Voyages

Lecce, capitale du Salento, brille de tous les feux du baroque

Auteur : Robert Mauss
Article publié le 29 juin 2022

Certains la désignent comme la Florence du sud, ce que d’aucuns considèrent comme désobligeant tant Lecce a son identité propre. Au cours des siècles la capitale du Salento, la partie méridionale des Pouilles a profité d’embellissements successifs des souverains et des évêques qui se sont succédés pour créer le Barocco Leccese. Un bonheur pour le promeneur amoureux d’un baroque flamboyant. Singulars vous livre ses coups de cœurs et ses adresses pour réussir votre découverte de Lecce !

Singulars ne va pas retracer l’histoire de Lecce, mais surtout vous donner les moyens de découvrir les trésors de cette ville singulière. Mais tout de même, la ville date selon les historiens et les archéologues du 12ème siècle avant notre ère. Elle s’appelait à l’époque Sybar. Avant de devenir Lupiae puis Aletium. Les Romains ont laissé des monuments parfois impressionnants comme un amphithéâtre de 15 000 places où se tiennent encore des concerts et de représentations théâtrales.

Partir de la Place Sant Oronzo

L’amphithéâtre romain de la place Sant’Oronzo peut accueillir jusqu’à 15 000 personnes. Photo RM

Si nous le mentionnons plutôt que d’autres bâtiments de l’époque romaine, c’est que l’amphithéâtre est au cœur de la ville, la place Saint Oronzo, le saint patron de la ville. La statue du saint domine d’ailleurs la place juchée sur une colonne de 30 mètres de haut, un cadeau offert à la ville par ses voisins de Brindisi certains d’une intervention d’Oronzo pour guérir la région d’une épidémie de peste noire en 1656. Aux pieds de la statue, Lecce a ouvert son office de tourisme dans un joli  bâtiment baroque, qui servit longtemps d’entrepôt pour les régiments de la ville. La place, immense, est entourée de bâtiments baroques et d’autres plus modernes édifiés sous Mussolini dans ce style imposant et rigide typique des régimes totalitaires.

La place Sant’Oronzo constitue le point de départ idéal pour découvrir Lecce Photo RM

En tout cas c’est de la place Sant Oronzo qu’il convient de partir à la découverte de Lecce, paradis de l’architecture baroque, cœur du Salento. Lecce, que l’Italie a baptisé ‘’la Florence du Sud’’. Le reporter du Singulars recommande aux courageux touristes qui vont braver le chaud soleil des Pouilles de prendre d’emblée des forces non pas dans l’un des nombreux bistrots qui entourent la place, mais juste derrière à la pâtisserie Natale, l’une des meilleures de la péninsule (si Monseigneur !).

A l’ombra del barocco, marcher au grès des rues

Singulars recommande de marcher au gré des rues à l’ombre des magnificences baroques. Phot RM

Après ce réconfort, la visite peut alors commencer. Le centre historique, centro storico en bon italien est ceinturée de murs percés par trois grandes portes. Impossible de se perdre dans ces conditions. Alors profitons-en. Marchons au gré des rues.  A l’ombre du baroque. Entre les palais dont les murs toujours richement ornés de statues, de voutes ou de balcons rappellent curieusement Venise la Prodigieuse. Cette exubérance architecturale nous rappelle que Lecce a bénéficié depuis le XVème siècle de la bienveillance des souverains, qui dominèrent le sud de l’Italie. Proche de la mer et de plusieurs ports conséquents Lecce est une ville riche.
Aujourd’hui encore, la ville est une place commerciale et culturelle parmi les plus actives d’Italie. Chacune des grandes maisons de commerce qui ont fait la fortune du pays et de l’Adriatique entretenait une succursale à Lecce. L’empereur Charles Quint, celui dont l’empire ne voyait pas le soleil se coucher, a richement doté la ville avec une enceinte et un château dont il reste l’actuelle Porte de Naples.

Le cœur du Salento, via Victor Emanuele II

Chaque rue du centre historique est un hymne à l’art baroque

Lecce a employé sa richesse dans la construction de nombreux bâtiments dont la merveilleuse cathédrale, Santa Maria Assunta, le vrai cœur de la ville, et au-delà celui du Salento entier. La promenade (rappelez-vous, elle commence au pied de la statue de Saint Oronzo, sur la place centrale) passe par la via Victor Emanuele II. L’Italie partage avec la France le particularisme d’attribuer à ses voies les noms de souverains qu’elle a pourtant jetés bas. Bon, Victor Emmanuel II, duc de Savoie (1820-1878) est le souverain de l’unité italienne. Mais peu importe, cette artère est celle où vous pouvez utiliser vos moyens de paiement au grand complet: elle concentre autant de magasins de luxe que la Via dei Condotti à Rome ou le Faubourg Saint Honoré à Paris. Ailleurs aussi, les amoureux du lèche-vitrine pourront se satisfaire. Entre les magasins de souvenirs, les ateliers de céramique (les Pouilles sont un centre prodigieux de céramique) et des vitrines ultra chics de mode ou de linge, Lecce regorge de beaux magasins, sis parfois dans de jolies rues étroites et ombragées.

Le duomo, coeur battant de la ville

La cathédrale est distincte de son campanile (72 mètres) Photo Robert Mauss

Plutôt que de remplir les cabas, continuons d’arpenter la rue du fameux artisan de l’unité italienne. Elle nous conduit après cinq cents mètres sur la place de la cathédrale. Le duomo, comme disent les Italiens. Santa Maria Assunta est le principal lieu de culte de la ville. Attention l’Italie manque de ressources pour entretenir ses innombrables monuments et l’entrée est payante !
Santa Maria Assunta ne ressemble à aucune autre cathédrale. Plutôt que de se planter en majesté dans un site dévolu pour être vu de très loin, Santa Maria Assunta est enfermée sur une place qui donne presque comme par hasard sur une artère certes essentielle mais à peine plus large qu’une rue du Marais. Et encore.
Il faut passer sous un porche. Le bâtiment est au fond à gauche de la place également cernée d’immeubles d’habitation. Curieusement, la cathédrale est distincte de son campanile (72 mètres) qui permet via un ascenseur de jouir d’un panorama d’exception sur Lecce et ses environs. A droite, le palais des archevêques profite d’un magnifique déambulatoire digne d’un grand monastère.

Un monument stupéfiant

La place de la cathédrale avec à gauche le campanile, la cathédrale et à droite le palais des évêques Photo Robert Mauss

Les Pugliese avaient érigé au XIIème une première cathédrale. Rénovée cent ans plus tard en 1230, elle conservait son style roman. En 1659, l’évêque Luigi Pappacoda demanda à Zingarello, l’un des maitres de l’architecture baroque de carrément reconstruire la cathédrale. Ce qui fut fait en respectant les plans des précédents édifices. Voilà pourquoi, le duomo possède toujours une crypte qui émerveille les visiteurs par ses colonnades. Les tailleurs ont réussi le tour de force de doter chacun des 92 piliers d’un chapiteau différent. La façade regorge de sculptures et d’ornements.
Les maitres du ciseau ont exploité la pierre de Lecce réputée pour sa tendresse. Et hélas pour sa sensibilité à l’érosion. Les statues de Saint Juste (l’ordonnateur) et de Saint Fortuné, petit-fils de Saint Oronzo, encadrent les visiteurs de chaque côté du portail. Partout des niches abritant des saints et des apôtres contemplent les fidèles. Planté au centre, Saint Oronzo nous fait comprendre qui est le patron. Le campanile a été érigé par l’architecte Giuseppe Zimbalo en 1682. Il faut admirer sa coupole octogonale de faïence. Comme beaucoup de grandes églises italiennes, le duomo profite d’un plafond à caissons en bois sculpté qui court jusqu’à la nef, avec de nombreuses chapelles latérales. Des peintures dues à Giuseppe da Brindisi ornent les caissons. Da Brindisi, Zingarello, Zimbalo, Catalano, Tiso… La région et la ville ont cultivé le localisme. Pas de Titien ou de Tintoret dans la cathédrale. Non.

Lecce n’est ni Rome ni Florence.

Place à d’excellents artistes locaux capables de produire des œuvres parfaitement exécutées mais qui prétendent au génie par davantage par l’unité des bâtiments que par la qualité du contenu.  La promenade, la passaggieta continue. Via Victor Emmanuel II se dressent encore d’autres édifices religieux comme la très belle église Sainte Anne. Et au bout de la voie, juste avant la porte Rudiae, à gauche, l’école des Beaux-Arts.

La basilique Santa Crocce de jour à quelques pas de l’Ecole des Beaux Arts Photo RM

Rembarrez votre air de touriste et entrez comme si vous étiez chez vous. Partout, les élèves accrochent leurs travaux, tout autour de la cour. Et derrière, dans un jardinet voilà un baobab, probablement le seul du genre dans une région dévolue à la culture des oliviers. En tout cas, la vitalité de l’école des Beaux-Arts concrétise que depuis le 17ème siècle, Lecce est un centre universitaire considérable en Italie. Ses universités soutiennent la comparaison avec celles du Nord.
Après cet itinéraire disons obligatoire, Singulars a décidé de vous laisser déambuler dans les rues à votre gré. Il faudra tout de même vous rendre à la basilique Santa Crocce (impératif) non loin de la piazza Saint Oronzo et admirer son portail dû à l’architecte Zimbalo. On ne le dira jamais assez, Lecce est la place forte du baroque. La ville a exporté son art partout dans le sud italien, en Campanie, en Calabre et jusqu’en Sicile.

Un dernier conseil ?

Laissez vous surprendre par le charme de Lecce Photo RM

Sortez des remparts du centre historique pour admirer les splendides hôtels particuliers construites par une bourgeoisie heureuse au XIXème siècle. Passez également boulevard du XXV Juillet pour voir le château de Charles Quint qui contient aujourd’hui un musée dédié au papier maché, spécialité de la ville.
Une seule certitude domine : où que vous alliez vous serez surpris de manière heureuse.

#Robert Mauss

Informations pratiques sur Lecce et ses alentours

Lecce se trouve au centre de la péninsule du Salento, le sud des Pouilles, à 11 kilomètres de la côte adriatique et à 23 kilomètres de la mer Ionienne. La ville compte 100 000 habitants.

Vols directs depuis Paris pour Brindisi, l’aéroport le plus proche à 30 kms ou Bari (150 kms) (Transavia, Ryanair ou EasyJet)

Se préparer

  • Guide du Routard, Italie du Sud
  • Guide Lonely Planet, Italie du Sud
  • Application Travelmate (7 euros) permet de découvrir la ville.
  • Profiter d’un guide pour découvrir la ville (hors billets d’entrée) :
    • soit en groupe (25 euros)
    • soit de manière privée (210 euros pour trois personnes).

Se restaurer

La spécialité locale est la ‘’puccia’’. Elle convient aux amateurs de street food et on en trouve partout.  Il s’agit d’une galette épaisse et croustillante, garnie de jambon cru, de fromage et tout ce qui tombe sous la main de la personne qui la prépare, arrosé d’huile d’olive en abondance. Bien entendu, Lecce la bourgeoise est un paradis de la restauration. Singulars a donc opéré une sélection parfaitement arbitraire et contestable.

  • Le Bros’, 2 via degli Acaja : Sans doute le meilleur de la ville avec une étoile Michelin. Pour les fans de la cuisine végétarienne. Prix : entre 150 et 200 euros.
  • Primo Restaurant, 7 via 47° Reggimento Fanteria : Également titulaire d’une étoile Michelin, le Primo profite de la créativité continue de la jeune cheffe Solaika Marokko toujours en train d’explorer la tradition gastronomique locale.  Prix : entre 100 et 170 euros.
  • Osteria degli Spiriti, 4 via Cesare Battisti 4 : Proche de Santa Crocce, cette trattoria appréciée des Leccesi sert une cuisine locale dans un décor inspiré par les masseria, les exploitations agricoles des Pouilles. Prix : entre 25 et 75 euros
  • 63 Osteria Contemporanea, 63 viale dell’Università : Ce restaurant à l’écart des circuits touristiques sert d’excellents produits locaux. A commencer par les ‘’orechiette’’, les pates formées avec l’empreinte du pouce en forme d’oreilles. Prix entre 15 et 25 euros par personne.
  • Vico del cuciniere, 2 Vicolo Mondo Nuovo : A l’intérieur de la ville ancienne, cet établissement sert un poisson ultra frais et cuit à point. Mention spéciale au service. Pris : entre 30 et 50 euros.

sous oublier :

  • Pasticceria Natale, 7 via Salvatore Trinchese : Impossible de passer à Lecce sans déguster une glace, un gâteau ou un chocolat chez Natale. Autant rester chez soi. Le pire c’est que les tarifs sont à peine ( !) plus onéreux qu’ailleurs : comptez trois ou quatre euros pour ‘’uno gelato’’ ou ‘’uno dolce’’ d’excellence absolue.
  • A l’ombra del barocco., Via Victor Emmanuel II : Avant ou après le périple vers le duomo, un arrêt s’impose dans l’une des plus jolies terrasses de la ville pour prendre un verre et même déjeuner sur le pouce.

Sélection d’hébergements : Lecce compte plus de 500 établissements pour tous les clients et pour toutes les bourses. Singulars a retenu quelques établissements particulièrement bien situés.

  • Mantatelure Dimora Esclusiva, 42 via Dei Prioli Vittorio : Ce cinq étoiles est idéalement situé au cœur du centre historique dans un bâtiment du 16ème siècle. Il propose à peine six chambres et deux appartements. Tarif : à partir de: 190 euros. Tel.:+39.070.513489
  • Palazzo Bozzi Corso, 38 via Umberto : Ce 5 étoiles est considéré comme le plus bel hôtel de la ville. L’ancien palais de la famille Fiermonte édifié en 1775 est juste à coté de la basilique Santa Crocce. Services et restauration d’exception. A partir de 500 euros la nuit. Tel.:+39 0832 156 0335
  • Palazzo Noha, 47 via Paladini : Cet établissement 4 étoiles est juste à coté du Duomo. Son toit terrasse avec piscine est devenu un must pour boire un Spritz à la tombée du soleil. L’hôtel contient à peine 9 chambres. A partir de 160 euros.  Tel. +39.070.513489
  • Risorgimento Resort, 19 via Imperatore Augusto : Ce palace 5 étoiles est situé dans un magnifique immeuble daté de 1880 à l’intérieur de la ville ancienne. 41 chambres et 6 suites. A partir de 300 euros. Tel. +39.070.513489

Spectacle sportif : L’US Lecce, au Calcio depuis 1908, avec des hauts et des bas, remonte cette année en 1e division, contrairement à l’ennemi juré, Bari. Lecce ville de cent mille habitants possède un stade de 50 000 places, le Stadio Via del Mare “Ettore Giardiniero”.

Trois plages sauvages que nous aimons

En Italie, les trois-quarts des plages sont privatisés. Il existe heureusement des lieux non aménagés et nettement moins courus.

  • Dans les Pouilles, la mer n’est jamais loin une douzaine de kilomètres de Lecce, Due Sorelle. Photo Robert Mauss

    Porto Selvaggio (Santa Catarina) : A une vingtaine de kilomètres de Lecce, sur la mer Ionienne, Porto Selvaggio est comme un paradis ignoré de l’industrie touristique. Il faut traverser une pinède sur presque un kilomètre avant d’atteindre la mer.

  • Plage Alimini (Otrante) : A environ 28 km de Lecce au nord d’Otrante, Alimini profite de la protection de cette cote. La plage est dominée par des dunes.
  • Le Due Sorelle (Melendugno, Lecce) : La plage porte le nom de deux récifs qui émergent de l’eau et qui présentent à la fois du sable et des rochers.

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