Culture

Le carnet de lecture de Laure Baert, soprano léger, Festival de Sablé

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 19 août 2022

En parallèle de sa carrière de soprano léger, Laure Baert souhaite élargir les publics de la musique classique à travers de nouveaux formats d’expression mêlant musique et littérature et ses conseils artistiques pour le Festival de Froville et depuis janvier le Festival de Sablé (du 24 au 27 aout). Avec toute l’audace très raisonnée qui caractérise cette voix de tête.

De l’audace en musiques

En reprenant au pied levé la direction artistique du Festival de Sablé en début d’année, Laure Baert savait la nature de l’engagement qu’elle devait relever. Mais cette audace se retrouve tout le long de sa carrière de soprano léger dans ses prises de rôles, refusant les étiquettes en élargissant toujours son répertoire que dans les nouveaux formats de spectacles qu’elle a créé : Destins de femmes et D’âme nature (crée au Festival Notes d’automne en 2021) mêlant chants et textes.

Il lui a fallu moins d’un mois pour monter la programmation de l’édition 2022 du 24 au 27aout. Et trouver le bon équilibre entre la continuité de ‘l’esprit de Sablé’ l’un des fers de lance du mouvement baroque depuis 1978 et l’esprit d’ouverture qui la caractérise.
Le cocktail de cette « identité variable » pour prendre son joli mot qui la croque aussi, est à la hauteur de ses ambitions. D’autant que la conseillère artistique réussit aussi à imaginer des « chemins de surprises » à de nouveaux publics, notamment locaux qui sont à ses yeux le véritable défi de toute institution festivalière des années à venir.

Cet éclectisme raisonné dont elle assume la diversité, associe les plus grands chefs d’œuvre baroques par des interprètes de référence : le Mariage forcé de Molière ( par Les Malins Plaisirs, Le Concert Spirituel & Compagnie l’Éventail), les Variations Goldberg (Jean Rondeau) ou les Suites pour violoncelle de Bach (Emmanuelle Bertrand) , l’art des chœurs spatialisés (Léo Warynski, Métaboles), les plus belles pages instrumentales de Bach, Vivaldi, Haendel et Pachelbel  (Franck-Emmanuel Comte, Le Concert de l’Hostel Dieu)…

… Des voyages avec des artistes « transversaux »

Noëmi Waysfeld, Juliette Salmona & Louis Rodde associent Vivaldi à Barbara : « Des chants judéo-espagnols parfumés résonnent avec les duos de violoncelles de Vivaldi, jusqu’à poser bagage chez Barbara. La Serena offre une approche ouverte, libre et solaire de ces œuvres avec fidélité et modernité » revendique la nouvelle conseillère artistique.

Ou le Gabetta Consort qui fusionne le baroque et le tango ! « Interprétées par le formidable violoniste Andrés Gabetta, son ensemble et l’éblouissant bandonéoniste Mario Stefano Pietrodarchi, Les Quatre Saisons de Vivaldi s’entremêlent aux Cuatro Estaciones de Piazzolla ».

La dynamique des plus jeunes

Mais ce qui compte aussi à ses yeux, c’est adresser durablement les jeunes publics, avec un spectacle qui leur soit dédié : Le rossignol et l’Empereur de Chine, par l’ensemble La Rêveuse et la marionnettiste Cécile Hurbault répond à cette mission de séduction : « Tout en finesse, ombres chinoises et musique baroque accompagnent ce voyage au cœur de l’Asie. Cette création originale donne à entendre un flageolet d’oiseau, instrument oublié du XVIIIe siècle. De quoi faire rêver petits et grands ! »

Les convictions de Laure Baert trouvent dans cette première édition ses premières stimulantes dynamiques. Gageons que le mouvement engagé trouvera de nouveaux adeptes !
D’autant que les reprises de ses spectacles Destins de femmes et D’âme nature sont enfin annoncées pour la saison prochaine. Non, Laure Baert n’est pas prête à ses reposer sur ses lauriers.
Au contraire, elle compte toujours nous surprendre !

Le carnet de lecture de Laure Baert

Puccini, La Bohême,  : Jeune adolescente pianiste, je découvre l’opéra à travers ce film. C’est un univers absolument nouveau et féerique qui s’ouvre à moi : l’orchestre, la voix, le théâtre! Cette rencontre fut un choc qui m’a amené à le pratiquer et à découvrir ses trésors à l’Opéra de Lille – ma région natale- lors de productions formidables et de récitals d’exception (Dmitri Khorostovski, Kathleen Battle, Frederica von Stade, quatuor Alban Berg, Nikolai Luganski…). Des artistes inspirants qui ont forgé ma passion de chanter sur scène depuis une vingtaine d’années. C’est grâce à des programmations artistiques ambitieuses que se transmettent passion, émotion et parfois vocation !

« Camille Claudel» : une autre rencontre cinématographique qui fut révélatrice des engagements qui guident ma vie de femme, chanteuse et programmatrice. A travers le destin passionnant et déchirant de Camille Claudel, j’ouvre la page de la création au féminin : innombrable mais confidentielle… Je cherche alors avec gourmandise ces talents dans les domaines des arts, aviation, religion, science… En parallèle à mes rôles opératiques, je crée en 2008 à l’Opéra de Montpellier « Les Muses Créatrices « concert-lecture dédié aux mélodies ou lied de Rita Strohl, Lili Boulanger, Clara Schumann, Louise Farrenc en miroir avec des lettres autobiographiques de Camille Claudel, George Sand, Amelia Earhart, Mère Teresa… Puis en 2021 « D’Âme Nature» voit le jour, associant compositrices et compositeurs tels que Fauré, Strohl, Poulenc, Viardot, Massenet, Barbara… Cette transmission et la vibration sur scène de la mélodie française me paraît essentielle.

 «Vingt-quatre heures de la vie d’une femme» de Stefan Zweig: un roman d’une puissance enthousiasmante, poignant et passionné. Un état d’Âme impressionniste qui m’inspire car connecté à sa source, à son ressenti profond et à cette porte ouverte que la vie n’est que surprise à saisir. J’aime profondément l’idée et la réalité que tout est toujours possible à l’infini…

Étudiante à Paris, je découvre une exposition Vincent Van Gogh au Louvre. Le destin de cet homme m’émeut et son oeuvre me fascine par la puissance de ses couleurs indescriptibles et ses inspirations pleine de naturalisme : La Nuit étoilée, champs de blé aux corbeaux, les tournesols, ses autoportraits, ses paysages marins… on lit toute l’essence de la vie dans ses tableaux.

A 13 ans, je découvre les Variations Goldberg par Glenn Gould : Whaou!! Quelle œuvre, quel interprète, quelle liberté… Ma curiosité m’emmène sur tous les chemins de Bach puis de la musique baroque en général : tant de compositeurs inspirés, tant d’œuvres dont je me sens proche, tant d’interprètes qui la font vivre. La scène baroque est constituée de musiciens d’une folle imagination et modernité. Cette possibilité d’infini et de modernité que j’affectionne tant, je la retrouve instantanément dans les concerts baroques. Des ensembles reconnus aux jeunes ensembles, je suis heureuse de partager l’inépuisable inspiration de la musique baroque avec le public des festivals que je programme.

Pour suivre Laure Baert et le Festival de Sablé

Partager

Articles similaires

Le carnet de Lecture de Caroline Rainette, auteure et comédienne, Alice Guy, Mademoiselle Cinéma

Voir l'article

Le carnet de Dédicaces de Laure Favre-Kahn, pianiste

Voir l'article

Les Notes du blog ‘5, Rue du’, de Frédéric Martin, photographe existentialiste

Voir l'article

Le Carnet de Lecture d’Aurélien Lehmann, tap dancer

Voir l'article