Culture

Laurent Coulondre, Victoire du Jazz 2020, rend hommage à son maître Michel Petrucciani

Auteur : Ezéchiel Le Guay
Article publié le 20 octobre 2020

[Découvrir la relève du jazz] Chaque année depuis 1985, les Victoires du jazz consacrent la vitalité d’un genre qui sait se renouveler comme en témoigne le stimulant documentaire diffusé le 24 octobre dans Passages des Arts (France 5). Le pianiste Laurent Coulondre est primé dans la catégorie Artiste instrumental, ex aequo avec Paul Lay, pour son album Michel on My Mind ; un magnifique hommage à son maître Michel Petrucciani.

Le 6 janvier 1999, le plus grand pianiste français de jazz s’éteignait.

Il n’avait que 36 ans, mesurait moins d’un mètre et était atteint d’ostéogenèse imparfaite, dite ‘maladie des os de verre’. Son nom : Michel Petrucciani. « Je ne veux faire pleurer personne » disait-il au lieu de se laisser accabler par une maladie qui le faisait souffrir en permanence. Le pianiste en a fait une force, de joie de vie et de créativité inouïes comme en témoigne lors de son passage chez Steinway à Hambourg

Un jeu est à l’image de sa vie : vigoureux et intense.

Même s’il décide d’imposer un rythme effréné à son improvisation, chaque note est jouée avec une grande clarté. Elle ne se dissout pas dans ensemble brumeux où tout se confond, elle ressort avec force. Les mélodies sont enveloppées par une couverture rythmique infaillible et pleine de swing. Il déploie son jeu avec une technique impeccable à la main droite comme à la main gauche ; les deux pouvant jouer en totale autonomie (Cf. 4 légendes pour aimer le jazz). Il est maintenant plus simple de comprendre pourquoi il fut le premier non-américain à enregistrer chez Blue Note Records (lien) ou encore pourquoi il fut invité à jouer devant le Pape Jean-Paul II en 1997.

En guise d’illustration de son génie,  voici une de ses nombreuses interprétations du mythique Caravan de Duke Ellington :

La fascination de Laurent Coulondre

Le 6 janvier 1999, Laurent Coulondre âgé de 10 ans apprend la mort de ce pianiste dont il ne connait même pas le nom. Pour l’initier, ses parents lui offrent alors son premier album de jazz : Michel Plays Petrucciani. Cette rencontre est un choc, une révélation. Il l’écoute en boucle, sans jamais s’en lasser. L’idée de devenir lui-même musicien émerge alors dans son esprit. Il est frappé par toute son énergie et sa vitalité qui en ressort.

20 ans plus tard, la relève

Laurent Coulondre, déjà sacré « Révélation de l’année » aux Victoires du Jazz en 2016 lui rend hommage avec un album, Michel on My Mind. Le pianiste réinterprète 13 compositions de Petrucciani et y glisse une de ses compositions, qui donne son titre à l’album.

Invité au micro d’Alex Dutilh dans l’émission Open Jazz en septembre 2019, Laurent Coulondre reconnait à quel point le défi fut immense, mais comme Dutilh, nous partageons la réussite de cet album d’« être fidèle sans être une copie ».
Coup de chapeau à un artiste de 30 ans qui reste dans l’esprit de Petrucciani tout en apportant une vraie touche personnelle !
Le résultat est bluffant, comme en témoigne par exemple cette reprise de September Second, un des morceaux les plus connus. On sent bien l’influence prégnante qu’a eue Petrucciani sur son jeu. Mais on sent aussi que Laurent Coulondre s’envole vers de de nouveaux horizons, vers un style un peu plus fluide, avec des notes plus liées, moins staccato mais qui ne trahissent pas l’esprit de son maître.

Pour suivre Laurent Coulondre et Michel Petrucciani

Le site de Laurent Coulondre

Le lien Spotify vers sa discographie et l’album Michel on My Mind 

Prochains concerts :

Michel on My Mind
13 novembre 2020, WITH SLY JOHNSON « TRIBUTE TO MARVIN GAYE », New Morning, Paris

A lire :

  • Michel Petrucciani de Benjamin Halay (Carpentier, 2011)

A voir :

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