Culture
Trois questions à Pascal Amoyel sur Chopin, Une leçon de piano de Chopin (Ranelagh)
Auteur : Olivier Olgan
Article publié 14 décembre 2024
Le pianiste triomphe actuellement dans son nouveau récit-récital Une leçon de piano de Chopin (au (Théâtre du Ranelagh jusqu’au 12 janvier 25) où il développe tout ce qu’il doit à Chopin; il se rapproche sans s’y bruler de la flamme musicale, mais aussi du feu de sa vocation d’interprète. Olivier Olgan prolonge cette connivence sur Chopin autour de trois questions, et autant de pistes d’écoute que Pascal Amoyel partage avec bonheur
Peut-on (enfin) sortir des clichés sur Chopin, notamment « trop sensible », « dépressif » « languissant romantique » ?
Je dois dire que ce fut probablement l’une des premières raisons de la naissance de ce spectacle : le grand public a parfois l’image d’un compositeur « élégant », ou larmoyant, d’un homme souffreteux composant une forme de musique nostalgique légère. Or c’est tout l’inverse.
Au-delà de la personnalité méconnue de Chopin notamment avant sa maladie, souvent joyeuse, originale ou tempétueuse (par exemple durant ses leçons!), sa musique est d’une profondeur qui conduit parfois vers les arcanes d’une spiritualité authentique.
Quelles sont les partitions de Chopin qui « cassent » les idées reçues ? si possible avec un nom d’interprètes (je me charge des liens) ?
Chaque partition peut être, après examen quelque peu approfondi, une manière de casser les idées reçues sur sa musique.
Je citerais par exemple le Prélude op. 45 en ut dièse mineur, sorte d’esquisse proche du silence à l’ambivalence tonale comme peuvent le produire de nombreux compositeurs à la fin de leur vie;
les derniers Nocturnes,
ou même ceux antérieurs comme le choral median de l’opus 48.
Quels sont les interprètes qui vous ont aidé à mieux comprendre Chopin?
Arthur Rubinstein d’abord pour le si grand naturel avec lequel il aborde ces œuvres, en connexion avec l’instant,
celle de Kristian Zimerman.
D’autres interprétations diamétralement opposées sont tout autant inspirées :
comme celles de Vladimir Horowitz
ou de Martha Argerich,
et viennent confirmer s’il en était besoin le creuset infini des possibles.
Enfin on ne peut que conseiller d’écouter certaines interprétations visionnaires plus antérieures, comme celles
de Alfred Cortot,
Josef Hofmann,
Ignaz Friedman,
ou Solomon…
Tous ouvrent cet espace de « fragilité » qui à mon sens permet le retournement sur soi-même pour appréhender un peu de ce que nous sommes.
Propos recueillis le 10 décembre 2024
Quelques repères bibliographiques
Aller plus loin avec Pascal Amoyel
jusqu’au 12 janvier 2025, « Une leçon de piano avec Chopin« , mise en scène Christian Fromont, lumières Philippe Séon, Théâtre du Ranelagh, du jeudi au samedi à 20h30 + dimanche à 17h,, 5 rue des vignes, 75016 Paris – Tél.: +33(0) 1 42 88 64 44 – reservations@theatre-ranelagh.com
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