Dans le ventre des filles, de Tiphaine Dumontier (Grasset)

Dans un premier livre aux accents autobiographiques où se dévoile en creux la nécessité du geste d’écriture, Tiphaine Dumontier raconte « Dans le ventre des filles » (Grasset) la déflagration vécue par sa narratrice à l’annonce de la malformation d’un des deux fœtus dont elle est enceinte, et le long parcours, plein d’embuches mais vibrant de vie, qui s’ensuit.
« À un moment, j’ai réalisé que l’écriture, c’était mon omphalocèle à moi. C’était quelque chose qui était là, attaché à moi mais hors de moi, et que je devais à tout prix réussir à intégrer à ma propre vie« . Magistral
Lire plus par Anne-Sophie Barreau. 

Romans, d’Italo Calvino, édition d’Yves Hersant (La Pléiade, Gallimard)

Les Romans de Italo Calvino (1923 – 1985), auteur majeur du XXème siècle, sont de malicieux pièges qui démontrent que la lecture est une aventure en soi. Par une subtile mise en abyme du récit en train « de s’écrire » et « de se lire », l’écrivain italien pointe la projection que nous faisons entre nous et les figures de papier et de signes sous nos yeux, et fait participer notre intelligence à la création fictionnelle. Leur réédition dans La Pléiade (Gallimard), engage une vision du monde pour nous faire vivre, un passionnant voyage immobile. Lire plus par Jean-Philippe Domecq

L’envers des ombres, de Céline Navarre (Gallimard)

Parfois, les rencontres avec un livre se font par des hasards assez étranges, mais heureux. Celle que Frédéric Martin a faite avec L’envers des ombres, de Céline Navarre paru aux éditions Gallimard en 2023 a pris la forme d’un énigmatique post sur Instagram.
Attiré par le titre de l’ouvrage, il a suivi le fil de ce premier roman au style remarquable pour découvrir l’univers de l’autrice, parfois candide, parfois faussement naïf, mais toujours nourri d’une poésie tendre et délicate qu’accompagne une lucidité tragique.
Lire plus par Frédéric Martin.

Marc, et si c’était vraiment vrai ?, de Benjamin Stock (Éditions Rue Fromentin) – Prix de Flore 2025

Et si Marc Levy avait un message caché ? C’est le clin d’oeil hilarant de ce premier roman qui ne s’embarasse pas de concéssion au miliei littéraire. David Baumer est le fondateur d’une start-up parisienne qui ne le motive plus. Au cours d’un dîner entre copains, un serveur leur offre le champagne en précisant que c’est son dernier jour, qu’il va se suicider. Dès lors, quelque chose va basculer dans la vie des amis attablés.
David cherche lui aussi à donner un sens plus profond à sa vie, à la Vie. Sa rencontre avec l’une de ses nouvelles employées qui l’invite à des cercles secrets dont les membres sont tous adeptes de Marc Lévy, va lui faire prendre un tournant vertigineux puisqu’il y aurait un sens caché dans tous les romans de l’auteur de « Et si c’était vrai ? », que derrière les histoires souvent simples et les personnages se cachent des messages politiques et un appel à la Révolution.

Avec cette clé existentielle, malgré la présence de sa compagne Diane, David est de plus en plus radicalisé dans ce qu’il croit être son destin….

Tantôt drôle, tantôt touchant, tantôt dramatique, toujours mordant contre cette « post-vérité » qui s’infiltre partout jusque dans les romains de Marc Lévy !!  le premier roman de Benjamin Stock brasse large de ses 448 pages et dénonce en rafale les idéologies du moment : le relativisme, le développement personnel, le wokisme, et leurs intersectionnalités.

« Puisque la vie professionnelle devrait être une parodie miniature de la vie publique, il avait décrété que la notion même de « vérité » serait abolie dans les bureaux, car « on savait bien depuis Foucault » qu’elle n’était qu’une construction sociale. Ainsi plus aucun employé n’était autorisé à critiquer le point de vue d’un autre. Toute référence aux faits était bannie ».

David veut aussi combattre le capitalisme à tout crin, les élites dominantes jusqu’à la fin … que je ne révélerai pas.
Une chose est sûre, la gourmandise sauvage de ce récit dont on ne peut décrocher, donne envie soit de se replonger dans les livres de Marc Lévy pour les (re)lire autrement, soit de sortir des postures de salons. Revigorant. Patricia de Figueiredo

La 2nd chance de My Fair Book

Donner une seconde chance à des livres qui n’ont eu le temps de trouver leur public reste toute la promesse de la sélection My Fair Book.  Julie Rovero et Patricia Farnier les cofondatrices de cette dynamique d’économie circulaire partagent chaque mois une sélection hors-piste

Pour février, elles mettent en lumière: Attendez-moi métro République, de Hanan Ayalti (Éditions de l’Antilope), Entre la source et l’estuaire, de Grégoire Domenach (Le Dilettante), Voyous, de Doug Johnstone (Métailié) et La Vieille Dame qui voulait se jeter du rez-de-chaussée, de Bruno Boniface (ateliers henry dougier). Lire plus par My Fair Book!