Voyages

Quand l’art s’invite sur les plages de Flandre, de Knokke-Heist à Ostende

Auteur : Thierry Joly
Article publié le 1er septembre 2020

Les vastes plages de sable blanc, longées par des villas cossues ont pendant longtemps été les attraits majeurs du littoral belge. S’y ajoutent désormais des sculptures monumentales, legs du festival d’art contemporain Beaufort, à découvrir de Knokke-Heist, à l’Est, à De Panne en passant par Ostende. Avec nos meilleures adresses.

Rocks Strangers du belge Arne Quinze à Oostende © Thierry Joly

Sur la côte belge de Flandre Occidentale, dès la frontière avec la France franchie, promenade sur la plage, dans les dunes et sur le front de mer rime avec balade culturelle. Une trentaine d’installations, de sculptures et de fresques monumentales y jaillissent en effet du sable, de l’herbe ou du béton composant un véritable musée d’art contemporain à ciel ouvert. Elles ont vu le jour à partir de 2003 dans le cadre du festival d’art contemporain Beaufort, ainsi baptisé en référence à l’échelle de Beaufort qui mesure la force des vents.

Un festival toujours axé sur la création in situ

Une manifestation triennale dans laquelle la mer tient un rôle important qui prend place dans dix communes du littoral qui s’étendent sur soixantaine de km en longeant les flots de la Mer du Nord, mais près de 80 km en voiture. De Knokke-Heist, à l’Est, à De Panne aux confins avec l’Hexagone, en passant par Ostende, la célèbre station balnéaire où vécut le peintre Ensor dont la maison – musée retrace la vie et la carrière.

Selon les éditions et les commissaires en charge de sa programmation, ce festival a pris diverses formes, exposant parfois les œuvres sélectionnées dans une foule d’endroits et d’autres années les concentrant sur quelques sites. Par contre, une constante est demeurée, la création in situ. Avec en sus des ateliers, des conférences, des performances, des projections, des mini-concerts et des expositions en relation au Mu.ZEE d’Ostende, ancienne usine textile désormais dédiée à l’art moderne et contemporain.

Un musée à ciel ouvert

Caterpillar 5bis du belge Wim Delvoye © Thierry Joly

Dues à des artistes du monde entier, les œuvres aujourd’hui visibles en permanence sont celles qui ont été acquises par les municipalités au fil des éditions. Difficile toutefois de parler de ‘Parc de sculptures Beaufort‘ comme il est dit dans les brochures touristiques de la région tant elles s’égrènent ici et là sur une grande distance. A Ostende, les Rocks Strangers rouges vifs de l’artiste belge Arne Quinze sont ainsi installés en plein centre ville, sur le front de mer, et se veulent une critique du design urbain. Sur la plage de Westende, se trouve le Caterpillar 5bis du belge Wim Delvoye, pelleteuse en fer forgé finement ouvragé aux motifs décoratifs d’inspiration gothique.

Puis, non loin de là, l’œuvre du letton Ivars Drulle intitulée « I can hear it » montre une jeune fille agenouillée semblant écouter le ressac de la mer capté par deux pavillons de phonographes. Elle jouxte le Grand Hôtel Bellevue, aussi appelé « La Rotonde », un édifice Art Déco où séjournaient jadis des membres de la famille royale belge. À Nieuwpoort, près du monument au Roi Albert 1er commémorant la bataille de l’Yser de 1914, là où furent ouvertes les écluses pour inonder le pays et bloquer l’avance allemande, le français Daniel Buren a érigé cent mâts ornés de manches à air multicolores, représentation d’une forêt qu’il a intitulé « Le Vent souffle où il veut ».

Quant au Christophorus du néerlandais Gerhard Lentink, une sculpture en bois figurant un homme dont le tronc est remplacé par un siège qui se dresse au milieu des dunes de De Panne, il évoque Saint Christophe, le saint patron des voyageurs.

Acqua Scivolo des artistes français Anne et Patrick Poirier © Thierry Joly

Des œuvres contemporaines

Le voyage est également le thème de « L’homme qui a vu le bateau dans le ciel » du belge Jean Bilquin, sur la plage de Zeebruges. Une œuvre dans laquelle une figure humaine les cheveux au vent regarde une pirogue en plâtre de 13 m de long avec des silhouettes de passagers repose au sommet d’un portique de 10 m de haut.

A De Haan, la fresque sur l’histoire récente du Chili baptisée « Sagueando nuestra historia » a été réalisée par un collectif d’artistes militants de ce pays avec l’aide de jeunes patients du centre pédiatrique Zeepreventorium sur les parois du tunnel de 80 m qui le relie à la plage. Sur le front de mer de la même localité, le chinois Xu Zhen a érigé une sculpture en bronze de Poséidon avec des canards de Pékin posés sur ses bras et sa tête pour illustrer les préjugés qui à ses yeux limitent les échanges culturels entre l’Europe et la Chine.

A Koksijde, c’est comme un plan schématisé d’une cathédrale qui pointe vers le ciel, création intitulée Acqua Scivolo des artistes français Anne et Patrick Poirier qui font ainsi écho aux ruines d’une abbaye voisine.

Avec Beach Castle, à Knokke-Heist, Jean-François Fourtou a, lui, mis en scène les typiques cabanes de plage de la côte belge qu’il a réarrangée pêle-mêle en un totem comme si elles étaient emportées par une tornade.

Plage, casino, architecture et moules frites

Toutes ces œuvres sont aisément accessibles en vélo ou en transport public car une piste cyclable et la plus longue ligne de tramway au monde longent le littoral. Nul besoin de voiture, même en famille avec des enfants en bas âge. Compte tenu de la foule estivale, printemps et automne sont les meilleurs moments pour s’y rendre et deux jours sont nécessaires pour en voir le maximum. Voire trois, car il serait dommage de ne pas profiter des autres charmes et activités qu’offre la région.

Observer les oiseaux dans la réserve naturelle de Het Zwin, près de Knokke-Heist, une zone humide de 150 ha. Flâner dans les dunes et sur les plages de sable blanc de plusieurs km de long dont la largeur peut atteindre 500 m à marée basse. Faire sauter la banque au casino de Knokke-Heist ou dans celui d’Ostende, au XIXe siècle choisie comme résidence estivale par le Roi Léopold 1 qui y a laissé son empreinte avec la Galerie Vénitienne et les Galeries Royales. Admirer les villas de styles anglo-normand et Art Nouveau construites à la Belle Epoque qui côtoient parfois des maisons traditionnelles de pêcheurs. Et bien sûr faire un festin de poissons, de moules frites et autres crustacés.

Informations Pratiques

Parc de sculptures Beaufort

Renseignements : Office de tourisme du littoral belge

S’y rendre

  • Trains de Paris à Ostende via Bruxelles par Thalys et train régional ou via Lille Flandres et Courtrai par TGV et trains régionaux. Le trajet dure de 3 h à 3 h 30.
  • Le tramway permet ensuite d’aller dans toutes les localités du littoral.

Hôtels

  • Ostende: Thermae Palace, Hôtel Andromeda, Hôtel Burlington, à Ostende
  • Knokke-Heist : Boutique Hôtel Enso
  • De Haan : Manoir Carpe Diem
  •  Nieuwpoort : Gemeente Huis

Restaurants

  • Ostende : Storm, Bentley’s
  • Middelkerke : Vlass
  • Nieuwpoort : Vierboete
  • De Panne : Hostellerie Le Fox
  • Knokke-Heist : Sel Gris, Bartholomeus
  • Koksijde : Carcasse

 

Caterpillar 5bis du belge Wim Delvoye © Thierry Joly

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