Auteur : Patrice Gree
Article publié le 21 novembre 2023

La saison automne-hiver des Côtes-d’Armor vient d’ouvrir… Il était grand temps de troquer un slip de bain pour le cache-nez ! Le vent d’automne a chassé les derniers vacanciers, et la Bretagne, nue comme un vers de Prévert, peu frileuse et pas farouche, s’offre au spectaculaire lever du roi-soleil ! Patrice Gree revient de son séjour, d’une balade qui part de La Maison du Littoral à la pointe de Plougrescant autour de Guingamp ébloui. La beauté sauvage de ces paysages invite à trouver l’énergie nécessaire pour apprendre à soigner ce qui a été meurtri et protéger une nature source d’un magnifique imaginaire.

Regarde…ici la pierre est couleur du ciel.

La Bretagne, ce n’est pas un pays…c’est un tableau ! Un tableau qu’on admire, un tableau qui impose le silence !

Regarde…et tais-toi, imbécile et aveugle que tu es !

L’harmonieuse Armorique, dans son élégant manteau de feuilles d’or, nous fait oublier le soleil qui brûle la peau, expose cruellement aux rougeurs qui irritent nos chairs molles et blanches et te couche comme un pauvre désœuvré sans ambitions, sur le sable un peu froid, ma foi !
Place au vent tonique qui te brusque, te secoue, te relève, te baffe et t’ordonne de te mettre debout droit dans tes bottes en plastique jaune afin d’enfin faire face à tes responsabilités d’homme ! Sacré nom de Dieu !

«  Quelle est belle ma Bretagne sous la pluie », chantait le doux Caradec avant qu’il ne prenne cette maudite route sans retour ! Les climatologues d’aujourd’hui nous prédisent dans 20 ans une Bretagne provençale sous le cagnard et le pastis avé l’accent….
Mais quel malheur !

Profite du grand vent qui au large emporte tes nombreux soucis et comme un petit enfant malicieux et agaçant, te décoiffe.

Et si tu croises celui d’ouest, laisse le amicalement te pousser jusqu’à Plougrescant – et ne te trompe pas, fait attention c’est une région pleine de Plou -, traverse le village et demande aux passants de t’indiquer la maison du littoral.

C’est une petite maison sympathique, pas frileuse ni fier avec le touriste ignorant mais avide de savoirs sur les mystères de la nature et plus particulièrement celle qui longe «  le gouffre de la Baie d’Enfer » Un nom pareil allonge ton pas en excitant les papilles de ton imaginaire.

À La maison du littoral, on t’apprend à respecter cette nature sur laquelle l’homme, avec une constance effrayante, essuie ses pieds crottés dégueulasses depuis l’ère industrielle.

Le sentier qui borde la côte t’offre une vue spectaculaire sur une mer verte venant furieusement se déchirer sur les rochers impassibles.

Mais attention, interdiction de fouler certaines zones car des oiseaux y pondent leurs œufs ressemblant comme deux gouttes d’eau…à des galets, afin de les protéger des prédateurs. Pas folle la volaille ! Oh merveille de la nature et des stratégies animales pour survivre à ses dangers. Hors de question donc, de sortir du sentier ! Ici on apprend à soigner ce qui a été meurtris et à admirer la beauté sauvage des lieux. Comme dans une église…en silence !

Place au vent tonique qui te brusque, te secoue, te relève,… dans la lande des Côtes d’Armor Photo Patrice Gree

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