Lifestyle
Verlan, le streetart wear fédérateur de Lucca Lamoine
Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 3 mars 2023.
[Pour un design éthique] « Moins, c’est plus » : c’est la stimulante philosophie d’ouverture de Verlan, marque revendiquant un street art wear en édition limitée, créée par Lucca Lamoine en 2019. Ajoutez-y un goût immodéré pour l’art d’où lui viennent de multiples inspirations, de Charlotte Perriand aux monstres japonais en passant par Cy Twombly, un sens du collectif qui s’épanouit notamment dans le cadre du projet « Art for all » né pendant la crise sanitaire, et vous avez pour Anne-Sophie Barreau, tous les ingrédients d’une vision singulière du vêtement pour tous.
Le vêtement était un bon prisme pour réunir toutes mes passions.
Lucca Lamoine, fondateur de Verlan
Charlotte Perriand, Cy Twombly, la Fonky Family…
« Je suis passionné par la création au sens large, les tableaux, le design, la musique, le cinéma, mais aussi tout ce qui a nourri mon imaginaire d’enfant né dans les années 90 » dit Lucca Lamoine. Un goût pour l’art dans lequel Verlan, la marque masculine de vêtements en édition limitée qu’il a créée en 2019, puise son inspiration.
Je voulais trouver le moyen de réunir toutes ces passions,
il m’est apparu que le vêtement était un bon prisme.
Un jeune créateur qui n’a pas froid aux yeux
Sorti diplômé en Angleterre de la London School of Economics, et non de la Central Saint Martins, pépinière prestigieuse des talents de la mode, Lucca Lamoine se lance en autodidacte – « il fallait une sacrée dose de naïveté et d’inconscience pour penser que tout serait simple » se souvient-il.
Si les débuts sont difficiles en effet, sa volonté a bientôt raison des obstacles : « À force d’essayer, de faire des erreurs, de comprendre, de transformer ce qu’on a dans la tête en objets concrets, on finit toujours par progresser ».
D’autant que ce qu’il « a dans la tête » est parfaitement clair. D’un côté, donc, un geste directement inspiré « d’images et de souvenirs artistiques si forts – de Charlotte Perriand à Cy Twombly en passant par la Fonky Family – qu’ils peuvent être transcrits sous forme de vêtements ». De l’autre, une philosophie que résume la formule « moins, c’est plus ».
Autrement dit, des vêtements en édition limitée, pas de stock ou très peu, obéir à son propre rythme de création.
Chaque pièce s’initie à partir d’un besoin réel du client, d’une envie profonde de créer,
et résulte de mois de recherche auprès des meilleurs fournisseurs et ateliers de production.
Créer le meilleur vêtement localement possible
« Nous choisissons toujours la meilleure référence » revendique Lucca Lamoine. Créer de cette façon était une « évidence dès le début » dit encore le trublion : « C’est en moi, en nous. La marque ne pouvait tout simplement pas se faire autrement. Quand on a cette feuille de route, il n’est pas difficile aujourd’hui d’avoir des informations sur l’origine des matières et la façon dont elles ont été produites ».
Si dans cette équation, la filière courte est naturellement centrale, un seul impératif, plus élevé encore, est susceptible d’y déroger, celui « de créer le meilleur vêtement possible » autrement dit celui qui va durer dans le temps : « Parce qu’il répond aux critères de la filière courte, un vêtement va se dire éco-responsable, mais si le tissu n’est pas de bonne qualité, que c’est juste du coton bio ou une matière recyclée, alors il ne va pas tenir. Si sur certaines références, nous voyons que le meilleur coton, ou la meilleure laine, n’est pas française, mais japonaise, italienne, ou encore écossaise, c’est celle que nous choisissons ».
La mode comme un langage
Ni celui des podiums, ni celui d’une caste élevée de la société,
Verlan est le langage d’un vêtement porté par tout le monde.
Le mot streetwear suffit-il à définir le style de Verlan ? « On veut en effet que la marque soit portée par tout le monde dans la rue. Cela explique le choix du nom Verlan : on conçoit le vêtement comme un langage de rue, qui n’est ni celui des podiums, ni celui d’une caste élevée de la société. Verlan est aussi une marque éclectique tant elle brasse les inspirations, des plus connues aux plus pointues. Personnellement, j’adore le Japon, donc, en plus du design des années 50 et 60, on trouve aussi des monstres japonais dans nos créations. En résumé, c’est du streetwear à inspiration diverse, et toujours élégant et joyeux ».
La famille Verlan pour Art for all
Beaucoup de collaborations sont en préparation, c’est ce qui me fait vibrer.
Des inspirations personnelles certes, mais pour parler de Verlan, Lucca Lamoine dit souvent « nous », « on », « notre génération », façon de rendre hommage à son équipe et plus largement à la « famille » Verlan, un collectif au sens large qui est aussi dans l’ADN de la marque.
Le projet « Art for all », qui a pour but de rendre l’art plus accessible, en est, à cet égard, une belle illustration. Né pendant la crise sanitaire, il consiste à mettre un t-shirt blanc vierge entre les mains d’artistes « qui en prennent possession », puis « d’éditer ce t-shirt en édition encore plus limitée que ce qu’on fait habituellement, enfin, à reverser tous les bénéfices récoltés à une association choisie par l’artiste ».
Ont déjà fait partie de l’aventure le collectif Kourtrajmé grâce à l’artiste JR, « client des premiers jours de la marque », l’artiste fileuse Marie Hazard, le professeur d’histoire de l’art médiéval Damien Kempf, le bar Fréquence, entré au classement des 50 meilleurs bars à cocktails et vinyles du monde, ou encore l’artiste sud-africain engagé Kendell Geers.
À chaque fois, ce sont de jolies aventures humaines, des opportunités rares de rencontrer des gens et de comprendre leur univers. Et c’est toujours pour une bonne cause. Beaucoup de collaborations sont en préparation, c’est ce qui me fait vibrer.
Lucca Lamoine a bien des raisons de vibrer : lui qui, en marge de Verlan, achète et vend du mobilier, s’apprête à partir au Japon pour ouvrir une galerie de design. Transition toute trouvée pour annoncer notre prochaine série consacrée au design éthique.