Culture

Pierre Boudeville et Emmanuel Ménard mettent Les Brigands de l’Oya Kephale sur le droit chemin

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 4 mai 2023

Depuis janvier, la troupe lyrique de l’Oya Kephale répète Les Brigands d’Offenbach, sous la houlette bienveillante du chef de chœur et directeur musical Pierre Boudeville.  A force de répétitions dans une ambiance joyeuse, ces (très bons) musiciens amateurs peaufinent leurs talents pour emballer les six représentations du spectacle mises en scène par le comédien Emmanuel Ménard du 12 au 19 mai au Grand Théâtre Armande Béjart d’Asnières-sur -seine au profit de l’association Cours Antoine de Saint-Exupéry. Singulars a partagé l’enthousiasme de ces bénévoles mélomanes, le temps d’une répétition bien troussée.

Un repère insoupçonné de Brigands

Ce mercredi 26 avril, le rendez-vous était donné au 68 rue des Plantes dans le 14e. L’adresse correspond au vaste complexe d’immeubles à la fraicheur disparate de l’Association Notre Dame de Bon Secours. Instruments sur le dos ou affublé d’un béret, pièce de reconnaissance des futurs Brigands, des dizaines de jeunes gens convergent vers le bâtiment le plus moderne, où se cache la salle polyvalente de la « Résidence autonomie ». Le temps de la répétition hebdomadaire, le chef et directeur musical Pierre Boudeville devient le maitre du lieu et accueille sa troupe dans une ambiance festive : « La troupe créée en 1995 n’a toujours pas de salle à elle. Aussi elle est itinérante en fonction des partenariats tissés au fil des années.»

Dans la salle polyvalente de la Résidence de Notre Dame du Bon Secours,  la troupe d’Oya Kephale nourrit son plaisir de jouer et de chanter Photo OOlgan

La salle à l’éclairage plutôt froid et assez bas de plafond offre cependant une fois les chaises poussées un vaste espace, où un orchestre de chambre peut s’installer tout en laissant suffisamment de places aux choristes et solistes pour se déplacer selon les consignes du metteur en scène qu’ils connaissent bien. « Jusqu’à la générale, prévue le 11 mai, nous n’aurons aucune répétition dans la salle du Grand Théâtre Armande Béjart d’Asnières-sur -seine, précise un peu à regret le comédien Emmanuel Menard responsable de la mise en scène. Notre dernier filage pendant le week-end du premier mai s’effectue à Colombes. »

Les répétitions d’Oya Kephale pour les Brigands d’Offenbach ont commencé dés janvier Photo OOlgan

L’adaptation dans le renouvellement permanent

Les deux complices depuis décembre – une fois que le nom de l’opérette a été retenu et que le projet d’Emmanuel Menard a convaincu sur audition – ont pris en main le défi annuel d’Oya Kephale de monter en cinq mois pour six représentations Les Brigands d’Offenbach.

Les musiciens – chanteurs et instrumentalistes – sont recrutés sur audition soit en début d’année, ils participent alors au concert sacré de décembre, soit début janvier pour s’impliquer dans le spectacle scénique. Avec deux critères : un niveau à minima 3é cycle de conservatoire pour les instrumentistes, pour le chœur, l’exigence se situe ailleurs dans leur motivation à progresser, et leur disponibilité à respecter le planning de répétition, un jour par semaine et un week-end par mois. « Oya Kephale, je privilégie d’abord  l’approche humaine ; tous les musiciens sont d’abord là pour prendre du plaisir, je les guide dans cet esprit » insiste le chef de chœur.

La décontraction règne dans la répétition des Brigands sous l’œil du metteur en scène Emmanuel Ménard Photo OOlgan

Cette ambition collective pour la réussite d’une œuvre philanthropique a séduit le comédien et lever les obstacles pour s’engager dans cette prise de risque sans filet. « La troupe est d’un professionnalisme remarquable. » reconnait admiratif celui qui a déjà à son actif nombre de spectacles de textes théâtralisés. « D’autant que Les Brigands est aussi l’ opérette d’Offenbach où il y a le plus de rôles chantants, 24 que nous avons pris pour l’essentiel du chœur complétant quelques solistes en dehors de la troupe.  Ce qui nous fait un nombre de 36 chanteurs sur scène ! »

Offenbach par tradition pour Oya Kephale.
Son nom fait venir du monde. Le bouche à oreille est déterminant pour le remplissage de la salle,
et la somme collectée pour l’association retenue, cette année,
Cours Antoine Saint-Exupéry d’Asnières-sur-Seine.
Car tout le projet s’appuie – à part le chef et le metteur en scène défrayé – sur le bénévolat,
qui se charge aussi bien de tenir son rang musicalement et scéniquement, que de faire les costumes et la logistique.
Pierre Boudeveille, chef et directeur musical de l’Oya Kephale

Le chef nous quitte pour prendre en main la séance du jour. En quelques minutes, dans la pièce pleine de jeunes gens heureux de se retrouver, les rôles sont bien distribués et chacun trouve sa place. Les musiciens de l’orchestre ont fini de régler leurs instruments. Mais avant de commencer, tous se lèvent pour quelques gestes de respiration et de décontraction. Le chef au milieu de l’assemblée participe et guide en quelques mots ou parfois du piano l’exercice. L’ambiance se concentre ; chacun se tient prêt pour une nouvelle répétition qui les rapproche de plus en plus des représentations finales.  Quelques mesures de l’Ouverture de l’opérette, suffisent à l’orchestre pour s’accorder.

Pierre Boudeville et Emmanuel Ménard veillent au grain d’Oya Kephale avec leur répétition hebdomadaire Photo OOlgan

La séance peut commencer.

Déjà rodée par plus de 200 heures de répétition, l’orchestre prend vite sa vitesse de croisière alors que le premier tableau de met en place. Le dialogue du chef avec ses musiciens est incessant, toujours bienveillant. Mesures après mesure, l’ajustement se fait – malgré l’acoustique – entre chanteurs, chœur et musiciens. Souvent le metteur en scène en profite pour rectifier une pause, ou peaufiner un geste. Comme le chef, il donne à chacun en quelques chuchotements les outils techniques pour les uns pour se mettre dans la peau de leurs personnages, ou pour les autres, trouver le bon tempo sans se fatiguer.

Chaque geste est calé par Emmanuel Ménard (260457) Photo OOlgan

Le professionnalisme est effectivement de rigueur, même si l’orchestre ne peut s’empêcher lui aussi de rires des pitreries de leurs collègues chanteurs. « Au théâtre la fosse est parfaite pour Offenbach »  insiste Pierre Boudeville, rompu à l’exercice de « l’adaptation dans le renouvellement permanent. » depuis 2019.

Chaque Filage de la troupe Oya Kephale permet de peaufiner un travail de longue haleine Photo Olivier Lauriot dit Prevost

Près de 224 heures de répétitions pour partager son bonheur

Nous quittons cette ruche où personne ne cherche à tirer la couverture à soi, tant du coté de l’orchestre que des solistes. Nous sommes fascinés – et plutôt rassurés aussi quand certains annoncent la fin de la musique savante ou lyrique –  par l’engagement de chaque instant de ces musiciens bénévoles qui savent autant s’amuser que faire collectivement une œuvre musicale pleine de générosité, en y consacrant depuis janvier un jour par semaine, et un week-end par mois.

Depuis janvier, la troupe Oya Kephale peaufine son projet musical collectif au profit d’une association Photo Olivier Lauriot dit Prevost

Nous avons hâte de les retrouver dés le 12 mai pour la première des six représentations où tout le bonheur insufflé autour de ce projet musical collectif prendra alors tout son rayonnement.
Béret bas pour ces Brigands !

#Olivier Olgan

Pour suivre l’Oya Kephale

du 12 au 19 mai, 20h30, 14 et 19 mai, 17h, Les Brigands, d’Offenbach, au Grand Théâtre Armande Béjart, 16 place de l’Hôtel de Ville, 92600 Asnières-sur-Seine – Réserver

Le site Oya Kephale

Le site d’ Emmanuel Ménard

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