2024, le rétroprojecteur cinématographique de Calisto Dobson
2024 totalement écoulée, voici le carnet d’une année de cinéma rétrospectif et subjectif de Calisto Dobson avec ses bonnes pioches alignées dans leur ordre de sortie.
27 décembre 2023
Dream Scenario, de Kristoffer Borgli (101 mn), avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera.
Un scénario original et malin, qui en dit long sur certains travers de notre époque. Nos existences virtuelles revisitées à la sauce Black Mirror avec en prime un Nicolas Cage qui n’en fait pas des tonnes. L’intelligence du propos allié à la sobriété du traitement font de Dream Scenario produit par A24 un de ces petits films qui deviendra grand sur les réseaux. Lire ma chronique
17 janvier 2024
Pauvres Créatures (Poor Things) de Yorgos Lanthimos (141 mn), avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe.
Lion d’or à la Mostra de Venise en 2023, et deuxième Oscar de la meilleure actrice pour Emma Stone, cette variation féministe inspirée du roman de Mary Shelley Frankenstein ou Le Prométhée Moderne est réjouissante à bien des égards. Drôle, provocatrice, visuellement splendide, entre univers baroque et belle époque post moderne, Pauvres Créatures coche toutes les cases d’un cinéma renversant.
31 janvier 2024
La Zone d’Intérêt (The Zone Of Interest), de Jonathan Glazer (105 mn), avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Jonathan Karthaus.
Le premier mot qui vient à l’esprit est glaçant. Cette adaptation du livre de Martin Amis, que l’on n’ose pas qualifier de roman, est d’une salubrité publique dérangeante. Illustrer le bonheur pimpant et insouciant d’une famille aux abords d’un camp de l’horreur comme si de rien n’était est d’une violence sourde qui laisse sans voix. Il rappelle en cela la sécheresse brutale du film Le Fils de Saul de László Nemes, non dans son propos mais dans la férocité du dispositif narratif.
Il est difficile voire impossible de dire j’ai aimé ce film. Nous ne sommes plus au spectacle mais bien face à un miroir qui interroge notre humanité avec un couteau dans la plaie. Lire la chronique de Patrice Gree
31 janvier 2024
Argylle, de Matthew Vaughn (140 mn), avec Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, Henry Cavill, John Cena, Richard E. Grant, Dua Lipa, Bryan Cranston.
Argylle est une des grandes popcorneries de l’année qui n’a hélas pas trouvé son public. C’est bien dommage, cette superproduction en forme de comédie d’action à la sauce pop sixties postmoderne est tout à fait jouissive.
D’autant plus que son scénario gigogne relève de la haute voltige narrative. Comment ne pas s’ébaudir face à des péripéties qui relèvent de l’acrobatie picturale tout autant que d’un délire narratif ? Lire ma chronique
28 février 2024
Dune : Deuxième Partie (Dune : Part Two), de Denis Villeneuve (166 mn)
avec Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Josh Brolin, Austin Butler, Florence Pugh, Dave Bautista, Christopher Walken, Léa Seydoux, Stellan Skarsgård, et Anya Taylor-Joy.
Après la pénombre bleutée de la première partie et son atmosphère sombre et tendue, place à l’éblouissement épique et rougeoyant de la deuxième partie. Le déploiement de l’action se lance dans une quête à même de virer à une nouvelle tyrannie. Paul Atreides (Timothee Chalamet), se révèle à lui-même et symbolise ce que le pouvoir absolu risque d’engendrer.
Bien sûr il y aura un troisième épisode et nous avons hâte de pouvoir dire voici la plus grande trilogie de science-fiction au cinéma. Lire ma chronique
20 mars 2024
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant de Ariane Louis-Seize (90 mn) avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante.
Attention petite merveille, avec un titre pareil, cette comédie horrifique aurait dû chatouiller la curiosité d’un public toujours aussi hagard. Ce petit bijou prend à revers le genre éculé du film de vampire. Le premier long métrage de Ariane Louis-Seize co-écrit avec Christine Doyon ne se contente pas de son originalité, il propose sous son statut de petite farce vampiresque une étonnante radiographie de notre époque. Au travers d’une adolescente mal à l’aise avec son obligation de chasser et tuer pour survivre, nous comprenons aisément que nous allons mal.
https://youtu.be/pfNlE9sq1X4?feature=shared
27 mars 2024
Los Delincuentes, de Rodrigo Moreno (190 mn)
avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino, German De Silva et Laura Parades.
Une intrigue au long cours pour cette livraison argentine de l’année. Deux hommes s’organisent pour dérober la banque dans laquelle ils sont employés afin de ne plus avoir à travailler. L’un va volontairement en prison en attendant de récupérer sa part; l’autre découvre la liberté. Chacun se retrouvera confronté à ses propres limites en tombant amoureux sans le savoir de la même femme.
Un scénario d’une grande originalité pour un propos existentiel qui interroge nos aliénations.
En sus pour les amateurs, la découverte de Pappo’s Blues, groupe de blues rock argentin des 70’s.
03 avril 2024
Sidonie au Japon, de Elise Girard (95 mn) avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl.
Une écrivaine se rend au Japon à l’occasion de la réédition de son plus grand succès. Jamais remise de son veuvage, confrontée à une culture dont elle n’a aucune connaissance, elle va peu à peu perdre pied.
Isabelle Huppert incarne avec justesse et sensibilité une femme désorientée au sein de codes sociaux qui lui sont hermétiques. Les apparitions fantomatiques de son mari disparu, vont peu à peu l’aider à se libérer et à renouer avec elle-même. Avec ce séduisant cinquième long métrage, hélas passé un peu à l’as, Elise Girard nous livre un élégant portrait de femme égarée au coeur d’elle-même. Lire la chronique de Patrice Gree
17 avril 2024
Civil War, de Alex Garland (109 mn)
avec Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny, Stephen McKinley Henderson, Jesse Plemons.
Un groupe de journalistes mettent leur vie en jeu pour obtenir une interview du président en traversant une Amérique gangrenée par la guerre civile. Une vision terrible des États-Unis telle qu’elle pourrait advenir entre deux camps qui s’entretuent et un troisième qui détourne le regard. Tout commence par un président qui s’offre un troisième mandat…
17 avril 2024
Borgo, de Stéphane Demoustier (118 mn) avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi.
Borgo est un des trois centres pénitentiaires corse. Après le brillantissime La Fille au Bracelet, Stéphane Demoustier s’inspire du double assassinat ayant eu lieu à l’aéroport de Bastia-Poretta le 5 décembre 2017.
Une matonne (Hafsia Herzi toute en retenue), accepte de renseigner un jeune ex détenu (la révélation du film Louis Memmi), qui l’entraîne dans un engrenage qui va la dépasser et lui attirer de gros ennuis.
La Corse et le système carcéral par le petit bout de la lorgnette.
24 avril 2024
Première Affaire, de Victoria Musiedlak (98 mn)
avec Noée Abita, Anders Danielsen Lie, Alexis Neises, François Morel, Louise Chevillotte, Andranic Manet.
Parmi les quatre premier film réalisés par une femme que je retiens cette année, celui-ci peut faire figure de petit poucet. Une toute jeune avocate fraîchement diplômée (Noée Abita candidate à la Révélation de l’année), doit assurer au pied levé la défense d’un jeune homme accusé d’un crime crapuleux. Directement propulsée dans le grand bain, une première affaire en forme de dépucelage professionnel et surtout un tremplin émancipatoire. Portrait réussi d’une jeune femme issu d’un milieu modeste qui confrontée à ses limites devra renoncer à certains idéaux. En filigrane la violence de l’apprentissage de la réalité de la justice. Judicieusement écrit, mis en scène sans maniérisme, un petit film qui a tout d’un grand.
Sinon au casting Andranic Manet que l’on retrouve partout cette année (Le Roman de Jim, Rabia, Quelques jours pas plus, La récréation de Juillet, Fario…)
01 mai 2024
Le Tableau volé, de Pascal Bonitzer (91 mn)
avec Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Laurence Côte, Alain Chamfort.
Au travers de l’histoire vraie d’une oeuvre d’art (Les Tournesols fanés d’Egon Schiele en référence à Van Gogh), spoliée par les nazis et retrouvée au cours de l’achat d’un viager, Pascal Bonitzer nous tient en haleine entre enjeux financiers et aventure humaine. Des liens naissent et se tissent entre des protagonistes n’ayant aucune accointance et issus de milieux diamétralement opposés.
Alors que d’autres se délitent, le tout avec pour fil rouge, les différents rapports au tableau retrouvé.
01 mai 2024
The Fall Guy, de David Leitch (125 mn) avec Ryan Gosling, Emily Blunt, Aaron Taylor-Johnson.
Après le popissime Bullet Train, David Leith était attendu au passage à niveau. Avec derrière lui une carrière de cascadeur (il fût doublure de Brad Pitt), The Fall Guy directement inspiré de la série L’Homme qui tombe à pic, devait l’envoyer sur orbite. Dommage, une billetterie en berne et une nouvelle injustice après Argylle. Pourtant tout est extrêmement jouissif dans ce film. Entre Ryan Gosling en casse-cou à la ramasse qui se fait malmener dans des scènes d’action anthologiques et Emily Blunt en réalisatrice dure à cuire, le tout sur un rythme effréné, nous en avons pour notre seau de pop corn.
Ne ratez pas cette superproduction bourrée jusqu’à la gueule de cinoche virevoltant.
22 mai 2024
Furiosa : une saga Mad Max (Furiosa : A Mad Max Saga), de George Miller (148 mn) avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke.
Heu comment dire ? Mad Max Fury Road, classé meilleur film d’action des années 2010 avait ravagé les mirettes et le cœur de millions de cinéphiles de par le monde.
Comment se fait -il que Furiosa son préquel débordant d’une folie jubilatoire se soit à ce point vautré dans les salles. C’est incompréhensible, il allonge la liste (je la tiens à votre disposition), de tant de films injustement boudé par ce public qualifié de grand alors que finalement il n’est que volatile et ingrat.
Furiosa se classe au sommet du cinéma de genre de ces années 2020. Lire ma chronique
12 juin 2024
Love Lies Bleeding, de Rose Glass (104 mn)
avec Kristen Stewart, Katy O’Brian, Ed Harris, Jena Malone, Anna Baryshnikov, Dave Franco.
Cette production A24, lorgnant sur les plates bandes des frères Coen, explore le film noir lesbien sur fond d’Amérique déglinguée. Love Lies Bleeding, dépeint un patriarcat particulièrement malsain enrobé d’un humour grinçant. Le tout doté d’une sensualité animale fiévreuse.
Ed Harris toujours parfait dans le rôle d’un père à la perversité en bandoulière.
19 juin 2024
Vice Versa 2 (Inside Out 2), de Kelsey Mann (96 mn)
avec les voix d’Amy Poehler, Kensington Tallman, Maya Hawke, Liza Lapira, Tony Hale, Lewis Black, Ayo Ediri et Adèle Exarchopoulos.
Pixar réussit à égaler sinon à dépasser la réussite du premier épisode. Tout le monde s’y retrouve, grands et petits, public et critique; résultat carton dans les salles plus de 8 millions d’entrées en France. Sans aucun doute l’un des films d’animation de l’année. Idée géniale que d’avoir recours à des émotions en forme de personnages pour illustrer la centrifugeuse adolescente.
26 juin 2024
Le Moine et le fusil (The Monk and the Gun), de Pawo Choyning Dorji (107 mn)
avec Tandin Wangchuck, Kelsang Choejay, Deki Lhamo, Pema Zangmo Sherpa.
Deuxième film et deuxième merveille, après L’École du bout du monde, pour ce réalisateur originaire du Bhoutan. En toute ingénuité, le vent de fraîcheur qui souffle sur ce film nous réconcilie avec l’humanité dans ce qu’elle a de plus authentique. Comment l’histoire improbable d’un fusil de la guerre de Sécession sert de fil conducteur à une leçon de vie aux racines ancestrales. À n’en pas douter un des petits bijoux cinématographiques de l’année. Lire ma chronique
03 juillet 2024
Les Fantômes, de Jonathan Millet (106 mn)
avec Adam Bessa, Tawfeek Barhom, Julia Franz Richter, Hala Rajab.
Ce premier film de Jonathan Millet, inspiré de faits réels, suit un jeune homme réfugié syrien qui s’applique à retrouver des criminels de guerre et autres tortionnaires exilés. Membre d’une organisation parallèle, il recherche l’homme qui l’a torturé dans la prison de Saidnaya et dont il n’a jamais vu le visage. Prenant de bout en bout, ce thriller sous tension nous plonge au cœur de notre actualité.
Quelques mois plus tard, la chute de Bachar El Assad et la confirmation au grand jour de l’horreur de son régime n’en n’est que plus effrayante.
03 juillet 2024
Pompo the cinephile, de Takayuki Hirao (94 mn) avec Hiroya Shimizu, Konomi Kohara, Ai Kakuma.
Ce film d’animation japonais est une adaptation du manga de Shogô Sugitani. Déjà célébré dans ces pages, il s’agit d’une fulgurante déclaration d’amour au cinéma. Au travers des multiples étapes et achoppements qui jalonnent l’élaboration d’un film, nous assistons à la célébration d’un esprit de solidarité au service de la réalisation d’un rêve.
31 juillet 2024
Highway 65, de Maya Dreifuss (108 mn) avec Tali Sharon, Idan Amedi, Sara von Schwarze.
Grand Prix 2024 du méconnu festival du film policier Reims Polar, ce troisième long métrage écrit et réalisé par la cinéaste Maya Dreifuss dresse un portrait sévère d’une certaine société israélienne. Dans une atmosphère particulièrement anxiogène, ce polar féministe ambitieux doté d’une mise en scène à l’os n’hésite pas à traduire le profond malaise qui traverse un pays partagé entre ancestralité sclérosante et refoulement malfaisant.
21 août 2024
Émilia Pérez, de Jacques Audiard (130 mn) avec Zoe Saldana, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez et Édgar Ramírez.
Après le ratage de la sélection aux Oscars 2024 de La Passion de Dodin Bouffant et la récompense humiliante pour le comité de sélection de Anatomie d’une chute pour le meilleur scénario, les jurés ont su cette année s’abstenir de choisir Le Comte de Monte Cristo et ses pratiquement 10 millions d’entrées, certes un bon film qui cependant aurait pu être le grand film qu’il n’est pas, mais c’est un autre débat.
En lieu et place ils ont choisi Émilia Pérez? de Jacques Audiard et oui trois fois oui ils ont bien fait. À mon sens il s’agit là de non seulement du meilleur (disons le plus abouti cinématographiquement) film de Audiard mais aussi très certainement du grand film français de l’année. Tout d’abord de par sa forme narrative ébouriffante, utiliser les codes de la comédie musicale au sein d’un thriller qui questionne l’identité bien sûr mais aussi la liberté et surtout ce qui n’a pas été, à ma connaissance en tout cas, assez dit, les origines de la violence.
De par l’ampleur de sa mise en scène Émilia Pérez, sa façon détournée de s’emparer d’un sujet telle que la transexualité aujourd’hui passablement polarisant pour en faire le vecteur d’un discours philosophique tout en exploitant de multiples genres de cinéma est un véritable feu d’artifice cinématographique. Le film sur une véritable rampe de lancement a déjà décroché quatre Golden Globes, ce qui augure du meilleur pour les Oscars. Et sinon à quand une récompense pour l’étonnante Selena Gomez. lire la chronique de Patrice Gree
28 août 2024
Septembre sans attendre (Volveréis), de Jonás Trueba (114 mn) avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Andrés Gertrudix.
Avec son septième film, Jonás Trueba retrouve sa muse Itsaso Arana pour une chronique douce amère autour d’un couple décidé à organiser une fête pour célébrer sa séparation après des années inamovibles de vie commune. Personnellement avec Eva en août (réalisé en 2019), Trueba m’avait déjà percuté de par sa façon aérienne et subtile de s’emparer d’un héritage partagé entre Almodovar et la saga Doinel de François Truffaut d’un point de vue féminin. Ici il ausculte avec sensibilité et retenue ce qui triture les enjeux contemporains de la vie d’un couple d’artistes. Il en ressort un constat, que les liens créés n’ont rien de miraculeux ce qui atteste de leur indéfectibilité.
25 septembre 2024
Megalopolis, de Francis Ford Coppola (138 mn),
avec Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Jon Voight, Laurence Fishburne, Talia Shire.
Pour beaucoup ce fut trop. Trop touffu, trop long, trop confus. Pourtant il s’agit là d’un acte de folie cinématographique en phase directe avec le propos proprement utopique du film. Comment imaginer que Francis Ford Coppola sorte 20 millions de dollars de sa propre poche pour n’avoir rien à dire. Une profonde mélancolie innerve Megalopolis, sans que jamais elle n’apparaisse si ce n’est au travers de la quête de son visionnaire. Une proposition de cinéma pour propager une foi de résistance et dire que rien n’est perdu, que tout est encore à faire.
Serait-ce possible que ce film cette année largement conspué puisse à l’avenir devenir un classique ? lire ma chronique
09 octobre 2024
Le Robot Sauvage (The Wild Robot), de Chris Sanders (102 mn), avec Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Kit Connor, Bill Nighy, Ving Rhames, Mark Hamill.
Concurrent direct de Pixar, Dreamworks a réussi cette année à égaler l’écurie de chez Disney. Tiré d’un ouvrage jeunesse de Peter Brown, cette adaptation a tout pour plaire au grand nombre. Drôle et touchant, le film fait la part belle à l’écologie mais surtout au vivre ensemble malgré toutes nos différences.
23 octobre 2024
Fario, de Lucie Prost (90 mn),
avec Finnegan Oldfield, Megan Northam, Florence Loiret Caille.
À nouveau un excellent premier film réalisé par une femme. Un discours écologique sans manichéisme poétiquement illustré. Entre panthéisme lumineux et une dimension fantastico-onirique, Fario mérite de figurer dans le peloton de tête des meilleurs premiers films de l’année. Un César serait amplement mérité tant le soin apporté à la mise en scène est raccord entre le fond et la forme. Lire ma chronique
30 octobre 2024
Anora, de Sean Baker (139 mn) avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yura Borisov.
Pour qui a vu au moins les trois films précédents de Sean Baker (Tangerine, The Florida Project et Red Rocket), sa palme d’or surprise peut faire figure d’aboutissement. Anora déploie la force de ceux qui n’ont qu’eux-mêmes pour survivre, subvenir à leurs besoins et tenter de trouver des moments de bonheur. Plongé dans un monde sans moralité, le personnage principal (Mikey Madison, éblouissante), prouve que devoir se battre pour exister forge notre humanité.
30 octobre 2024
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, de Gints Zilbalodis (115 mn).
Alors que vous pensez avoir déjà vu le meilleur de l’animation 2024, débarque de nulle part un chat confronté avec d’autres animaux à un cataclysme aquatique. Superbement animé, sous des influences des studio Ghibli sublimées, sans une parole, Flow le chat qui n’avait plus peur de l’eau est un classique instantané de l’animation mondiale. Après le César du Meilleur film d’animation pour Ma Famille Afghane en 2022, Sacrebleu Productions devrait mettre tout le monde d’accord à la prochaine cérémonie.
06 novembre 2024
Trois amies, de Emmanuel Mouret (117 mn)
avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Damien Bonnard, Grégoire Ludig et Vincent Macaigne.
Depuis au moins L’Art d’aimer en 2011, on attend chaque livraison de Emmanuel Mouret avec délice. Le sillon qu’il creuse, entre Marivaux et amours courtois, ne déçoit jamais. Ici il adopte le point de vue de trois femmes dont l’amitié résiste à tout. De la trahison réparatrice à la fidélité jusqu’au boutiste, le réalisateur passe en revue les sentiments et les liens de l’amitié et de l’amour à la façon dont un peintre étale les couleurs de sa palette.
27 novembre 2024
En Fanfare, de Emmanuel Courcol (94 mn), avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin et Sarah Suco.
Alors que mollement semble s’achever l’année cinématographique et que fleurissent les premiers bilans, meilleur ceci ou meilleur cela, voilà que débarque un film français susceptible de réconcilier le plus grand nombre.
Entre son duo d’acteurs, sa mise en scène sans fioritures ni afféterie, un montage quasi parfait (les ellipses sont remarquables de sens et de sobriété) et bien évidemment un propos social maîtrisé mais pas seulement, En Fanfare fait figure de grand film populaire au sens noble.
En prime, après le hold up de Raphaël Quenard l’année dernière, voici que Pierre Lottin prouve avec sa présence magnétique qu’il n’est pas un Tuche de plus. Lire plus par Patrice Gree
27 novembre 2024
Rabia, de Mareike Engelhardt (94 mn), avec Megan Northam, Lubna Azabal, Natacha Krief.
Un dernier premier film coup de poing encore réalisé par une femme; une terrible évocation de faits réels.
Deux jeunes filles lassées d’une existence morne et sans avenir, se laissent séduire par un embrigadement islamiste et s’expatrient pour rejoindre l’ex Califat de Daech. Leurs désillusions et leurs souffrances n’en seront que plus grandes. Par moment presque insoutenable, le film de façon insidieuse pose la question de ce que nous faisons d’une certaine jeunesse, qui sans repères, ni possibilité de se projeter trouve un échappatoire mortifère.
Calisto Dobson