf sur les wagons des métros sur lesquels ils peignaient leurs graffitis. C’est à ce moment que Françoise Schein a saisi l’importance du métro C’est pour cette raison qu’elle a commencé à travailler dans les métros du monde et y installer les droits humains et s’impliquer ensuite dans ses projets avec des jeunes défavorisés.

La Révolution française, commande publique

Nous sommes très nombreux à connaître ses deuxièmes ‘travaux d’Hercule’ avec la station de la ligne 12 du métro Concorde à Paris. Arrivée en France de New-York en 1989, invitée pour créer les décors de “ Romeo et Juliette”, le premier opéra du compositeur, ami et complice Pascal Dusapin (1955-) sur un livret d’OIivier Cadiot (1956-), cette belge expatriée des Etats Unis n’a pas hésité à frapper à la porte de Yo Kaminagai à la RATP pour créer une œuvre pour les célébrations du bicentenaire de la révolution française et le début de la chute du mur de Berlin.

Au départ c’était un projet pour un couloir de jonction avec un jeu de réseau de leds électroniques. Le projet final correspond à la réponse pour s’adapter au cahier des charges qui imposait l’utilisation de carreaux de céramique et lui a fait voir en encore plus grand. C’est d’ailleurs à la suite de cela qu’elle a retenu ce matériau pour la plupart de ses œuvres futures.

« Concorde, une manière d’être au monde »

Françoise Schien, Concorde, Mètro, Paris Photo © Jean Louis Colot

« Concorde. Un mot, un verbe, une manière d’être au monde, une philosophie, ce mot réuni toute ma vie » confie-t-elle à Singular’s. La station est entièrement couverte par le texte de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution française de 1789. Françoise Schein a supprimé tous les espaces et ponctuations entre les mots. Le voyageur n’y voit d’abord qu’un immense bloc de 44.000 lettres Garamond bleues, chacune sur un des carrés de grès, la ponctuation est comme tombée au niveau du sol, présente mais décalée. C’est une œuvre qui permet les relectures et les réécritures. Pour elle « supprimer les espaces entre les mots c’est faire en sorte que le bloc de sens n’apparaisse que peu à peu au regard du voyageur, c’est l’amener à lire en lui imposant un effort, qu’il fait après avoir rencontré un premier mot. Le temps de l’attente de son train, il lit un morceau d’article et comprend alors de quoi il s’agit. »

 Le métro vécu comme une grande toile pour raconter l’Histoire

Réseau de transport le plus démocratique et vital pour les villes, comme les artères d’un organe, l’artiste a choisi « les lieux de transport (métros) et les espaces oubliés (favelas) pour y INSCRIRE son travail artistique parce qu’ils font partie de ce nouvel état du monde, fait de réseaux et de connections, une structure globale interconnectée, un rhizome à l’échelle interplanétaire ».

Françoise Schein, Metro Galeria dos Estados Brasília, avril 2019 Photo © Philippe Nothomb

Après la station Concorde, fut celle de Saint-Gilles à Bruxelles, puis à Lisbonne  la station de métro Parque, une cathédrale souterraine, ode à l’épopée maritime des Portugais autour du globe jusqu’au XVIème siècle. Elle est composée d’une série de 50 cartographies qui racontent cette épopée et s’entremêlent aux textes des Droits Humains.

À Stockholm, sa station de l’université, Universitetet (1998). ‘L’Art du Regard’ met en relation le travail du botaniste suédois Carl von Linné (1707-1778) avec la situation écologique mondiale et les questions de droits et devoirs des êtres humains vis-à-vis de la terre. À Haïfa, sur la façade du Centre culturel judéo-arable Beit Hagefen, son œuvre se développe à partir du poème « Pluie sur les Frontières » de l’écrivain français Michel Butor (1926-2016). Ce texte est inscrit en français, en hébreu et en arabe et est parcouru par une ligne abstraite, celle qui sépare Israël de la Palestine.

Inscrire les droits fondamentaux sur les murs des villes !

Francoise Schein, Metro Westhafen, texte Heinrich Heine, Berlin, Photo © Francoise Schein

Puis vint Berlin où, avec la philosophe berlinoise Barbara Reiter elle construit la station Westhafen, une nouvelle installation dédiée aux Droits Humains, vue au travers des écrits du poète allemand Heinrich Heine et dont le design a intégré la question de perte d’identité due aux très nombreuses migrations de populations dans le monde. La dernière en date, ouverte en 2018 à São Paulo, la station Luz (lumière) parle, entre autres, des amérindiens, de l’abolition de l’esclavage en 1888, des différents flux d’Immigrations, des années de dictature militaire… C’est à Brême qu’elle a créé son premier parc des Droits de l’Homme, au Rhododendronpark où le texte des droits a été inscrit dans des plaques de bronze, installées le long des chemins du parc. Disposés dans l’entièreté du parc, les articles se lisent en marchant, comme des réflexions poétiques et philosophiques.

Une adoption se transforme en fusion avec un pays

C’est à Rio de Janeiro que nous avions eu la chance de rencontrer l’artiste qui construisait le chemin des droits de l’homme dans l’espace d’arrêt des bus de la favela (bidonvilles) Vidigal. « En 1999, j’ai décidé de partir au Brésil pour y adopter un enfant et ce fut ma fille Lohana.  Afin de concilier la nécessité de continuation des liens familiaux entre ma fille et sa famille biologique, et mon désir de toujours travailler sur les territoires, et grâce à l’intimité que j’ai pu avoir avec les habitants des favelas rencontrés avec la famille de ma fille, cela m’a amenée à vouloir créer un réseau d’œuvres d’art dans les milieux défavorisés de Rio, avec la participation des habitants, dans le double but de les professionnaliser en peinture sur céramique et de leur offrir un espace de parole. 

Francoise Schein Vidigal, entrée de la Favela, Photo © Francoise Schein

Vidigal fut le premier de ses projets construit en 2001. L’œuvre remplaçant un sordide arrêt de bus se présente comme un théâtre ou une agora, à l’entrée de la favela. Elle est reconnue de tous les cariocas comme un point de rassemblement, de fêtes, de sambas et de capoeira.  Cette première aventure m’a permis de connaître les habitants de ces communautés et de comprendre intimement les immenses inégalités qui existent dans ce pays. Ce projet a permis de créer une équipe locale qui continue ce travail dans les communautés de la ville l’une après l’autre jusqu’à aujourd’hui et a été le premier point d’une trentaine d’œuvres. »

Inscrivez-vous !

Rio de Janeiro, Ginásio Experimental das Artes Photo © Association Inscrire

En 1991 Françoise Schein a créé l’Association INSCRIRE avec une feuille de route politique et esthétique lumineuse ; « travailler avec des artistes et les populations locales dans les communautés du monde entier, pour concevoir et créer des œuvres d’art participatives et des événements artistiques qui mettent en lumière les principes des droits fondamentaux, les diversités et le patrimoine culturel. » Plus de 20 ans plus tard, son art participatif a réalisé 143 œuvres produites dans 21 pays impliquant 337 écoles et universités.

Nul doute que la période de Noël est appropriée pour s’inscrire et participer à cette « initiative qui s’adapte aux conditions culturelles, sociales et urbaines de chaque lieu et pays ». C’est l’occasion de mieux connaître une artiste qui s’est dédiée à réenchanter la portée symbolique de la vie citoyenne tout en profitant pour défendre les défavorisés.

Allez lire les textes qu’elle vous propose, venez réfléchir sur « l’état » de notre civilisation.  En France, avec les très nombreuses œuvres qu’elle a essaimées aux quatre coins du monde, et près de chez vous, comme autant d’occasions d’inscrire les droits fondamentaux.

Joyeux Noël à toutes et tous !

Pour suivre Françoise Schein

  • Le site de Françoise Schein
  • L’association Inscrire: son objectif est « de travailler avec les populations locales des villes et des communautés du monde entier pour créer des œuvres d’art durables dans les espaces publics afin de : Sensibiliser aux droits fondamentaux, Donner une nouvelle fonction aux lieux de rassemblement publics et/ou créer de nouveaux espaces, Offrir l’accès à la formation et aux compétences professionnelles artisanales et artistiques aux personnes défavorisées. »

 

Sélection d’œuvres à découvrir

  • Françoise Schein, Flaubert Le Dictionnaire des Idées reçues, Rouen, photo Françoise Schein

    Le Dictionnaire des Idées Reçues – fragments, hommage à Flaubert, dans le jardin Saint-Sever à Rouen, depuis le 3 décembre 2021 : un mur littéraire et graphique réalisé en collaboration avec le critique littéraire Pierre-Marc Debiasi (1950-), assisté de la designeuse Abir Belaid et 13 étudiants de l’ESAM; les textes de Flaubert ont été retravaillés de manière à ce que les formes typographiques  cherchant à simuler cet effet « autographe », jouent avec le sens des mots, dans le but de créer un va-et-vient entre les significations et le profil plastique de l’écrit.  Ce gigantesque rouleau calligraphié expose les idées fausses, préjugés, stéréotypes, ignorances et inepties qui habitent, à notre insu, nos façons de parler et de penser

  • Station Concorde, RATP, ligne 1
  • Murs de la Maison d’Arrêt de Cherbourg-en-Cotentin, projet participatif avec les élèves de trois collèges cherbourgeois et des détenus de la prison de 460m2 sur les droits humains et sur les droits des enfants.  Ce sont  qui se développent sur les  de la ville. L’œuvre a été créé avec la participation de très nombreux , mélangeant ainsi des participants d’âges et de parcours de vie différents.
  • Mangez le Musée, Banquet Musée des Arts et Métiers, Paris Photo Odile Le Fur

    Mangez le Musée, au musée des Arts et Métiers, 3ème arrondissement, Paris : une table de 10 m de long dont la surface supérieure redessine la décoration classique de l’ornementation d’une table de banquet :  assiettes, couverts, et verres.  Le centre de table est gravé comme les broderies traditionnelles des phrases piochées de dialogues du philosophe belge Simon Brunfaut.

  • Murmures, cartographie urbaine participative installée sur la façade de la médiathèque des Mureaux. Les images choisies par les habitants transformées en un arbre “parlant” touchent des thèmes historiques, botaniques, zoologiques, sociaux, politiques, scientifiques, littéraires et artistiques.
  • Lumière de Paris, dans le commissariat du 11ème arrondissement, Paris, œuvre sculpturale en acier et lumière qui reprend des questions de citoyenneté dans la salle d’attente du commissariat.

A lire

Françoise Schein, artiste des droits humains, éditions Mardaga

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