Voyages
Visite du berceau de l’Art Nouveau à Bruxelles
Auteur : Marie-Laure de Vienne
Article publié le 12 mars 2019 à 8 h 51 min – Mis à jour le 18 mars 2019 à 16 h 06 min
Qu’est ce que L’Art Nouveau ?
C’est un mouvement architectural et artistique qui puise ses fondements dans l’univers du végétal pour ses formes, ses lignes, ses couleurs, ses luminosités. La rupture avec les styles antérieurs est radicale et la bourgeoisie issue de développement industriel de la fin du XIX ème siècle s’entiche de balustrades, de rampes d’escalier, de portes, de carrelages, de vitraux, de mosaïques, de luminaires, de mobiliers aux formes singulières et harmonieuses. Les matériaux utilisés pour l’Art Nouveau tant à l’extérieur sur les façades qu’à l’intérieur des maisons sont le fer forgé, les bois précieux, le marbre et le verre. Epicentre de cet art qui dura de 1887 environ à 1910, Bruxelles fit des émules à Paris (Guimard), à Barcelone (Gaudi), à Glasgow (Mackintosh), à Vienne (Olbrich) avec toujours le même but : être au plus près d’une nature épanouie et épanouissante.
Victor Horta et Paul Hankar, les architectes pionniers de l’Art Nouveau
Mondialement connu, Victor Horta (1861-1947) s’est imposé par ses lignes organiques comme le père et maître de l’Art Nouveau. Il redessine le bâti extérieur par l’utilisation de l’acier visible en façade ; révolutionne l’espace, la lumière et le confort à l’intérieur des bâtiments. Influencé par son père tailleur de pierres, Paul Hankar (1859-1901) s’est fait remarquer par l’aspect décoratif des façades extérieures en un style géométrique, sans se soucier de réinventer l’architecture intérieure. C’est aussi lui qui introduisit le ‘japonisme’, un art qui utilise des formes et des représentations artistiques du Japon : arbres, fleurs, plantes stylisés, figures humaines très réduites. Aux courbes et contre-courbes, aux inspirations florales et aux jeux de lumière d’Horta s’opposent une conception et une expression beaucoup plus graphique et colorée d’Hankar.
Parcours aux 4 coins de la ville
Il est difficile de donner un parcours ‘Art Nouveau’ ; car les habitations de ce style spaghetti sont disséminées dans toute l’agglomération et sa périphérie. Heureusement la plupart des architectures sont visibles de l’extérieur ; mais fort peu de maisons hélas sont ouvertes au public de manière permanente. Mon choix s’est ainsi orienté vers un descriptif lieu après lieu..
Les serres de Laeken
Dessinées par Alphonse Balat à la demande du roi Léopold II, ces serres royales sont une cité de verre « idéale », une architecture féérique de fer, de fonte et d’acier qui abrite sur 1, 5 hectares des collections magiques de fuchsias, de camélias, d’orangers, de palmiers, d’azalées. Ouvert seulement 3 semaines par an, du 19 avril au 10 mai 2019, le lieu est bondé et les queues pour entrer interminables.
Avenue du Parc Royal à Bruxelles.
La Maison Autrique
Premier édifice marquant d’Horta, cette maison de 1893 est un élément majeur du patrimoine Art Nouveau bruxellois ; d’autant plus qu’elle vient de faire l’objet de restaurations et que l’intérieur se visite des caves aux combles. Y aller donc pour les petits détails (rampe d’escalier, vitraux), alors que la façade est un plus pauvre que d’autres en éléments architecturaux du style nouille.
266 chaussée de Haecht à Bruxelles.
Le MIM
Plus communément appelé l’immeuble Old England (c’était le grand magasin anglais d’antan), le Musée des Instruments de Musique a été conçu en 1899 par l’architecte Paul Saintenoy. Il a laissé libre cours à son imagination tout en répondant à la destination des lieux. La structure repose sur des colonnes et des poutrelles métalliques. Chaque niveau s’ouvre sur de grandes baies vitrées, le but étant une belle clarté afin que le client puisse embrasser du regard tous les articles à acheter. Ne pas oublier de monter au 10 ème étage pour admirer la lanterne à dôme et la vue sur la ville.
2 Montagne de la Cour à Bruxelles.
La Maison Saint Cyr
Construite par Gustave Strauven, un élève d’Horta, cette villa construite en 1903 est exubérante et flamboyante tant par ses décors de fer forgé que par son étroitesse (3,55 m de large sur 19,50 m de long). Cette exiguïté a nécessité une cage d’escalier centrale avec puits de lumière et verrière pour apporter un éclairage naturel.
11 square Ambiorix à Bruxelles.
Le musée Horta
Sur deux parcelles de terrain achetées, l’architecte établit sa maison personnelle et son atelier en 1898 et 1901. L’Art Nouveau y atteint son apogée via la richesse des vitraux, des mosaïques et des peintures murales. En rupture totale avec le passé, Horta met à nu les structures en rendant apparentes les poutrelles métalliques et en employant du fer forgé et de la fonte. Afin de bénéficier d’un maximum de lumière pour son atelier de dessin, Horta ouvre de larges baies, crée l’espace et rompt pour ses pièces de réception avec le modèle classique d’antan en enfilade des salons. Les différences de niveaux créent des effets de perspectives et dans le salon la cage d’escalier inonde l’ensemble de sa luminosité.
Les visites sont uniquement certains après-midis, mais des détails vous amuseront : volée d’escalier, colonne de radiateur au rez-de-chaussée, lampadaires, miroirs aux reflets infinis, urinoir caché dans la chambre à coucher….
27 rue Américaine à Saint Gilles.
La Maison Cauchie
En opposition à l’art végétal, le décorateur Paul Cauchie a construit en 1905 son habitation principale dans un souci parfait de verticalité, de symétrie et de géométrie. Les sgraffites qui recouvrent la façade sont imposants. Sauvée par un couple de passionnés, la maison Cauchie est rarement ouverte au public pour des visites de l’intérieur ; étant plus destinée à des ateliers d’écriture et à de la location pour de l’événementiel.
5 rue des Francs à Etterbeck
Les magasins Waucquez ou le musée de la BD
Tout comme La Maison du Peuple hélas détruite, cette construction est un chef d’œuvre d’Horta sur la commande de Charles Waucquez, un homme politique et industriel qui voulait installer entre le quartier royal et celui des grands magasins ,son magasin de textiles, symbole du mariage idéal en l’Art et la nouvelle société de consommation. La façade a des allures de palais baroque et l’intérieur est un squelette d’acier qui découvre un hall gigantesque et sa verrière lumineuse, un lampadaire majestueux et un grand escalier en pierre de France. La fermeture des magasins Waucquez en 1970 entraîne le bâtiment à sa ruine. Il faut attendre quelques années pour que les planches à l’effigie de Tintin, les statues de Lucky Luke et de Jolly Jumper remplacent les rouleaux de tissus et les fripes.
Aujourd’hui les espaces accueillent l’univers très prolifique en Belgique de la bande dessinée. Et le jeune public n’est sont pas le seul à avoir les yeux brillants de bonheur en déambulant dans cette ludique scénographie.
20 rue des Sables à Bruxelles
Sgraphitte et coup de fouet ?
Si un guide accompagne votre visite, vous entendrez sûrement les termes de sgraphittes et de coups de fouet. Qu’en est il ? Aussi utilisée à la Renaissance, le sgraphitte est une technique qui consiste à orner un revêtement de mortier d’un dessin gravé. Un trait est gravé dans une couche de chaux préalablement appliquée sur un enduit noir. Sur la chaux fraîche peuvent être appliquées différentes couleurs toute en légèreté ; de son côté le tracé en creux donne au dessin une plus grande fermeté que le tracé au pinceau. Nombreux sont les extérieurs avec de telles sgraphittes représentant des personnages, des animaux ou des végétaux.
Art total occupant tout l’espace, l’Art Nouveau s’appuie sur l’esthétisme de lignes courbes dites « en coup de fouet ». Rampes d’escalier et mobilier en bois, balustrades et balcons en fer forgé ; les pièces s’arrondissent, ondulent, s’opposent à la rigidité de lignes droites et finissent en finesse tout comme le claquement d’un fouet. Ces formes en arabesques ont été appelées style « nouille » ou « spaghetti » par les détracteurs de l’Art Nouveau. En France, les bouches de métro de Guimard sont un vibrant hommage à ce style nouille.
Informations pratiques & sélection d’hôtels et de lieux de restauration
Le Brussels Art Nouveau & Art Deco (BANAD) Festival
Chaque année en mars, Explore.Brussels organise des week-ends de visites de maisons privées Art Nouveau, une occasion unique de pénétrer dans des demeures encore habitées par des…
Le Brussels Art Nouveau & Art Deco (BANAD) Festival
Chaque année en mars, Explore.Brussels organise des week-ends de visites de maisons privées Art Nouveau, une occasion unique de pénétrer dans des demeures encore habitées par des occupants heureux de partager l’histoire des lieux avec les touristes. Explore Brussels est un regroupement d’associations qui organise des visites guidées de Bruxelles.
405 Avenue Brugmann, 1180 Bruxelles
+32 (0) 2 319 50 01 – Tél.: 06 40 88 35 52 – info@explore.brussels
Infos plus générales :
Office de Tourisme, 2 rue Royale, Bruxelles
Bibliographie
- Cécile Dubois – Sophie Voituron. Bruxelles Art nouveau, Promenades au cœur de la ville. ed. Racine 176 p. 24.95€
- Marie Resseler. TOP 100 – Art Nouveau. Bruxelles. Aparté. 228 p. 28.50€
Où dormir ?
- Hôtel NH Collection Bruxelles Grand Sablon
2 rue Bodenbroek
Un 4 étoiles contemporain et très bien situé dans le quartier du Sablon entre les nombreux chocolatiers et les antiquaires.
Tarif : dès 138 € la chambre.
Où se restaurer ?
Notre sélection :
- Au Vieux Spitjigen Duivel
621 chaussée d’Alsemberg à Uccle
Le plus ancien café estaminet remontant à Charles Quint connu pour ses plats typiquement belges (carbonade, chicons gratinées, lapin à la kriek) et ses prix modiques (env. 13 €). - Le Toucan sur Mer
17 av. Louis Lepoutreun
Restaurant emblématique de poissons où les croquettes de crevettes s’imposent accompagnées d’une excellente raie beurre citron câpres. Comptez 60 € à la carte. - 65°
173 av. Louise
Un établissement tenu par un excellent chef asiatique secondé par une équipe d’adultes trisomiques et de déficients mentaux dont le sourire et la gentillesse valent bien le services dans un restaurant étoilé. 39 € pour un mi-cuit de thon aux betteraves, une volaille morilles-vin jaune, une marquise au chocolat.
Où boire un verre ?
- La Pharmacie Anglaise, 66 Coudenberg
Un bar atypique devenu une institution où siroter l’un des 200 cocktails entre le vieux comptoir d’officine et les pots à onguents d’autrefois.
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